L’Allemagne a finalement l’intention de retirer ses troupes de la mission de l’ONU au Mali en 2024

Après la Suède, le Bénin et l’Égypte, le Royaume-Uni et la Côte d’Ivoire ont récemment fait part de leur décision de retirer, en 2023, leurs troupes engagées au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali [MINUSMA], dont la tâche est rendue compliquée par les autorités maliennes de transition ainsi que par la présence, dans le pays, du groupe paramilitaire russe Wagner.

Évidemment, de telles décisions ne peuvent que rendre plus incertain l’avenir de la MINUSMA, dont le mandat a été renouvelé d’un an en juin dernier. Étant parmi les plus importants contributeurs de cette mission, tant en termes d’effectif que de capacités, l’Allemagne a cependant décidé de maintenir ses troupes au Mali jusqu’en mai 2024, malgré l’avis de Christine Lambrecht, sa ministre de la Défense.

En effet, la semaine passée, un responsable allemand a confié à l’AFP que le retrait des militaires allemands aurait lieu d’ici la fin de l’année 2023, ce qui laissait entendre que le mandat voté en mai dernier par la Bundestag pour autoriser cette mission ne serait sans doute pas renouvelé. Mais, selon la presse d’outre-Rhin, cette annonce a donné lieu à des tensions au sein de la coalition gouvernementale dirigée par le chancelier Olaf Scholz.

Ainsi, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock [Écologiste, ndlr], s’est opposée à un retrait de la Bundeswehr du Mali, expliquant que son rôle au sein de la MINUSMA reste nécessaire pour protéger les civils. En outre, elle a fait valoir qu’un tel départ « porterait atteinte à la réputation internationale de l’Allemagne » et serait de nature à affecter l’influence de l’Allemagne au Sahel… et donc à laisser le champ libre à la Russie, via le groupe Wagner.

Favorable à un retrait du Mali – une position qu’elle a d’ailleurs affirmée peu avoir avoir pris ses fonctions – Mme Lambrecht [SPD] a insisté pour mettre un terme à cette mission au plus tôt, en soulignant les difficultés et autres tracasseries rencontrées par les militaires allemands sur le terrain. En outre, et au-delà du risque d’attaque, ceux-ci ont eu quelques démêlés avec les forces armées maliennes, comme en novembre 2021, quand une de leurs patrouilles a été la cible de tirs maliens alors qu’elle revenait à Gao.

« La mission principale de la Bundeswehr au Mali est la reconnaissance. Et pour cela nous utilisons entre autres des drones comme moyens de reconnaissance [dont le Heron 1 ndlr]. [Or], le dernier vol d’un Heron 1 a eu lieu le 11 octobre 2022. Après cette date, les autorités maliennes n’ont plus accordé […] à la MINUSMA les autorisations de vol pour cet appareil. Cela a évidemment des conséquences sur l’exécution de la mission – qui s’en trouve considérablement réduite », a ainsi expliqué un porte-parole du ministère allemand de la Défense, lors d’un point presse, le 16 novembre.

Quoi qu’il en soit, Mme Lambrecht a donc perdu son bras de fer avec sa collègue des Affaires étrangères. Le 22 novembre, le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit, a fait savoir que Berlin a édécidé de proposer au Bundestag [chambre basse du Parlement] de prolonger pour la dernière fois d’un an, en mai 2023, le mandat de l’intervention de la Bundeswehr au Mali, afin que cette intervention prenne fin de manière structurée, après dix ans ». Et d’ajouter qu’il s’agit aussi de tenir compte des prochaines élections maliennes, prévues en février 2024.

Cependant, rien ne dit que la MINUSMA sera encore en place à cette échéance. Déjà privée de l’appui que pouvait lui fournir la force française Barkhane, le retrait de plusieurs contingents, qui plus est affectés à des tâches bien précises, elle aura du mal à mener à bien ses missions, sauf à trouver de nouvelles contributions.

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