Un ancien pilote de chasse américain arrêté en Australie pour ses liens présumés avec la Chine

La semaine passée, le Royaume-Uni a fait part de sa détermination à mettre un terme au recrutement par la Chine d’anciens pilotes de chasse ayant servi au sein de ses forces armées. Ce phénomène ne concerne pas les seuls Britanniques, dont une trentaine auraient franchi le pas en acceptant de juteuses rémunérations allant jusqu’à 240’000 livres sterling par an. En effet, d’autres pays occidentaux sont visés, comme l’Australie [qui a annoncé l’ouverture d’une enquête à ce sujet], le Canada [qui en a fait autant] et la France.

Selon des informations avancées par le site spécialisé Intelligence Online en mai dernier, le recrutement d’anciens pilotes de chasse occidentaux par le compte de l’Armée populaire de libération [APL] se ferait par l’intermédiaire de la société sud-africaine « Test Flying Academy of South Africa ». Ce qu’a confirmé un ancien de l’aéronavale française auprès du quotidien Le Figaro.

« L’offre était très alléchante. Ils cherchent des instructeurs qualifiés pour l’appontage sur porte-avions », a expliqué cet ex-officier. En effet, le contrat qui lui fut proposé par cette filière sud-africaine de recrutement prévoyait une rémunération de 20’000 euros par mois, nette d’impôts pour former des pilotes chinois durant trois ans. Une offre que cet ancien pilote de Super Étendard Modernisé [SEM] a déclinée. « J’ai failli tenter l’aventure. Ce n’est pas une opportunité courante d’avoir un chasseur entre les mains, et là, on me propose le manche d’un J-11 », a-t-il confessé.

D’autres n’ont pas eu les mêmes scrupules car, selon Le Figaro, plusieurs anciens pilotes français « ont opéré en Chine ces dernières années », dont un ayant servi au sein des Forces aériennes stratégiques [FAS].

A priori, l’APL cherche surtout des instructeurs pour former les pilotes de son aviation embarquée. Avec bientôt trois porte-avions en service, ses besoins en la matière sont importants, d’autant plus que l’un de ces navires – le CNS Fujian – a une configuration CATOBAR [catapultes et brins d’arrêt, ndlr], comme ceux mis en oeuvre par la Marine nationale et l’US Navy.

Aussi, les anciens de la marine américaine ou de l’US Marine Corps [USMC] devraient constituer une « cible » de choix. Pourtant, l’ancien officier sollicité par Le Figaro a estimé que les « Américains sont hors de portée de la Chine car leurs services secrets sont extrêmement vigilants ». Vraiment?

En tout cas, ils ne l’ont pas été pour Daniel Edmund Duggan. Cet ancien pilote instructeur de l’USMC, aujourd’hui âgé de 54 ans, a été arrêté à Orange, Nouvelle-Galles du Sud [Australie], le 21 octobre dernier, à la demande des autorités américaines. Selon Reuters, il s’est vu refuser une remise en liberté sous caution. Et son affaire devrait être examiné en novembre par un tribunal de Sydney, qui aura à décider de son éventuelle extradition vers les États-Unis.

Si les détails de cette arrestation n’ont pas précisé officiellement, une source a confié à l’agence de presse que Daniel Duggan était recherché par le FBI [police fédérale américaine] en raison de ses liens avec la Chine.

Après avoir quitté l’USMC, en 2002, Daniel Duggan s’est installé en Australie, où il a fondé une entreprise appelée « Top Gun Tasmania ». Celle-ci a ensuite recruté d’anciens pilotes miltaires américains et britanniques, afin de proposer des vols en avion de chasse. Puis, en 2014, il a revendu son affaire pour déménager en Chine, où il est devenu directeur général d’AVIBIZ Limited, une société de conseil spécialisée dans le domaine aéronautique qui a cessé ses activités en 2020.

Pour le moment, la nature des faits reproches à cet ancien commandant de l’USMC n’a pas été précisé. Fait intéressant, durant sa carrière militaire, il a surtout piloté des AV-8B Harrier II. Il a même été instructeur sur cet appareil à décollage court et à atterrissage vertical [STOVL]. À noter que les certains pilotes britanniques recrutés par la Chine ont été aux commandes d’un tel avion durant leur carrière.

D’où la question : pourquoi l’APL s’intéresse à de telles compétences alors qu’elle ne dispose pas – du moins pas encore – d’avions de combat STOVL? Faut-il y voir un lien avec la rumeur qui, depuis au moins 2011, dit que la Chine développerait un tel appareil, appelé « J-18 »? Et cela alors qu’elle a mis en service ses premiers navires d’assault amphibie de type 075, assez similaire à ceux appartenant à la classe américain WASP.

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