Pour la première fois, l’US Air Force a fait voler un avion ravitailleur KC-46A Pegasus sans co-pilote

En mai dernier, un avion ravitailleur KC-46A Pegasus de la 22e Escadre de ravitaillement en vol [ARW] de l’US Air Force [USAF] a établi un record d’endurance avec un vol ayant duré un peu plus de 24 heures. L’objectif de l’Air Mobility Command [AMC] était de collecter des données sur la faisabilité ainsi que sur les risques et les avantages potentiels d’une telle mission, laquelle a mobilisé six pilotes et trois opérateurs de perche.

Mais c’est une toute autre expérience que vient d’effectuer l’AMC, avec un KC-46A de la 22nd ARW. En juillet, celui-ci avait fait part de son intention de réduire les équipages de ses avions ravitailleurs, en supprimant le poste de co-pilote. Ce qui suscita de nombreuses critiques, exprimées via les réseaux sociaux.

En effet, pour ses détracteurs, une telle décision ne pouvait qu’être préjudiciable à la sécurité des vols, d’autant plus que le KC-46A souffre toujours d’importants défauts de conception [notamment au niveau de du « Remote Vision System », c’est à dire le système de caméras permettant de contrôler avec précision les opérations de ravitaillement en vol, nldr], ce qui pèse d’ailleurs sur les comptes de Boeing.

Mais cet argument a depuis été balayé par le général Mike Minihan, le chef de l’AMC. « Je ne pense pas que les pilotes de chasse soient les seuls à avoir le droit de piloter un avion en solo », a-t-il en effet affirmé lors de l’Air, Space & Cyber Conference, en septembre.

D’où les deux vols d’essai effectués le 25 octobrer dernier, avec un équipage réduit à un pilote et à un opérateur de ravitaillement en vol à bord d’un KC-46A Pegasus. Cependant, un pilote instructeur a aussi pris place à bord de l’appareil… mais en qualité d’observateur.

Dans le détail, le premier vol a consisté à une sorte de « prise en main » du KC-46A avec une telle configuration. Puis, après un débriefing, il a été suivi immédiatement d’un second, avec un « profil de mission complet », c’est à dire avec un ravitaillement en vol.

À noter qu’un autre « Pegasus », avec un équipage complet, a été impliqué dans cette expérimentation, afin de founir une assistance si nécessaire.

« Cette mission a été largement préparée avec les simulateurs de vol. […] Chaque phase de l’évaluation a été soigneusement étudiée, en tenant compte de la sécurité de l’équipage, des capacités de l’avion et des normes fédérales en matière d’aviation. Cela nous a permis de faire une analyse approfondie des risques et des obstacles à surmonter et de voir comment on pourrait les atténuer », a commenté le colonel Nate Vogel, le commandant du 22nd ARW.

Pour l’AMC, réduire l’équipage de ses avions ravitailleurs permettrait de limiter… les pertes humaines en cas de conflit étant que ce type d’appareil est considéré comme faisant partie des plus vulnérables face aux missiles adverses. Du moins était ce l’un des arguments avancés en juillet dernier. Un autre est qu’une telle configuration permettrait de gagner en souplesse et d’augmenter la fréquence des sorties en cas de besoin sur 24 heures. Et, accessoirement, cela répondrait au déficit chronique de pilotes au sein de l’USAF…

Cela étant, ce concept d’équipage réduit pourrait s’appliquer à d’autres avions mis en oeuvre par l’AMC. À commencer par les C-130J Hercules, pour lesquels un algorithme d’intelligence artificielle – appelé « Merlin Pilot » – est envisagé pour remplacer le copilote.

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