Varsovie suggère de transférer à Kiev le système de défense aérienne Patriot que lui a proposé Berlin

La semaine passée, après la chute sur la localité polonaise de Przewodów d’un missile tiré par une batterie S-300 présumée ukrainienne, Berlin proposa à Varsovie d’envoyer des avions de combat Eurofighter EF-2000 patrouiller au-dessus de la Pologne ainsi que des moyens supplémentaires pour renforcer sa défense aérienne.

Et, le 21 novembre, le ministre polonais de la Défense, Mariusz Blaszczak, a dit avoir accepté la proposition de Christine Lambrecht, son homologue allemande, de « déployer des batteries Patriot supplémentaires » dans son pays. Et de préciser son intention de placer un tel système près de la frontière avec l’Ukraine.

Pour rappel, la Pologne a attend la livraison de quatre batteries Patriot PAC-3 commandés auprès des États-Unis dans le cadre du programme Wilsa et a l’intention d’en acquérier six autres. En outre, les forces américaines disposent déjà de deux unités sur le sol polonais, lequel, par ailleurs, accueille également l’un des deux sites AEGIS Ashore du bouclier antimissile de l’Otan.

Quoi qu’il en soit, peu après l’annonce de M. Blaszczak, l’état-major ukrainien a vu dans ce déploiment d’un système Patriot à la frontière polonaise une opportunité de renforcer la défense de la partie occidentale de l’Ukraine contre les missiles russes. Ce qui serait de nature à impliquer directement l’Otan dans la guerre… Un pas que celle-ci ne veut pas franchir.

Cela étant, Varsovie a visiblement changé d’avis au sujet de cette offre allemande… En effet, deux jours après l’avoir acceptée, M. Blaszczak a proposé que le système Patriot en question soit finalement transféré en Ukraine. Et cela alors qu’une nouvelle vague de missiles russes venait de s’abattre sur les infrastructures critiques ukrainiennes.

« Après de nouvelles attaques aux missiles russes, j’ai demandé à la partie allemande que les batteries Patriot proposées à la Pologne soient transmises à l’Ukraine et qu’elles soient installées à la frontière occidentale », a en effet déclaré le ministre polonais, dans la soirée du 23 novembre, via Twitter. « Cela permettra de protéger l’Ukraine contre de nouvelles pertes et des coupures d’électricité, et renforcera la sécurité à notre frontière orientale », a-t-il ajouté.

Plus tôt, Jarosław Kaczyński, vice-président du Conseil des minsitres polonais et président du PiS, le parti majoritaire, avait qualifié « d’intéressante » la proposition allemande… avant d’estimer « personnellement » que ce système Patriot devrait plutôt être remis à Kiev pour être déployé dans l’Ouest de l’Ukraine.

En clair, cette contre-proposition polonaise n’est en réalité qu’une manière polie de refuser l’offre de Berlin… Car, comme l’a rappelé Mme Lambrecht, les batteries Patriot allemandes « font partie de la défense aérienne intégrée de l’Otan et sont destinés au territoire de l’Otan ». Et, a-t-elle ajouté, « si elles doivent être déployées en dehors du territoire de l’Otan, il faudrait d’abord en discuter avec les Alliés ».

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