Airbus Defence & Space veut aider Korea Aerospace Industries à vendre ses avions de combat en Europe

Le 18 novembre, le ministère allemande de la Défense a annoncé qu’un accord venait d’être trouvé entre Dassault Aviation et Airbus au sujet de l’avion de combat de nouvelle génération [NGF, New Generation Fighter], c’est à dire sur le pilier n°1 du Système de combat aérien du futur, un programme mené par la France en coopération avec l’Allemagne et l’Espagne. Et cela après des mois de blocage…

Dans la foulée, Airbus a confirmé cette information, laquelle a été saluée par le ministère espagnol de la Défense… En France, l’Élysée a diffusé un communiqué – seulement auprès des agences de presse – pour se féliciter d’un « accord sur le point d’être conclu ».

Et pour cause : selon Challenges, les discussions ne sont pas encore terminées. « 98% des sujets sont réglés, mais Dassault ne signera pas si les 2% restants ne sont pas résolus », a confié un familier du dossier à l’hebdomadaire. Et d’y voir une « tentative allemande de tordre le bras à la France » car « si Berlin, mais aussi l’Elysée, avaient voulu énerver Dassault, ils ne s’y seraient pas pris autrement ».

En tout cas, Dassault Aviation n’a pas encore fait de commentaire officiel… Pas plus que le ministère français des Armées. On notera, au passage, que lors d’un entretien diffusé le même jour par LCP, le Pdg de l’avionneur français, Éric Trappier, a évoqué, à plusieurs reprises, la nécessité d’avoir toujours un « plan B »…

Quoi qu’il en soit, le 16 novembre, l’agence de presse Yonhap a rapporté que Michael Schoellhorn, le Pdg d’Airbus Defence & Space, venait de rencontrer Lee Chang-yang, le ministre sud-coréen de l’Industrie, pour évoquer les « moyens de de stimuler la coopération dans les secteurs de l’aviation, de l’espace et de divers autres secteurs de la mobilité ».

Pour rappel, les relations entre le groupe Airbus et la Corée du Sud sont très bonnes… avec des coopérations nouées avec Korean Aerospace Industries dans le domaine des hélicoptères [tant civils que militaires] ou encore la vente de quatre avions ravitailleurs A330 MRTT à la force aérienne sud-corénne [RoKAF].

Mais, visiblement, il s’agit d’aller encore plus loin. « Airbus a proposé une ‘stratégie gagnant-gagnant’ d’exportation d’avions sud-coréens vers les pays d’Europe occidentale, à la lumière de son accord avec la Pologne concernant la vente d’avions d’attaque légers FA-50 et de l’essai de vol réussi de son avion de combat KF-21 », a en effet expliqué le ministère sud-coréen du Commerce, de l’Industrie et de l’Energie.

« [le ministre] Lee a salué la proposition concernant les ventes potentielles d’avions militaires sud-coréens en Europe occidentale », a-t-il précisé.

En outre, M. Schoellhorn a promis qu’Airbus étudierait la possibilité d’ouvrir un centre de recherche et de développement d’Airbus en Corée du Sud, celle-ci souhaitant « renforcer la coopération dans les domaines de l’aviation de nouvelle génération ».

Pour rappel, l’été dernier, la Pologne a commandé 48 chasseurs légers F/A-50 « Golden Eagle » à Korea Aerospace Industries pour environ trois milliards d’euros. Jamais le constructeur sud-coréen n’avait obtenu un tel succès sur le marché européen…

Le choix de Varsovie en faveur de cet appareil – qui plus est supersonique – paraît logique. Doté d’un d’un radar à antenne active [AESA] dérivé du modèle AN/APG-83 américain, il permetta à la force aérienne polonaise de trouver des synergies avec ses F-16C/D Block 52+ [comme par exemple au niveau de la liaison de données]. En outre, ces F/A-50 pourront aussi être utilisés pour la formation de ses pilotes, le M346 Master de Leonardo ne lui ayant pas donné pleinement satisfication…

D’ailleurs, en voulant faciliter les ventes du F/A-50 en Europe, Airbus Defence & Space pourrait marcher sur les plates-bandes de l’industriel italien… Mais cette approche serait aussi de nature à faire de l’ombre à son programme AFJT [Airbus Future Jet Trainer], dévoilé en octobre 2020 afin de répondre aux besoins de l’Espagne en matière d’avions d’entraînement.

Une autre question soulevée par cette éventuelle coopération entre Airbus Defence & Space et KAI porte sur le KJ-21 Boramae, un chasseur-bombardier de génération 4,5 en cours de développement. Sur ce point, le communiqué du ministère sud-coréen est vague : il parle d’une proposition sur des « ventes potentielles d’avions de combat »… Le Boramae en fait-il partie? Et quel(s) retour(s) le groupe européen pourrait-il en attendre?

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