Otan : Quatre Rafale de la 30e Escadre de chasse s’apprêtent à s’envoler vers la Lituanie
La seule et unique fois que des Rafale ont été engagés dans la mission Baltic Air Policing remonte à mai 2014. À l’époque, quatre avions de ce type, appartenant aux escadrons 1/7 « Provence » et 2/30 « Normandie Niémen » avaient été déployés à Malbork [Pologne] pendant quelques semaines, au titre des mesures dites de « réassurance » prises par l’Otan au bénéfice des pays de la Baltique, après l’annexion de la Crimée par la Russie.
Généralement, l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] engage des Mirage 2000-5 du groupe de chasse 1/2 Cigognes pour ce type de mission. En mars dernier, peu après le début de la guerre en Ukraine, quatre appareils ont été déployés à Ämari [Estonie] jusqu’au 1er août. Durant cette mission, ils ont effectué 684 heures de vol en 479 sorties… Et assuré une quinzaine de décollages sur alerte [alpha scramble] pour intercepter et identifier des aéronefs russes.
Dans le même temps, des Rafale ont régulièrement décollé de leur base de Mont-de-Marsan pour des missions de type « Air Shielding » au-dessus de la Pologne, toujours dans le cadre de l’Otan.
Cela étant, et comme l’a annoncé Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, à l’occasion d’une audition au Sénat, début octobre, des Rafale seront de nouveau engagés dans la mission Baltic Air Policing [encore appelée « opération enhanced Air Policing » [eAP], plus de huit ans après leur déploiement en Pologne.
En effet, selon un communiqué diffusé par le ministère des Armées, quatre Rafale de la 30e Escadre de chasse s’envoleront depuis Mont-de-Marsan pour rejoindre Šiauliai, en Lituanie, où ils relèveront les JAS-39 Gripen C de la force aérienne hongroise.
« Il s’agit de la 9e participation de l’armée de l’Air et de l’Espace à cette mission et du 6e déploiement en Lituanie », rappelle le ministère. « Le déploiement d’eAP agit comme une force dissuasive et défensive sur le territoire lituanien, en intervenant en appui des forces lituaniennes, notamment dans le cadre de nombreuses activités opérationnelles », a-t-il expliqué.
Et de souligner que, « en engageant des moyens de haut niveau et en maintenant une activité opérationnelle régulière dans la région, la France montre qu’elle est impliquée dans les mesures d’assurance sur le flanc Est-européen, pour la protection et la sécurité de l’espace aérien ».
Lors d’un audition à l’Assemblée nationale, le chef d’état-major de l’armée de l’Air [CEMAAE], le général Stéphane Mille, a donné les raisons pour lesquelles les Mirage 2000-5 étaient jusqu’alors désignés pour être déployés dans les pays baltes.
« Nous veillons à ne pas user prématurément nos appareils, tout en prenant en compte les besoins exprimés par l’Otan. Concrètement, nous avons fait le choix, dans un premier temps, de maintenir les Rafale en métropole et de ne projeter que des Mirage 2000-5 à l’est de l’Europe. Pourquoi? Parce qu’un avion envoyé à l’extérieur est utilisé à 100 % pour cette mission. C’est par conséquent un avion qui nous manque pour la formation de nos pilotes alors que […] vingt-quatre de nos Rafale ont été cédés », a expliqué le CEMAAE.
Aussi, a-t-il continué, « dès lors qu’on nous demande moins de douze sorties par semaine, je préfère faire décoller les avions depuis la métropole, plutôt que de les déployer à l’Est ». Mais comme il s’agit de renforcer le dispositif de l’Otan sur son flanc oriental, le choix du Rafale s’est finalement imposé.
Les quatre Gripen hongrois que les Rafale français vont relever à partir du 1er décembre ont assuré 275 heures de vol pour un total de 225 missions, dont 18 « alpha scramble » pour identifier et accompagner des avions militaires russes. « Leur attitude n’est pas amicale mais elle n’est pas non plus agressive », a commenté le lieutenant-colonel Attila Ványik, le chef du détchement de la force aérienne hongroise. À noter que celui-ci a opéré, depuis octobre, aux côtés de quatre F-16 polonais.
Photo : armée de l’Air & de l’Espace