Otan : L’Allemagne va déployer des systèmes de défense aérienne Patriot dans l’est de la Pologne

La semaine passée, après la chute d’un missile S-300 présumé ukrainien dans les environs de la localité polonaise de Przewodów, située à une dizaine de kilomètres de l’Ukraine, l’Allemagne a proposé dans la foulée d’envoyer des avions de combat Eurofighter EF-2000 afin de renforcer les patrouilles aériennes au-dessus de la Pologne, puis d’y déployer des capacités de défense aérienne.

« Les avions n’ont pas besoin d’être déplacés en Pologne pour cela. Les patrouilles peuvent être effectuées à partir des bases de la force aérienne allemande [Luftwaffe, ndlr] », a ensuite précisé Christian Thiels, le porte-parole du ministère allemand de la Défense, le 16 novembre.

Cette proposition concernant les EF-2000 de la Luftwaffe a pu surprendre étant donné que l’Otan mène des missions de type « Air Shielding » dans l’espace aérien polonais depuis le début de la guerre en Ukraine. D’ailleurs, l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] y prend part, avec une à deux vols effectués chaque semaine par des Rafale et/ou des avions de détection et de contrôle E-3F « AWACS ».

En outre, toujours dans le cadre de l’Otan, des Eurofighter italiens sont actuellement déployés à Malbork [nord de la Pologne] et des F-22A Raptor de l’US Air Force ont pris leurs quartiers à Lask [centre]. Ces moyens renforcent évidemment ceux de la force aérienne polonaise, qui dispose de F-16 [et de MiG-29].

Quant aux capacités polonaises de défense aérienne, celles-ci ont été renforcées par deux batteries Patriot PAC-3 déployées par les forces américaines en mars dernier. Et, alors qu’elle accueille l’un des deux sites anti-missiles AEGIS ASHORE de l’Otan à Redzikowo, la Pologne attend la livraison de quatre systèmes Patriot dans le cadre de son programme Wisla et prévoit d’en commander six autres exemplaires.

Quoi qu’il en soit, et après s’être entretenu avec Christine Lambrecht, son homologue allemande, le ministre polonais de la Défense, Mariusz Blaszczak, a dit avoir accepté l’offre faite au sujet des systèmes Patriot, via Twitter, le 21 novembre. Et cela alors que la Pologne n’a pas rejoint l’initiative European Sky Shield, lancée par l’Allemagne dans le cadre de l’Otan afin de renforcer la défense aérienne des pays volontaires.

« Avec satisfaction, j’ai accepté la proposition de la ministre allemande de la Défense de déployer des batteries Patriot supplémentaires dans notre pays », a affirmé M. Blaszczak. « Lors de ma conversation téléphonique avec la partie allemande aujourd’hui, je proposerai que le système soit stationné près de la frontière avec l’Ukraine », a-t-il ensuite précisé, sans avoir un mot sur d’éventuelles patrouilles aériennes de la Luftwaffe dans le ciel polonais.

L’Allemagne dispose de douze batteries Patriot, mises en oeuvre par le Flugabwehrraketengeschwader 1 [FlaRakG 1 ou Escadron de missiles anti-aériens 1]. Au moins une a déjà été déployée en Slovaquie, afin de remplacer le système de facture russe S-300 que ce pays a livré à l’Ukraine.

Cela étant, l’état-major ukrainien a saisi la balle au bond, voyant dans ce déploiement de systèmes Patriot près de la frontière l’opportunité de renforcer la protection de l’ouest de l’Ukraine contre la menace des missiles russes.

« Depuis le début de l’invasion de la Russie, nous avons demandé au monde entier de nous protéger, de fermer notre ciel, de nous fournir des armes et des avions. Nous voulons vraiment que cela se produise. Au moins sur cette partie du front, nous aurons en quelque sorte nos cieux protégés par ces systèmes », a en effet déclaré Yuri Ignat, le porte-paroles des forces ukrainiennes.

Seulement, il ne s’agit que d’un voeu pieux… étant donné que l’interception éventuelle d’un missile russe par une batterie Patriot allemand au dessus du territoire ukrainien marquerait une implication de l’Otan dans le conflit… Toutefois, sans aller jusque-là, il est possible que le radar de ce système puisse partager des informations avec la défense aérienne ukrainienne, sans avoir à engager de cible.

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