L’accord de posture permanente de sûreté aérienne entre la France et la Suisse a été renouvelé

En 2020, un rapport du Sénat relatif à un accord visant à renforcer la coopération militaire entre Paris et Berne, n’avait pas manqué de souligner que la Suisse était alors un « prospect important » pour la base industrielle et technologique de défense [BITD] française. En effet, le Rafale était alors en lice pour moderniser la défense aérienne suisse. De même que le système Sol-Air Moyenne Portée / Terrestre [SAMP/T] « Mamba ». En outre, le CAESAr [Camion équipé d’un système d’artillerie] paraissait aussi bien placé pour une éventuelle commande…

Depuis, et comme on le sait, aucune de ses pistes ne s’est concrétisée. Pour son artillerie, la Suisse choisira finalement entre l’Archer 8×8 de BAE Systems Bofors et le système RCH 155 AGM Artillery Gun de Krauss-Maffei Wegmann [KMW], monté sur un véhicule blindé de combat d’infanterie Boxer ou Mowag. Quant au Mamba, il s’est incliné face au Patriot américain… Et le F-35A a été préféré au Rafale [ainsi qu’au F/A-18 Super Hornet et l’Eurofighter Typhoon].

Quoi qu’il en soit, ces déconvenues industrielles n’empêchent pas la coopération militaire entre la France et la Suisse, laquelle est déjà ancienne. Ainsi, après les attentats du 11 septembre 2001, et comme un avion de ligne n’a besoin que de sept minutes pour relier Genève à Lyon en volant à 900 km/h, Paris et Berne signèrent deux accords en 2004 et 2005 : l’un pour établir une coopération en matière de sûreté aérienne contre les menaces aériennes non militaires, l’autre pour instaurer des mesures transfrontalières de sûreté aérienne.

Concrètement, dans le cas où un avion de ligne serait détourné, un avion de chasse français aurait le droit, pour l’intercepter, de pénétrer dans l’espace aérien suisse. Et réciproquement.

« La composante aérienne des forces suisses constitue un allié fiable de l’armée de l’Air et de l’Espace pour partager des données radar et les situations aériennes. En matière de police du ciel, la France et la Suisse procèdent ainsi à des échanges d’informations depuis les centres de détections et de contrôle et travaillent à la réactivité des chaînes de défense aérienne », avait ainsi résumé un rapport de l’Assemblée nationale, en 2020.

D’où l’intérêt de poursuivre une telle coopération. Ce qui sera le cas, comme vient de l’annoncer le minsitère des Armées, via un communiqué.

« Le général de brigade Werner Epper, commandant en second des Forces aériennes suisses, et le général de division aérienne Dominique Tardif, sous-chef activité de l’armée de l’Air et
de l’Espace, ont renouvelé ce mardi 18 octobre à Meiringen [Suisse]l’accord de police du ciel entre la Suisse et la France. Datant de 2004, il est le plus ancien traité de ce genre en Europe », a en effet indiqué le ministère des Armées.

Dans le détail, rappelle celui-ci, cet accord englobe la surveillance de l’espace aérien ainsi que l’assistance aux aéronefs en difficulté. En outre, il s’étend « jusqu’à l’intervention d’avions de combat armés pour faire respecter les règles ». Ce qui suppose par ailleurs de planifier régulièrement de exercices communs aux forces aériennes françaises et suisses, « afin d’entrainer les différents acteurs à la réalisation de missions dans lesquelles les plastrons traversent la
frontière ».

Cette coopération posera, à l’avenir, la question de l’interopérabilité entre les Rafale français et les F-35A suisses. Ce qui est d’ailleurs l’une des priorités de l’armée de l’Air & de l’Espace [mais aussi celle de l’aéronautique navale, pour d’autres raisons].

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