Plusieurs pays de l’Otan rejoignent le « bouclier anti-aérien européen » proposé par l’Allemagne

Lors d’un discours prononcé le 29 août à l’Université Charles de Prague, le chancelier allemand, Olaf Scholz, avait annoncé que Berlin allait non seulement investir « massivement » dans un système de défense aérienne mais aussi inviter plusieurs États européens à y participer. Et de citer les Pays-Pas, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et les pays scandinaves.

« Un système de défense aérienne bâtit conjointement en Europe serait non seulement moins cher et plus efficace que si chacun de nous construisait sa propre défense aérienne. […] Ce serait un gain de sécurité pour toute l’Europe et un excellent exemple de ce que nous voulons dire lorsque nous parlons de renforcer le pilier européen de l’Otan », avait ensuite expliqué M. Scholz.

Cela étant, et alors que des capacités anti-missile existent déjà en Europe… notamment avec le SAMP/T « Mamba », développé conjointement par la France et l’Italie, le projet allemand devait alors reposer sur les systèmes IRIS-T SLM [de Dielh Defence], l’Arrow-3 [mis au point par Israël, avec un appui américain] et Patriot, le programme MEADS [Multinational Extended Air Defense System] ayant été abandonné par Berlin.

Visiblement, le gouvernement allemand a fait ce qu’il fallait pour convaincre plusieurs membres de l’Otan à rejoindre son projet. En effet, ce 13 octobre, l’Allemagne et une quinzaine de pays ont signé une déclaration d’intention visant à créer un système européen de défense aérienne et antimissile grâce à l’acquisition commune des capacités nécessaires.

Ce projet, appelé « European Sky Shield » [bouclier anti-aérien européen] réunit donc, outre l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Slovaquie, la Norvège, la Lettonie, l’Estonie, la Hongrie, la Bulgarie, la Belgique, la République tchèque, la Lituanie, les Pays-Bas, la Roumanie et la Slovénie. La Finlande, qui a signé le protocole d’adhésion à l’Otan, en fait également partie.

« Cet engagement est encore plus crucial aujourd’hui, alors que nous assistons aux attaques de missiles impitoyables et aveugles de la Russie en Ukraine, tuant des civils et détruisant des infrastructures essentielles. Dans ce contexte, je salue vivement le leadership de l’Allemagne dans le lancement de l’initiative European Sky Shield », a commenté Mircea Geoană, le secrétaire général adjoint de l’Otan.

Et d’ajouter : « Les nouveaux moyens, pleinement interopérables et parfaitement intégrés dans la défense aérienne et antimissile de l’Otan, renforceraient considérablement notre capacité à défendre l’Alliance contre toutes les menaces aériennes et antimissiles.

« Par cette initiative, nous assumons notre responsabilité commune pour la sécurité en Europe, en regroupant nos ressources », a fait valoir Christine Lambrecht, la ministre allemande de la Défense. « Nous allons travailler rapidement à de premiers projets en commun, l’achat en commun d’unités de Patriot est l’un d’entre eux, tout comme le système moderne IRIS-T », a-t-elle ajouté. Quant à l’Arrow 3, rien n’est rien encore fait, alors qu’elle en avait vanté les mérites le 16 septembre dernier.

« Nous avons déjà parlé avec Israël et les États-Unis, et ce n’est un secret pour personne que l’Arrow 3 est certainement un système qui pourrait combler le manque de nos capacités », avait en effet confié Mme Lambrecht à l’agence Reuters.

Seulement, étant donné que ce système a été développé avec l’aide de Boeing et financé à hauteur de 80% [soit 2,2 milliards de dollars] par les États-Unis, Washington tarde à autoriser une éventuelle vente à Berlin. D’autant plus que l’industrie américaine – Lockheed-Martin en l’occurrence – propose le THAAD, un système concurrent…

Quoi qu’il en soit, a dit Mme Lambrecht, « aucune décision n’a encore été prise mais je pense que l’Arrow 3 serait […] un très bon système. […] Nous devons combler rapidement ces lacunes, nous vivons une époque dangereuse et lourde de menaces ».

À noter que, dans le voisinage de l’Allemagne, les pays étant à la fois membre de l’Union européenne et de l’Otan [ou en passe de le devenir], la Pologne, le Danemark, et la Suède n’ont pas rejoint cette initiative. De même, donc, que la France, où l’on va finir par croire qu’elle est la seule à croire au « couple franco-allemand« …. Se tiennent également à l’écart les pays « latins », comme l’Italie, l’Espagne et le Portugal.

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