Londres confirme le déploiement de deux MiG-31K russes et de missiles hypersoniques Kinjal en Biélorussie

Peu avant la début de la guerre en Ukraine, le 24 février, la présence de chasseurs MiG-31K, a priori armés du missile hypersonique Kh-47M2 Kinjal [ou Kinzhal], avait été signalée dans l’enclave russe de Kaliningrad, coincée entre la Lituanie et la Pologne.

Pour rappel, faisant partie des six « armes invicibles » et « stratégiques » dévoilées par le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, en mars 2018, le Kinjal [code Otan : AS-24 « Killjoy »] est un missile aérobalistique, dérivé de l’Iskander. Doté d’une ogive à fragmentation de 500 kg ou d’une tête nucléaire, il peut frapper une cible à 2000 km de distance. Aussi, le déploiement de MiG-31K à Kaliningrad mettait alors la plupart des capitales européennes à sa portée.

Si, à l’époque, il n’avait rien dit au sujet de ce déploiement, le ministère de la Défense a fini par annoncer, le 18 août dernier, que trois MiG-31K « équipés de missiles hypersoniques Kinjal », venaient d’être « déplacés vers l’aérodrome de Chkalovsk, dans la région de Kaliningrad ». Et de préciser qu’ils seraient maintenus en alerte 24 heures sur 24.

Depuis, Moscou et Minsk ont décidé de créer un « groupement militaire régional » commun, en prenant le prétexte d’une « aggravation de la situation aux frontières occidentales de l’Union [russo-biélorusse] ». Et à cette fin, le ministère biélorusse de la Défense a annoncé l’arrivée, en Biélorussie, de « 9000 soldats russes » et « d’environ 170 chars ». Mais selon le site Gazeta.ru, des MiG-31 étaient aussi attendus.

Évidemment, et alors que la bataille de Kherson [sud] s’annonce, Kiev redoute une offensive russe menée depuis la Biéolorussie… alors que les infrastructures stratégiques ukrainiennes [électricité, distribution d’eau, etc] sont désormais régulièrement visées par Moscou.

Quoi qu’il en soit, l’information de Gazetu.ru vient d’être confirmée par le renseignement britannique, imagerie satellitaire à l’appui.

En effet, dans le point de situation qu’il a publié ce 1er novembre, le ministère britannique de la Défense [MoD] affirme qu »au moins deux MiG-31K étaient déployés, le 17 octobre, sur la base aérienne de Machulishchy, située près de MInsk, dans le centre de la Biélorussie. En outre, il fait état de la présence de caisses suffisamment grandes pour transporter des missiles Kh-47M2 Kinjal.

Comme le souligne le MoD, c’est la première fois que ce type de missile est déployé en Biélorussie, « probablement » pour en envoyer un message à l’Occident et souligner l’implication de plus en plus importante de Minsk dans la guerre.

Par ailleurs, qu’il soit déployé à Kaliningrad ou à Machulishchy, le missile Kinjal a toujours les capitales européennes à sa portée… La différence tient sans doute à une plus grande marge de manoeuvre pour les MiG-31K. En outre, ce mouvement vers la Biélorussie ne procure qu’un avantage limité s’il s’agit de frapper des cibles sur le territoire ukrainien. Telle est, en tout cas, l’estimation du MoD.

D’autant plus que les frappes menées contre des objectifs ukrainiens avec des missiles Kinjal n’ont pas eu d’effet significatif sur le cours de la guerre, comme l’a relevé le colonel David Pappalardo, dans le dernier numéro de la revue Vortex, de l’armée de l’Air & de l’Espace.

« La Russie a annoncé le 19 mars avoir utilisé pour la première fois son missile balistique aéroporté Kh-47M2 Kinjal tiré par un MiG-31 modernisé contre un dépôt de munitions en Ukraine. Là encore, la communication s’est essentiellement focalisée sur la nature hypervéloce de cette munition à des fins d’intimidation et de signalement stratégique vers l’Otan. Pour autant, le Kinjal n’est pas une arme de rupture conférant à la Russie une avantage opérationnel significatif dans la guerre en Ukraine. Il ne s’agit au contraire que d’une adaptation du missile balistique sol-sol Iskander M, déjà tiré à de nombreuses reprises depuis le début du conflit pour créer des effets militaires similaires », a en effet écrit le colonel Pappalardo.

En réalité, le caractère stratégique du Kinjal relève surtout de la charge militaire qu’il emporte… alors qu’il peut parcourir 2000 km en moins de dix minutes, ce qui le rend difficile à contrer.

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