Les forces russes et biélorusses s’apprêtent à mener un nouvel exercice conjoint avec des tirs réels

Le 15 octobre, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a une nouvelle fois démenti toute livraison par son pays de drones kamikazes [ou munitions téléopérées] Shahed-136 aux forces russes. « Nous coopérons avec la Russie dans le domaine de la défense. Concernant la guerre en Ukraine, notre politique est de ne pas envoyer des armes aux parties en conflit », a-t-il fait valoir, lors d’un échange téléphonique avec Josep Borrell, le chef de la la diplomatie européenne.

Seulement, peu après, citant des responsables du renseignement américain, le Washington Post a révélé que Téhéran s’apprêterait à livrer à Moscou des missiles balistiques Fateh-110 et Zolfaghar, ayant respectivement une portée de 300 et 700 km, ainsi qu’un nouveau lot de Shahed-136, désignés « Geran-2 » en Russie. Ce qui a pu faire dire au Kremlin, le 17 octobre, qu’il « n’avait pas d’information » sur l’usage par ses forces armées de drones de facture iranienne en Ukraine. « De la technologie russe est utilisée, avec des noms russes », a martelé Dmitri Peskov, son porte-parole.

Toujours est-il que repeindre une 2CV en rouge n’en fera pas une Ferrari 308 GTS… Et qu’un Shahed-136 rebaptisé « Geran-2 » sera toujours un Shahed-136…. Car les images des raids récemment menés par les forces russes en Ukraine ainsi les photographies de débris ne laissent guère de place au doute : ce sont bien ces drones kamikazes d’origine iranienne qui sont utilisés contre les infrastructures critiques ukrainiennes depuis maintenant plusieurs jours. Non sans efficacité, d’ailleurs, puisque 30% des centrales électriques visées par ces engins [ainsi que par des missiles de croisière] étaient hors service au soir du 18 octobre.

« La situation est critique maintenant dans tout le pays, car nos régions sont dépendantes les unes des autres », a ainsi affirmé Kyrylo Timochenko, un responsable de la présidence ukrainienne. Et d’estimer « nécessaire que tout le pays se prépare à ce qu’il puisse y avoir des pannes d’électricité, d’eau et de chauffage ».

Cette stratégie consistant à frapper les infrastructures critiques ukrainiennes coïncide avec la nomination du général Sergueï Sourovikine à la tête des opérations russes en Ukraine. Opérations mises à mal par la contre-offensive lancée par les forces ukrainiennes en septembre. D’ailleurs, et à la différence de ces prédécesseurs, celui-ci a admis publiquement que la situation était « tendue » pour ses troupes. À l’en croire, Kiev aurait mobiliser « toutes ses reserves » pour reprendre le terrain perdu, à commencer par celle de Kherson, qui est l’une des quatre régions récemment annexées par Moscou.

A priori, l’état-major russe s’attend à de durs combats pour la ville du même nom… l’ordre ayant été donné d’évacuer la population civile. « Toute la ville sera tenue, mais nous devons nous assurer que les civils soient en sécurité. Personne ne prévoit de laisser Kherson. Les militaires se battront jusqu’à la mort », a affirmé Vladimir Saldo, le chef de l’administration d’occupation russe. L’intention serait-elle de créer un point de fixation?

Quoi qu’il en soit, avec la mobilisation de 300’000 réservistes et la livraison d’armes et de munitions par l’Iran, Moscou se donne visiblement les moyens pour reprendre l’initiative… Y compris à la frontière septentrionale de l’Ukraine.

Peu avant le début de la guerre, le 24 février, on se souvient que la Russie et la Biélorussie avaient organisé un exercice militaire conjoint [appelé « Détermination de l’Union 2022 »,ndlr], ce qui avait permis à Moscou de prépositionner des troupes au nord de l’Ukraine… Et de lancer par la suite des offensives en direction de Tchernobyl et de Kiev. Ce scénario va-t-il se répéter?

La question peut en effet se poser… La semaine passée, Minsk et Moscou ont annoncé la création d’un « groupement militaire régional » commun, en raison « de l’aggravation de la situation aux frontières occidentales de l’Union [russo-biélorusse] ». Le 15 octobre, le déploiement de 9’000 soldats russes en Biélorussie a commencé. Selon le site russe Gazeta.ru, des avions de combat MiG-31K, capables d’emporter le missile hypersonique Kinjal, feraient aussi partie du lot.

« Nous participons à l’opération militaire en ce sens que nous soutenons autant que possible la Russie. Notre aide consiste à faire en sorte de protéger nos frontières occidentales, afin que la Pologne et la Lituanie ne soient pas tentées de les violer pour aller frapper dans le dos les troupes russes à travers la Biélorussie », a cependant expliqué Alexandre Loukachenko, le président biélorusse, lors d’un entretien accordé à la chaîné NBC. Soit peu ou prou la même justification donnée en janvier dernier, pour l’exercice « Détermination de l’Union 2022″….

D’ailleurs, et comme en janvier denrier, les forces biélorusses et russes vont participer à de nouvelles manoeuvres conjointes. « Il est prévu de déployer des unités militaires sur quatre champs d’entraînement situés dans l’est et le centre de la Biélorussie. Après quoi elles commenceront à mener des activités d’entraînement au combat », a en effet rapporté Interfax, le 17 octobre, en citant un responsable biélorusse.

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