Pour le chef de l’US Navy, l’invasion de Taïwan par la Chine pourrait avoir lieu très prochainement

Au regard des déclarations des dirigeants chinois, à commencer par celles du premier d’entre-eux, Xi Jinping, la question n’est pas de savoir si la Chine va envahir ou non Taïwan, mais quand elle décidera à le faire.

En effet, lors du XXe congrès du Parti communiste chinois, le 16 octobre, le président Xi a de nouveau mis sous pression Taïwan, île considérée à Pékin comme étant une province rebelle. « La résolution de la question de Taïwan est l’affaire du peuple chinois lui-même et [elle] doit être résolue par le peuple chinois seul », a-t-il martelé. Et « la réunification de la patrie doit être réalisée et sera réalisée », a-t-il poursuivi, après avoir prévenu que la Chine « ne reconcera jamais au recours à la force » si nécessaire.

Pour de nombreux observateurs, Pékin pourrait décider de lancer une opération militaire contre Taïwan en 2027, ce qui coïnciderait avec le centenaire de l’Armée populaire de libération [APL]. Un tel « pronostic » a récemment été fait par David Cohen, le directeur adjoint de la CIA. « Nous observons très attentivement la façon dont les Chinois comprennent la situation en Ukraine – comment les Russes et les Ukrainiens se sont comportés – et ses implications pour leurs propres plans à l’égard de Taïwan », a-t-il dit.

Justement, à ce propos, le commandant des forces aériennes américaines dans le Pacifique [PACAF], le général Kenneth Wilsbach, a mis en doute la capacité de l’APL à mener une opération de grande ampleur contre Taïwan d’ici 2027.

« La Russie aurait dû avoir un problème relativement facile à résoudre : elle devait traverser la frontière et prendre le contrôle d’un pays dont elle est militairement supérieur. Et pourtant, elle a subi beaucoup d’échecs et elle n’a certainement pas atteint ses objectifs », a d’abord observé le général Wilsbach, lors du rencontre avec la presse, le 19 septembre dernier.

Aussi, a-t-il continué, dans le cas de Taïwan, la Chine devra résoudre un « problème encore plus difficile », avec la traversée à découvert du détrout de Taïwan et des « frappes aériennes contre un endroit bien défendu… et un endroit qui a clairement l’intention de se défendre ». Et de se demander « si l’objectif de 2027 est réaliste ».

Seulement, les chefs militaires américains ne sont visiblement pas d’accord entre eux. Sans doute cela tient-il à la couleur des uniformes [et donc des budgets à défendre]? Toujours est-il que le chef d’état-major de l’US Navy, l’amiral Michael Gilday, a en effet estimé que les États-Unis doivent se tenir prêt à une éventuelle invasion de Taïwan très prochainement.

« Il ne s’agit pas seulement de ce que dit le président Xi, c’est la façon dont les Chinois se comportent et ce qu’ils font », a déclaré l’amiral Gilday, devant l’Atlantic Council, ce 20 octobre. Or, a-t-il relevé, au cours de ces vingt dernières années, la Chine a été au rendez-vous de toutes les promesses qu’elle avait annoncées.

« Donc, quand nous parlons de 2027, dans mon esprit, cela [veut dire] 2022 ou potentiellement 2023. […] Je ne peux pas exclure cette possibilité. Je ne veux pas du tout être alarmiste en disant cela. C’est juste que nous ne pouvons pas l’écarter », a affirmé le chef de la marine américaine.

Cela étant, les propos de celui-ci rejoignent ceux tenus la veille par Antony Blinken, le secrétaire d’État américain, lors d’un forum organisé par l’Université de Stanford en Californie. « La Chine est déterminée à poursuivre le processus de réunification selon un calendrier accéléré », a-t-il dit, sans plus de détails. Elle « a totalement changé ces dernières années […]. Elle est devenue beaucoup plus répressive à l’intérieur et plus agressive à l’étranger », a-t-il ajouté.

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