Pour la première fois, un drone MQ-9 Reaper a largué des bombes GBU-12 en France

En décembre 2019, le ministère des Armées avait annoncé que l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] allait prochainement disposer de drones MQ-9 Reaper pouvant emporter deux bombes à guidage guidées laser GBU-12 de 273 kg, à l’issue d’une campagne d’expérimentation menée depuis la base aérienne projetée de Niamey, au Niger. Cette nouvelle capacité ne tarda d’ailleurs pas à être utilisée contre les groupes armés terroristes [GAT] sévissant au Mali, lors d’une « opération d’opportunité » conduite dans la région de Mopti.

Depuis, d’autres expérimentations du même genre ont été menées au Niger, notamment pour éprouver les capacités du MQ-9 Reaper porté au standard block 5. Mais, jusqu’à récemment, jamais un tel appareil n’avait tiré la moindre munition sur le territoire national, l’une des limites à cet exercice ayant été, pendant un temps, l’intégration d’un aéronef piloté à distance dans l’espace aérien civil. Ce qui était de nature à compliquer la formation et la préparation opérationnelle des pilotes de drones de la 33e Escadre de surveillance, de reconnaissance et d’attaque [ESRA]

En outre, les drones MQ-9 Reaper et, bientôt, EuroMALE [qui emporteront des missiles Akeron LP] ne seront pas toujours engagés dans des environnements permissifs comme au Sahel.

D’où la campagne que vient de superviser la Direction générale de l’armement [DGA] et l’équipe de marque ISR [renseignement, surveillance et reconnaissance] du Centre d’expertise aérienne militaire [CEAM] de Mont-de-Marsan.

« DGA Essais en vol a réalisé en coopération avec l’armée de l’Air et de l’Espace deux tirs d’essais de bombes guidées laser [GBU-12] sur le site de Cazaux », a en effet annoncé la DGA, ce 12 octobre. Et de préciser : « Cette campagne de tests a permis de valider un type d’itinéraire et des procédures qui seront utilisées dans l’avenir par les drones Reaper » de la 33e ESRA pour « futurs entrainements sur le champ de tir de Captieux ».

Ainsi, après un vol de « répétition » effectué le 30 septembre, un drone Reaper a procédé à un « tir balistique » le 5 octobre, lequel a été suivi, deux jours plus tard, par un « tir guidé laser ».

Pour rappel, le MQ-9 Reaper Block 5 peut également emporter des missiles Hellfire et des bombes à guidage laser GBU-49 [cette capacité a été testée par un appareil de la 33e ESRA aux États-Unis, en février dernier].

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39 contributions

  1. Clavier dit :

    On s’entraîne à combattre sur le sol national…..?
    OMG, ça se rapproche sérieusement alors !

    • francois dit :

      j’crois que ca fait bien longtemps qu’on s’entraine à combattre sur le sol national.. nan mais vraiment treeees longtemps..

    • Prof de physique dit :

      P’tet ben qu’oui.

    • asvard dit :

      On les reconnait les « patriotes » qui n’hésiteraient pas à vouloir tuer des compatriotes sous prétexte qu’ils n’ont pas les mêmes idées que vous. On sent le républicain façon Robespierre.
      Même si je ne partages pas les idées de la Nupes j’en suis encore loin de, ne serait-ce, penser à les bombarder.

  2. Fralipolipi dit :

    Y aurait-il un intérêt à ajouter la roquette guidée Laser à cette liste ?… ou bien le Reaper vole trop haut pour la mettre en oeuvre correctement ?
    (Roquette guidée Laser prévue pour Tigre HAD et drone Patroller … sauf erreur).

    • Carin dit :

      @Fralipolipi
      D’autres voilures tournantes auront cette capacité. Mais pour un MQ9 cela ne me parait pas opportun, pour la raison que le champ d’action de ce drone, se situe bien trop haut, et de fait, il n’a pas la
      « dextérité » d’un hélico ou du patroler.
      Mais il y auras aussi des véhicules terrestre qui pourront recevoir un
      « Pack » de roquettes guidées laser.

