Premier commandant du SNLE « Le Triomphant », l’amiral François Dupont nous a quittés

Figure de la Force océanique stratégique [FOST] ayant cherché à rendre accessible au grand public le monde des sous-mariniers, l’amiral François Dupont nous a quittés. Le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Pierre Vandier, lui a rendu un bref hommage sur les réseaux sociaux.

« Pendant plus de vingt ans, il a œuvré au profit des opérations et de la modernisation de la force océanique stratégique. […] La Marine lui doit beaucoup », a rappelé le CEMM, soulignant le rôle « d’architecte majeur » que l’amiral Dupont a tenu pour la construction du sous-marin nucléaire lanceur d’engins [SNLE] Le Triomphant.

Né le 10 décembre 1947, François Dupont a vingt ans quand il est admis à l’École Navale. Après une première affectation à bord du patrouilleur « Croix du Sud », alors basé à Dakar, il rejoint les Forces sous-marines en 1973 et sert à bord des sous-marns Amazone [classe Aréthuse], Daphné, dont il deviendra le commandant en second, après avoir été l’officier opérations du Junon.

Nommé officier de manoeuvre du porte-hélicoptères Jeanne d’Arc en 1981, il prend le commandant du Daphné, puis celui de l’Agosta, avant de suivre les cours de l’École supérieure de guerre navale, entre 1984 et 1986. Il est ensuite affecté, en tant que « pacha » en second, à bord du SNLE « Le Terrible » [S612, seconde unité de la classe « Le Redoutable », ndlr]. Cette expérience lui aura sans doute beaucoup servi par la suite. De même que son diplôme d’ingénieur en génie atomique.

En effet, à partir de 1987, l’officier rejoint le bureau dédié au suivi du programme de SNLE de deuxième génération, et donc du sous-marin Le Triomphant, qui venait alors d’être mis sur cale et dont il dirigera les essais à la mer entre mai 1994 et juin 1995.

Commence ensuite une nouvelle vie… Auditeur au Centre des hautes études militaires [CHEM] et à l’Institut des hautes études de défense nationale [IHEDN 48ème Session Nationale], le capitaine de vaisseau Dupont est affecté au bureau Études et stratégie militaire générale à l’État-major des armées [EMA], avant d’obtenir ses étoiles de contre-amiral et de rejoindre la Direction générale de l’armement en tant qu’adjoint au directeur des relations internationales.

Nommé chef de cabinet du général Jean-Pierre Kelche, chef d’état-major des armées [CEMA] en 2001, il devient chef du cabinet militaire de Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense, puis directeur de l’IHEDN, de l’Enseignement militaire supérieur et du CHEM. Il teminera sa carrière militaire en tant qu’Inspecteur général des armées. Rendu à la vie civile, l’amiral Dupont exercera les fonctions de Pdg de Défense Conseil International [DCI], après avoir dirigé Navfco, la branche navale du groupe.

Devenu consultant, l’ancien sous-marinier s’est attaché à vulgariser pour le grand public le monde des sous-marins [en général] et des SNLE en particulier. Ainsi, il avait fait part de son expérience à bord du SNLE « Le Triomphant » dans un livre publié en 2019 et sobrement intitulé « Commandant de sous-marin« . Ce qui avait suscité l’intérêt de plusieurs médias [notamment lors des confinements de 2020, certains ayant fait le parallèle – osé – avec la vie à bord d’un sous-marin].

L’amiral Dupont était un homme d’une « grande humanité et d’une rare intégrité », a souligné Franck Louvrir, le maire de La Baule, où il s’était retiré. Et si l’on devait retenir une leçon qu’il nous a donné, ce serait celle-ci : « Écouter, savoir écouter : peut être la plus grande vertu de sous-marinier. Et accepter l’incertitude, une philosophie ».

Photo : Marine nationale

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