La marine indienne envisage de renoncer à son projet de porte-avions doté de catapultes

L’été dernier, le porte-avions indien INS Vikramaditya, acquis auprès de la Russie, a été rejoint par l’INS Vikrant, un navire construit par l’industrie locale selon la même configuration STOBAR [Short Take-Off But Arrested Recovery], c’est dire qu’il est doté d’un plan incliné et de brins d’arrêt pour faire décoller et récuperer ses avions embarqués, en l’occurence des MiG-29K.

Selon les plans de New Delhi, l’Indian Navy devrait posséder un troisième porte-avions, appelé INS Vishal [Indigenous Aircraft Carrier 2 ou IAC-2]. Mais à la différence des deux premiers, celui-ci devrait être équipé de catapultes et de brins d’arrêt [configuration CATOBAR], à l’image de ceux en service au sein de la Marine nationale et de l’US Navy [et, bientôt, de la composante navale de l’Armée populaire de libération].

D’où, d’ailleurs, le programme MRCBF [Multi Role Carrier Borne Fighters], lequel prévoit l’acquisition chasseurs embarqués pouvant être mis en oeuvre depuis un porte-avions doté d’un plan d’incliné ou de catapultes. Au départ, l’Indian Navy voulait se procurer 57 appareils… Mais cette cible a depuis été revue à seulement 26. Pour rappel, le Rafale Marine de Dassault Aviation et le F/A-18 Super Hornet de Boeing se disputent ce marché.

Cela étant, comme il est question de construire un porte-avions de plus de 60’000 tonnes, pour un coût deux fois plus élevé que celui de l’INS Vikrant, soit plus de cinq milliards d’euros, le projet IAC-2 attire les critiques… certains estimant que les investissements qu’il exige seraient mieux employés s’ils étaient destinés à renforcer la flotte de sous-marins ou à acquérir des missiles de croisière supplémentaires.

Tel est ainsi le cas de l’Air Marshal M Matheswara, un ancien responsable militaire indien désormais à la tête de la Pininsula Foundation, un groupe de réflexions spécialisé dans les relations internationales. « Certains membres du gouvernement considèrent le troisième porte-avions comme un ‘éléphant blanc’ terriblement cher. Ils soutiennent que l’Inde peut difficilement se permettre de telles dépenses sur une seule plate-forme alors que de nombreuses autres exigences exigent une attention immédiate », avait-il fait valoir, en octobre 2020. Et de faire observer que la construction de cet IAC-2 prendrait beaucoup trop de temps…

Cependant, l’Indian Navy estime qu’elle a besoin de trois porte-avions, afin de pouvoir disposer de deux groupes aéronavals prêts à appareiller à tout moment. Il s’agirait ainsi de pouvoir répondre aux activités des forces navales pakistanaises et chinoises dans les environs de l’Inde et de prendre en compte l’importance sans cesse croissante des enjeux maritimes.

Sur ce point, à l’occasion d’une conférence de presse donnée à la veille de la journée de la marine, la semaine passée, le chef d’état-major de l’Indian Navy, l’amiral R. Hari Kumar, a affirmé qu’il y avait en permanence entre quatre et six navires militaires de l’APL dans la région de l’océan Indien, sans compter « quelques navires de recherche » et un « grand nombre de bateaux de pêche » chinois, qui ne font pas toujours qu’appâter le poisson.

« Notre travail consiste à veiller à ce que les intérêts de l’Inde dans le domaine maritime soient protégés. Et à cet égard, nous les surveillons et les suivons de près », a souligné l’amiral Kumar.

En tout cas, il n’est pas question pour l’Indian Navy de faire une croix sur son troisième porte-avions… En revanche, elle va réduire sans ambitions. S’agissant de l’IAC-2, « nous travaillons toujours sur sa taille et ses capacités », a répondu l’amiral Kumar à une question sur ce sujet. Mais « pour l’instant, nous l’avons suspendu car nous venons de mettre en service l’INS Vikrant, dont nous sommes assez satisfaits », a-t-il ajouté.

Aussi, a conclu le chef de l’Indian Navy, « nous regardons si nous devrions pas envisager la commande d’un autre IAC-1 », c’est à dire d’un porte-avions similaire à l’INS Vikrant. Cependant, aucune décision n’a été prise pour le moment, a-t-il dit, après avoir souligné que la construction de l’INS Vikrant avait permis d’acquérir « beaucoup de savoir-faire » et conduit à la « création d’un grand nombre de moyennes entreprises ».

Quant au programme MRCBF, l’amiral Kumar a indiqué que les rapports établis à la suite des évaluations du Rafale Marine et du F/A-18 Super Hornet étaient toujours en cours d’examen. Mais pour lui, « l’avenir de l’aviation navale indienne est le TEDBF [Twin Engine Deck Based Fighter], un chasseur embarqué en cours de développement chez Hindustan Aeronautics Ltd [HAL]. « Un prototype est attendu d’ici 2026-27 et la production devrait commencer vers 2032 », a-t-il avancé.

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