Le drone spatial militaire américain X-37B est revenu sur Terre, après 908 jours passés en orbite

Le 17 mai 2020, le drone spatial militaire X-37B, alors passé sous le contrôle de la nouvelle US Space Force, décollait de Cap Canaveral grâce à une fusée Atlas V pour sa sixième mission depuis 2010. Et la question était de savoir combien de temps il resterait en orbite… On a désormais la réponse : il vient en effet d’atterrir en Floride, après 908 jours passés dans l’espace.

Pour rappel, issu d’un précédent programme appelé X-40, le X-37B a été conçu par la division Phantoms Works de Boeing. Ayant l’allure d’une mini-navette spatiale, il mesure 8,38 m de long pour une envergure de 4,57 m et une hauteur de 2,9 m. Propulsé par un moteur Pratt&Whitney Rocketdyne, il a affiche une masse à vide d’environ 5 tonnes.

Officiellement, et grâce à un module de service, le X-37B est utilisé pour « tester et valider » de nouvelles technologies. Mais, pour la plupart, ses activités en orbite sont confidentielles alors qu’il a été établi qu’il a la capacité de manoeuvrer et donc de changer d’altitude pour échapper aux curieux. Cela « frustre nos adversaires » et « nous savons que cela les rend fous », avait ainsi admis Heather Wilson, ex-secrétaire à l’US Air Force, lors de l’édition 2019 du Forum sur la sécurité d’Aspen [Colorado].

Toutefois, et afin, sans doute, de ne pas donner trop de prise aux spéculations, le Pentagone a livré quelques détails sur la nature des expériences menées à son bord. Ainsi, lors de sa cinquième mission, qui dura 789 jours, il avait indiqué que le X-37B allait mettre en orbite de « petits satellites » et embarquer une charge utile appelée « Advanced Structurally Embedded Thermal Spreader », afin d’éprouver des systèmes électroniques [non spécifiés] ainsi qu’un dissipateur thermique. Il aurait même été utilisé pour tester un moteur ionique, plus puissant et moins gourmand en énergie que les propulseurs chimiques, ainsi que de nouveaux matériaux.

En tout cas, le X-37B bat des records de temps passé dans l’espace à chacun de ses vols. Depuis son premier lancement, en 2010, il aura ainsi évolué en orbite pendrant près de dix ans.

Lors de la mission qu’il vient d’achever, ce drone spatial a de nouveau permis de tester « certains matériaux » et d’évaluer le rayonnement cosmique sur des semences de végétaux. Deux expériences qui auraient très bien pu effectuées à bord de la Station spatiale internationale [ISS]… Mais sans doute auront-elles été trop « confidentielles » pour cela…

En outre, le X-37B a également placé sur orbite le micro-satellite FalconSat-8 de l’US Air Force Academy [il s’agit d’une « plateforme éducative », a expliqué le Pentagone] et mis en oeuvre un système expérimental qui, développé par le Naval Research Laboratory, consiste à capter l’énergie solaire et la renvoyer vers la Terre sous la forme d’un faisceau laser ou de micro-ondes afin de produire de l’électricité. Un tel principe avait été imaginé par l’écrivain Isaac Asimov [voir la nouvelle « Raison »], avant d’être théroisé par Peter Glaser, dans les années 1960.

Probablement que le X-37B a servi à d’autres expériences. Ainsi, quelques mois avant sa sixième mission, le Pentagone avait dit vouloir connecter le drone spatial à ses avions de combat de 5e génération [F-35 et F-22].

Connecter le X-37B aux F-22 et F-35 donnerait « la capacité d’opérer dans tous les domaines » et « cela inclut le partage d’informations pendant les missions de guerre », avait avancé un responsable de l’US Air Force, sans livrer plus de détails.

Par ailleurs, dans un rapport sur les activités spatiales de défense, Oliver Becht et Stéphane Trompille, alors députés, avaient émis l’hypothèse que le X-37B pouvait être utilisé comme « arme anti-satellite, engin de renseignement spatial ou plateforme d’emport et de lancement de charges militaires ».

Quoi qu’il en soit, selon le lieutenant-colonel Joseph Fritschen, directeur du programme X-37B, « la capacité de mener des expériences en orbite et de les ramener à la maison en toute sécurité pour une analyse approfoncdie s’avère précieuse » pour le Pentagone et la communauté scientifique. « L’ajout du module de service sur OTV-6 [désignation du drone spatiale pour sa sixième mission, ndlr] nous a permis d’héberger plus d’expériences que jamais », a-t-il dit.

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