Un navire « océanographique » militaire russe s’attarde au large de l’Écosse

Le 20 octobre dernier, les 23’000 habitants de l’archipel des Shetland, situé au nord du Royaume-Uni et dont les eaux sont riches en pétrole, n’ont plus eu d’accès à la plupart des réseaux de télécommunications en raison d’une rupture du câble sous-marin en fibre optique SHEFA2, lequel les relie à l’Écosse et aux îles Féroé. Et cela alors qu’un autre câble avait été endommagé, dans la même région, quelques jours plus tôt.

Hasard ou pas, il se trouve que, quasiment au même moment, le navire « Akademik Boris Petrov », mis en oeuvre par l’Institut russe d’océanologie PP Shirshov, a été repéré en mer du Nord. Et, selon les données AIS [Système d’identification automatique] qui permettent de suivre le trafic maritime, ce bâtiment à vocation « scientifique » aurait quitté Kaliningrad trois jours plus tôt et suivi des câbles sous-marins, avant de passer au large de la base navale de Faslane, qui abrite les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de la Royal Navy. Depuis, il a mis le cap vers le Brésil.

Évidemment, la présence d’un navire équipé pour l’étude des fonds marins dans les environs des îles Shetland peu après la rupture du câble SHEFA2 a de quoi éveiller les soupçons.

Quoi qu’il en soit, le nord de l’Écosse semble intéresser particulièrement Moscou puisqu’un autre navire russe de recherche océanographique, « l’Amiral Vladimirsky » [projet 852], a également été repéré près des îles Shetland. C’est en effet ce que rapporte le blog « The Auxiliary Shipping Forecast« , qui s’appuie sur les données AIS.

Ce navire de plus de 9’000 tonnes, spécialisé dans les études sous-marines, et qui est le dernier d’une classe qui en a compté six exemplaires, ne relève ni de l’Institut PP Shorshov, ni de la Direction principale de la recherche en eaux profondes [GUCI], soupçonnée de s’intéresser de trop près aux infrastructures sous-marines. En effet, basé habituellement à Cronstadt, il est rattaché à la flotte russe de la Baltique.

Selon les données AIS, l’Amiral Vladimirsky a appareillé le 4 novembre. Après avoir quitté le golfe de Finlande, il a traversé la zone économique exclusive [ZEE] suédoise, croisant au large de l’île – stratégique – de Gotland. Puis, il a ensuite mis le cap vers le lieu de l’explosion ayant endommagé le gazoduc Nord Stream 2, au nord-est de l’île de Bornholm, avant de quitté la mer Baltique, trois jours après son départ.

En mer du nord, où il est passé à proximité des champs pétroliers et gaziers, l’Amiral Vladimirsky est entré dans le Moray Firth, baie située dans le nord-est de l’Écosse. Puis il a navigué à environ 30 nautiques au large de Lossiemouth, ville qui abrite une base de la Royal Air Force [RAF].

Ce n’est pas la première fois qu’un bateau militaire russe est répéré dans le Moray Firth. Le 31 octobre 2020, par exemple, le « Viktor Leonov », navire dédié au renseignement électronique, et le pétrolier-ravitailleur « Sergey Osipov » y avaient été surveillés par le patrouilleur britannique HMS Tynes. Il fut expliqué qu’ils avaient cherché à se protéger de la tempête « Aiden », qui venait alors de balayer le Royaume-Uni. Seulement, une fois le coup de tabac passé, ils y restèrent plusieurs jours…

Par ailleurs, l’Amiral Vladimirsky s’est déjà approché des côtes britanniques par le passé. En décembre 2017, il avait été tenu à l’oeil par la Royal Navy alors que plusieurs autres navires russes – dont la frégate « Amiral Gorchkov », naviguaient dans la ZEE du Royaume-Uni.

Cela étant, avec la guerre en Ukraine et les mauvaises relations entre Londres et Moscou, la présence, pendant plusieurs jours, de l’Amiral Vladimirsky à seulement 30 nautiques des côtes écossaises n’a rien d’anecdotique. D’autant plus qu’on ne connaît pas la nature exacte de sa mission.

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