L’armée de l’Air et de l’Espace pourrait céder à l’Ukraine des systèmes de défense aérienne Crotale NG

Alors que les forces russes multiplient les frappes contre les infrastructures critiques ukrainiennes, le membres du groupe de contact pour l’Ukraine [créé à l’initiative des États-Unis] ainsi que ceux de l’Otan ont estimé, le 13 octobre, qu’il était désormais urgent de donner à Kiev les moyens nécessaires pour renforcer sa défense aérienne.

« Quand l’Ukraine recevra un nombre suffisant de systèmes de défense antiaérienne modernes et efficaces, l’élément clé de la terreur russe – les frappes de missiles – cessera de fonctionner », a d’ailleurs fait valoir Volodymyr Zelenski, le président ukrainien.

Actuellement, la défense aérienne ukrainienne repose essentiellement sur des systèmes S-300 de conception russe, dont plusieurs ont certainement été détruits depuis le début de la guerre. Mais le problème porte sur l’approvisionnement en missiles intercepteurs… qui ne peuvent qu’être vendus par la Russie.

Cela étant, les États-Unis ont promis à l’armée ukranienne de lui livrer huit batteries de défense aérienne NASAMS [Norwegian Advanced Surface to Air Missile System]. « Nous pensons que nous sommes sur la bonne voie pour livrer prochainement les deux premiers systèmes à l’Ukraine », a confié John Kirby, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, le 12 octobre.

À noter que, le même jour, le Royaume-Uni a annoncé le don à Kiev de missiles AIM-120 AMRAAM, utilisé par le NASAMS.

« Nous allons faire tout ce que nous pouvons, et le faire aussi vite que possible, pour aider les forces ukrainiennes à obtenir la capacité dont elles ont besoin pour protéger leur peuple. C’est très, très important pour nous », a en outre affirmé Lloyd Austin, le chef du Pentagone. Seulement, et pour le moment, Washington n’a pas encore pris de décision au sujet de la livraison éventuelle de systèmes Patriot aux forces ukrainiennes… Systèmes que celles-ci réclament pourtant.

Sans doute que cela viendra plus tard… Car, de son coté, le chef d’état-major interarmées américain, le général Mark Milley, a évoqué la mise en place d’un « système intégré de défense aérienne et antimissile » pour l’Ukraine. Ce qui ne pourra se faire dans l’immédiat… Mais pour parer au plus pressé, il a proposé de fournir aux forces ukrainiennes des systèmes MIM-23 Hawk, dont la conception date des années 1960.

Quoi qu’il en soit, l’Allemagne a tenu sa promesse de céder à l’Ukraine un système de défense aérienne moyenne portée IRIS-TSLM, une première batterie [sur les quatre promises, ndlr] ayant été en effet livrée à Kiev, le 12 octobre. Pour rappel, développé par Diehl Defence sur la base du missile air-air courte portée IRIS-T, dans le cadre d’une coopération avec Airbus, Hensoldt et Rohde & Schwarz, ce système est en mesure d’abattre des aéronefs et des missiles de croisière évoluant à 20 km d’altitude, à 40 km de distance. Et il n’a pas encore été mis en service par la Bundeswehr. Quand l’exemplaire sera-t-il opérationnel, sachant qu’il nécessite une formation de douze semaines pour être mis en oeuvre?

Par ailleurs, déjà pointée du doigt pour la faiblesse [relative] de son aide à l’Ukraine par ceux qui confondent « promesses » et livraisons effectivement réalisées [« Ce que nous promettons à l’Ukraine, nous le donnons vraiment », fait d’ailleurs valoir le ministre des Armées, Sébastien Lecornu], il est difficile pour la France de se tenir à l’écart… alors que ses moyens en matière de défense aérienne sont comptés.

Reste que, le 12 octobre, à l’antenne de France2, le président Macron a annoncé une nouvelle aide militaire à l’Ukraine, une semaine après que l’ambassadeur de France en Russie a été convoqué par la diplomatie russe pour protester contre les livraisons d’armes françaises à Kiev.

« Nous avons livré depuis le début de la guerre des fameux canons Caesar, et les Ukrainiens nous ont remercié. Nous allons continuer » et « nous travaillons à la livraison de six canons CAESAr supplémentaires » [prélevés sur une commande passée par le Danemark, ndlr] et « nous allons aussi livrer des radars et des missiles pour protéger [les Ukrainiens] de ces attaques », a dit M. Macron, sans plus de détail.

Étant donné que l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] n’en dispose que de huit exemplaires, le système Sol-Air Moyenne Portée / Terrestre [SAMP/T] « Mamba » n’est probablement pas concerné par l’annonce de M. Macron. En effet, cet équipement est indispensable pour assurer la protection des bases nucléaires et celle des grands évènements [coupe du monde de Rugby, Jeux Olympiques, etc]. En outre, une batterie a été déployée en Roumanie pour les besoins de la mission « Aigle », conduite dans le cadre de l’Otan.

En revanche, les systèmes promis par le locataire de l’Élysée pourraient donc être des Crotale NG, dont l’AAE ne dispose que de douze exemplaires. Dotés chacun d’un radar Mirador IV Doppler permettant de suivre simultanément 12 objectifs évoluant à 18 km de distance, ils sont dotés de huit missiles VT1 d’une portée pratique supérieure à 11’000 m. Jusqu’à présent, il n’était pas prévu de les remplacer à court terme. Du moins, ce sujet ne figure pas dans la Loi de programmation militaire [LPM] en cours.

« Les systèmes de défense sol-air à courte portée Crotale NG permettent de lutter contre des aéronefs évoluant en basse et très basse altitude. Ils sont équipés de radars de détection, d’identification et de surveillance sectorielle, et ont une capacité de huit missiles à poste », a rappelé l’AAE, à l’occasion d’une récente campagne de tirs effectuée à Biscarrosse par les Escadrons de défense sol-air [EDSA] 02.950 « Sancerre » et 05.950 « Barrois ».

Celle-ci a d’ailleurs « permis de valider les nouvelles voies visible [TV] et infrarouge (IR) des caméras, installées sur les Crotale NG pour la détection et la poursuite », a-t-elle précisé.

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