Pour la première fois depuis 1953, Pyongyang a tiré un missile vers les eaux territoriales sud-coréennes

Depuis maintenant plusieurs semaines, la tensions ne cessent de monter entre la Corée du Sud et la Corée du Nord, notamment au niveau de leurs frontières terrestre [zone démilitarisée, DMZ] et maritime [Ligne de limite Nord, NLL].

Ainsi, le 13 octobre, après avoir lancé plusieurs missiles, dans le cadre d’un exercice ayant consisté à « vérifier et à évaluer [sa capacité de dissuasion et de contre-attaque nucléaire, la Corée du Nord, a envoyé, pour la seconde fois en l’espace de quelques jours, des avions de combat à proximité de la DMZ. Ceux-ci ont franchi une « ligne de reconnaissance », située à 25 km de la frontière avec la Corée du Sud. En réponse, cette dernière en a fait de même, en faisant décoller une trentaine d’aéronefs, dont des chasseurs-bombardiers F-35A.

Puis l’armée nord-coréenne a ensuite tiré plus de 170 obus depuis ses côtés ses côtes est et ouest, en direction d’une zone tampon établie en 2018 avec Séoul afin de prévenir tout incident en mer. Par la suite, Pyongyang a prétendu que cette démonstration de force visait à répondre à un exercice d’artillerie sud-coréen qui, mené près de la frontière, aurait duré au moins dix heures. C’est « un avertissement sévère aux militaires sud-coréens qui attisent la tension militaire dans la zone de la ligne de front par leurs actions irréfléchies », a alors fait valoir l’état-major nord-coréen, cité par l’agence officielle KCNA.

Dix jours plus tard, un cargo nord-coréen a franchi la NLL près de l’île de Baengnyeong, avant de faire demi-tour après des tirs de semonce de la marine sud-coréenne. « Les provocations continues du Nord et ses revendications irréfléchies sapent la paix et la stabilité de la péninsule coréenne et de la communauté internationale », a ensuité dénoncé Séoul.

Mais Pyongyang a aussitôt répliqué en affirmant qu’un navire de la marine sud-coréenne s’était aventuré au-delà de la NLL, obligeant ainsi les « unités de défense du littoral ouest » de ses forces armées à tirer « dix obus de lance-roquettes multiples en direction des eaux territoriales ».

« L’incursion du navire marchand et les tirs d’artillerie du Nord démontrent l’absence de consensus concernant la Ligne de limite du Nord », a alors commenté Cheong Seong-chang, chercheur à l’Institut Sejong, auprès de l’AFP. « Le Nord pourrait plus tard tenter de la rendre caduque avec en toile la confiance qu’il aura, sur un plan militaire, en son arsenal nucléaire tactique », a-t-il estimé.

Cela étant, par le passé, plusieurs incidents de ce type ont eu lieu entre les deux Corées. Et certains ont été autrement plus graves, comme en 2010, avec le torpillage [présumée] de la corvette sud-coréenne Cheonan [46 tués et le bombardement nord-coréen de l’île de Yeonpyeong. Toutefois, la tension entre Pyongyang et Séoul est encore montée d’un cran, ce 2 novembre, avec un fait inédit depuis l’armistice de 1953.

En effet, selon Séoul, et alors qu’a débuté l’exercice « Vigilant Storm », mené conjointement par les forces sud-coréennes et américaines, avec plus de 240 aéronefs et que le sous-marin nucléaire d’attaque USS Key West fait escale à Busan, la Corée du Nord a tiré une dizaine de missiles en direction de la mer du Japon et de la mer Jaune.

Seulement, l’un de ces engins, lancé depuis un site se trouvant dans les environs de la localité nord-coréenne de Wonsan, est tombé à 26 km au sud de la NLL, à 57 km au large de la ville sud-coréenne de Sokcho et à 167 km au nord-ouest de l’île d’Ulleung, ce qui déclenché une alerte aérienne. « Le point de chute est situé tout près des eaux territoriales sud-coréennes », relevé l’agence de presse Yonhap.

« L’un des missiles tirés par le Nord aujourd’hui est retombé pour la première fois depuis la division près de nos eaux territoriales au sud de la NLL », a expliqué l’état-major sud-coréen. « Notre armée ne peut jamais tolérer cet acte de provocation de la Corée du Nord et y répondra fermement en coopération étroite avec les États-Unis », a-t-il assuré.

Peu après, des chasseurs-bombardiers F-15K et KF-16 de la force aérienne sud-coréenne [RoKAF – Republic of Korean Air Force] ont, à leur tour, tiré trois missiles guidés air-sol vers les eaux internationales situées au nord de la NLL.

De son côté, le président sud-coréen, Yoon Suk-yeol, a dénoncé une « provocation nord-coréenne », qu’il a qualifée « d’invasion territoriale de fait ». Ayant convoqué une réunion du Conseil national de sécurité, il a également ordonné des mesures « rapides et sévères afin que les provocations de la Corée du Nord paient un prix fort ».

Visiblement, Pyongyang n’entend pas en rester là… puisqu’après avoir lancé ses missiles, son artillerie a effectué, depuis Kosong, une centaine de tirs vers la zone tampon maritime.

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