Le projet PROTEUS pourrait donner à la Marine nationale la capacité de déployer des « meutes » de drones sous-marins

Faire évoluer un essaim de drones dans les airs ou sur terre est déjà compliqué en soi… Et ça l’est encore plus quand il s’agit d’en faire autant sous la mer. Pourtant, tel est l’objectif du projet PROTEUS, porté depuis novembre 2020 par la société Arkeocean, en partenariat avec l’École nationale supérieure de techniques avancées [ENSTA] Bretagne et la Direction générale de l’armement [DGA] « Techniques navales ».

Ainsi, en juillet dernier, dans le cadre de l’édition 2022 de l’opération I-Naval, organisée par la DGA et l’Université de Toulon, Arkeocean a présenté une technologie de guidage acoustique permettant de coordonner les mouvements d’une « meute » de 200 drones autonomes sous-marins, grâce à module appelé SEAKER, lequel peut être intégré sur n’importe quel engin.

Le projet PROTEUS repose donc sur cette technologie. Selon la DGA, il vise « à transformer des drones sous-marins existants en objets connectés aptes à conduire des missions d’observation et d’évaluation du milieu subaquatique à grande échelle » et répond ainsi « l’enjeu de diminution drastique des coûts d’acquisition de données massives lors de campagnes de surveillance civiles et militaires ».

L’une de ses applications consisterait à utiliser un grand nombre véhicules autonomes sous-marins [AUV] à bas coûts et disposant chacun d’un récepteur acoustique UBF pour en faire une « grande antenne synthétique d’écoute discrète » pour des missions de lutte anti-sous-marine.

L’idée est de laisser dériver cette « meute » de véhicules sous-marins autonomes dans le courant « en gardant une géométrie d’antenne précise ».

« Le respect de la forme d’antenne initiale est indispensable à la réalisation d’un post-traitement de signal efficace garantissant le gain requis pour détecter et positionner des menaces sous-marines lointaines », souligne la DGA. Et les expérimentations réalisées jusqu’alors ont apparemment donné de très bons résultats puisqu’ils ont permis de développer un démonstrateur d’antenne sonar surfacique de 500 mètres de long et de 100 mètres de hauteur.

Par la suite, il est question de mettre au point INCA et MAYA, deux nouveaux véhicules sous-marins autonomes aux capacités différentes.

Ainsi, dotés d’un enregistreur du champ acoustique ambiant qui fonctionnera en permanence, les INCA constitueront chacun un « noeud réception élémentaire de la grande antenne synthétique du sonar passif UBF formé par la meute ». Quant à MAYA, décrit comme devant être une « mule de données », son rôle consistera à « butiner » les enregistrements acoustiques des INCA pour ensuite en transmettre le contenu par radio [ou satellite] à un centre opérationnel une fois remonté à la surface.

« Une fois à la surface, les MAYA transmettent, au centre opérationnel, la position sous l’eau de chaque INCA avec la précision ‘quasi métrique’ requise pour garantir un gain d’antenne satisfaisant. Le centre opérationnel a une vue de la situation tactique de tous les mobiles et peut ainsi corriger la position des INCA qui se seraient échappés de leur position idéale au sein de l’antenne en leur envoyant, toujours via les MAYA un ‘vecteur de correction' », détaille la DGA.

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