Le ministère des Armées veut un démonstrateur de service d’observation du spectre radioélectrique depuis l’Espace

En novembre 2021, après avoir décollé du Centre spatial guyanais [CSG] de Kourou, une fusée Vega mit sur une orbite basse les trois satellites militaires du programme français CERES [CapacitÉ de Renseignement Électromagnétique Spatiale], destinés à remplacer ceux de type ELISA [ELectronic Intelligence by SAtellite], entrés en service dix ans plus tôt.

Ayant chacun une masse de 516 kg, les satellites de la constellation CERES, positionnés en « triangle » à environ 700 km d’altitude, collectent les données permettant de localiser et de caractériser les émetteurs [radar, télécommunications, etc] où qu’ils soient sur terre et en mer. De quoi donner aux forces françaises une capacité unique en Europe en matière de renseignement électro-magnétique [ROEM].

Pour autant, la succession des satellites CERES est déjà engagée, le ministère des Armées ayant lancé les études en vue de la réalisation du programme CELESTE [Capacité ELEctromagnétique SpaTiaLE] à l’horizon 2028.

« À la fois système spatial et système de renseignement, CELESTE devra s’adapter à l’évolution des cibles, des menaces et des technologies pour permettre : l’amélioration des capacités opérationnelles et techniques [gammes de fréquences, délais de revisite, réactivité], l’élargissement du spectre des missions [dont part accrue de l’appui aux opérations, le cyberespace, l’accès au
contenu des communications, la couverture géographique], une contribution aux actions de maitrise de l’Espace, notamment dans le domaine de la connaissance des systèmes et objets spatiaux », lit-on dans les documents budgétaires publiés par le ministère de l’Économie et des Finances.

En outre, celui-ci souligne que « l’émergence du marché de l’écoute commerciale et des services associés dans une optique ‘New Space’ ouvre des opportunités [capacité complémentaire], qui restent à instruire en phase de préparation ». Et d’ajouter : L’exploitation des données, avec le recours désormais incontournable à l’automatisation et aux traitements par l’intelligence artificielle, peut également bénéficier d’innovations issues du monde civil. De façon générale, CELESTE veillera à bénéficier des opportunités offertes par les technologies civiles pour diminuer les coûts et les délais tout en répondant au besoin militaire ».

D’où, sans doute, l’appel à projets lancé par l’Agence de l’Innovation de Défense [AID], via le Centre national des Études spatiales [CNES].

En effet, le projet FLORE [pour Flight Demonstration of RoEm] vise à tester un « démonstrateur de service d’observation du spectre radioélectrique depuis l’espace sur petites plateformes » et d’en déterminer sa viabilité, ses capacités et ses performances.

« La mise en place du service devra être réalisée sous 3 ans maximum à compter de la date de notification du marché avec une durée probatoire de 2 ans minimum », précise le CNES. Les entreprises intéressées ont jusqu’au 17 novembre pour lui remettre leurs propositions.

Ce service devra permettre d’analyser les signaux de communication, voire, éventuellement, les émissions radar. « Dans ce cas, une acquisition simultanée des deux types de signaux pourrait être envisagée », indique le CNES.

Dans le détail, poursuit-il, il s’agira de faire une « caratérisation technique » de ces signaux – fréquence d’émission, puissance, largeur de bande, nature du signal [continue ou impulsionnelle et si possible le type de modulation] etc – et d’élaborer une « une localisation à la surface de la Terre des émetteurs en vue de fournir les résultats [bruts et traités] aux utilisateurs via une interface sécurisée accessible depuis Internet ».

Dans cet appel à projets, le CNES précise également que le choix d’un lanceur européen sera, dans la mesure du possible, privilégié. En tout cas, poursuit-il, l’enveloppe prévue pour le lancement devra « permettre de respecter le montant maximal alloué au projet », soit six millions d’euros [hors taxes].

Le CNES est l’interlocuteur privilégié du ministère des Armées pour les capacités spatiales. Ainsi, c’est par son intermédiaire qu’un appel d’offres avait été lancé, en mai dernier, pour trouver une solution de lancement pour les deux satellites « patrouilleurs » YODA [Yeux en Orbite pour un Démonstrateur Agile].

Photo : Satellites CERES

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