Dassault Aviation annonce un accord avec Airbus au sujet de l’avion de combat du SCAF

Cette fois, c’est la bonne! Après deux annonces faites prématurément par le ministère allemande la Défense et Elisabeth Borne, la cheffe du gouvernement français, le Pdg de Dassault Aviation, Éric Trappier, a confirmé, ce 1er décembre, un accord avec les filiales allemande et espagnole d’Airbus au sujet de la phase 1B relative au développement de l’avion de combat de nouvelle génération [NGF – New Generation Fighter], lequel constitue le pilier n°1 du Système de combat aérien du futur [SCAF].

Pour rappel, le désaccord entre Dassault Aviation, maître d’oeuvre du pilier n°1, et Airbus avait été mis sur la place publique en février 2021, à l’issue d’un conseil franco-allemand. À l’époque, la chancelière Angela Merkel avait estimé que les industriels allemands devaient « être à un niveau satisfaisant » par rapport à leurs homologues français, tant au niveau de la proprété intellectuelle que du partage des tâches.

Par la suite, le Bundestag [chambre basse du Parlement allemand] se fit prier pour voter l’enveloppe de 1,2 milliard d’euros nécessaire au lancement de la phase 1B du SCAF. Et l’Arrangement d’application n°3 [IA3] fut signé par les trois pays concernés en août 2021… malgré les désaccords persistants entre Dassault Aviation et Airbus.

Ayant estimé avoir déjà fait beaucoup de concessions, l’avionneur français n’entendait rien céder sur les leviers censés lui permettre d’exercer la maîtrise d’oeuvre pour laquelle il avait été désigné en sa qualité de « meilleur athlète ». Qualité contestée par Michael Schoellhorn, le Pdg Airbus Defence & Space Gmbh, en particulier dans le domaine des commandes de vol, qui est pourtant l’un des points forts de Dassault Aviation.

À plusieurs reprises, M. Trappier évoqua un évetuel « plan B » en cas d’échec des discussions. Sans doute était-ce aussi un moyen de mettre la pression sur Airbus… Toujours est-il qu’un accord a fini par être trouvé, d’après ce qu’il a confié lors d’un entretien accordé au quotidien Le Figaro [propriété de Dassault, ndlr], ce 1er décembre.

« Il y a eu des pressions de toutes parts. Nous en avons mis. Nous en avons subi. Mais tant que l’accord industriel n’était pas conclu, il était prématuré de l’annoncer », expliqué M. Trappier. Et les intérêts de Dassault Aviation ont été préservés.

« Nous avons obtenu toutes les garanties pour ouvrir une nouvelle phase de ce qui est, je le rappelle, une phase d’études amont et pas encore un programme », a-t-il pris soin de préciser. « Nous sommes confirmés dans notre rôle de maître d’oeuvre et d’architecte de l’avion et nous avons obtenu la protection de notre savoir-faire industriel et de nos technologies », a-t-il ajouté.

En clair, a détaillé M. Trappier, « la propriété des travaux à réaliser en commun sera partagée, mais les technologies et le savoir-faire qui nous appartiennent ne le seront pas ». Aussi, s’est-il félicité, « c’est un accord gagnant-gagnant pour toutes les parties ».

Quoi qu’il en soit, cet accord devra encore être validé par les trois gouvernement des trois partenaires, ce qui devrait être fait sans tarder, sauf coup de théâtre de dernière minute. En outre, il permettra aux industriels de « consommer » les 3,6 milliards d’euros prévus pour la phase 1B, laquelle doit donner lieu à un démonstrateur censé voler en… 2029 [et non plus 2027, comme il en était question au départ].

Mais ce projet n’est sans doute pas au bout de ses peines… Car rien ne dit que le Bundestag sera d’accord pour financer les étapes suivantes, d’autant plus qu’il a déjà prévenu qu’il veillerait sur les intérêts des industriels allemands. Et cela vaut aussi pour le Parlement français. Dans le cadre des débats sur le projet de loi de finances 2023, le Sénat examinera un amendement qui, adopté par sa commission des Finances, demande de « rester ferme sur certains points d’intérêt national essentiels, tels que la capacité à fournir des équipements et systèmes d’armes répondant au degré d’autonomie dans l’action ».

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