    • SBarre dit :

      une roquette guidée, ça ne s’appellerait pas un missile?

      • Fralipolipi dit :

        @SBarre
        Oui, vous avez raison, et on pourrait même dire que l’AASM est lui aussi un missile, … par extension, … pour les « puristes » du vocabulaire !
        Mais ce n’est pas la question posée ici 😉

    • Loufi dit :

      Qui fabrique cette gbu 12 ? Pk pas d’aasm ?

    • Marine dit :

      Aucun intérêt sur un drone MALE, qui vole trop haut pour ce genre de munition.

    • Patatra dit :

      La portée est bonne mais la possibilité de traiter beaucoup plus de petits objectifs à moindre coût n’est pas vraiment une perspective intéressante.

  3. Lucien dit :

    Il me semblait que le contrat avec General Atomics n’autorisait la France à utiliser ses drones MQ-9 Reaper qu’au-dessus du Sahel :

    – me suis-je trompé ?
    – ou sinon, le contrat a-t-il été amendé ? A-t-on reçu la permission des Américains de l’utiliser en France ou plus largement sur le territoire européen ?

    • Carin dit :

      @Lucien
      Il me semble que cette obligation n’était valable que tant que les pilotes étaient américains… aujourd’hui la formation des pilotes français est terminée, et ces drones sont pilotés depuis le sol national, ou de Niamey, pour ceux qui œuvrent en Afrique.

    • Anjou dit :

      La France peut faire voler ses Reaper où elle le veut, si tant est que la réglementation aérienne civile le permette. Mais General Atomics a au contraire tout intérêt à ce que son produit ouvre la voie, c’est une publicité gratuite.

    • Gégétto dit :

      Lucien,
      -Me suis -je trompé?
      -Ben oui!
      Mr Lagneau prend sur son temps pour faire un article et vous ne l avez pas lu. Bon, certes, c était AntéCOVID!

      https://www.opex360.com/2017/07/06/pour-la-premiere-fois-un-drone-mq-9-reaper-de-larmee-de-lair-vole-dans-lespace-aerien-francais/

    • vrai_chasseur dit :

      @Lucien
      Les drones Reaper français sont achetés à GAASI via le dispositif « Foreign Military Sales » américain.
      Du point de vue contractuel c’est donc le gouvernement américain (via le contrat entre US Air Force et GAASI) qui les achète et les met à disposition du gouvernement français. La compensation financière est ensuite effectuée d’état à état et peut donner lieu à des crédits et paiements différés à taux préférentiels (c’est souvent le cas).
      L’autorisation FMS ne spécifie que l’achat, l’armement et la maintenance opérationnelle des drones par GAASI. Elle ne spécifie rien d’autre, pas de restriction géographique particulière.

  4. HMX dit :

    Parfait. La GBU 12 avec un kit Paveway 2 a une portée d’environ 15km, de quoi permettre un tir en restant hors de portée de système antiaérien à très courte portée, type manpads ou assimilé.

    La comparaison pique un peu, mais on notera que le Reaper peut sans problème embarquer 2 GBU12 de 227kg (une sous chaque aile) là où le Patroller est limité à 80kg sous chaque aile (250kg de capacité d’emport au total), ce qui le réduit à l’emport de missiles antichars ou de roquettes guidées laser, et l’obligera donc à s’exposer davantage à des menaces anti-aériennes…

    • Carin dit :

      @HMX
      C’est précisément la bulle d’emploi du Patroler… faible hauteur, pour se rendre à proximité du théâtre, puis raz du sol, pour taper du char, et autres véhicules de transport, ou du fantassins, voire des casemates renforcées…. Rien à voir avec un MQ9.

      • HMX dit :

        @Carin : en effet, et et ça illustre donc parfaitement le fait que le Patroller qui se prépare (enfin) à entrer en service en 2023 est à la fois moins armé, tout en étant plus vulnérable que le « vénérable » MQ9 qui a fait son 1er vol il y a plus de 20 ans, en 2001… C’est évidemment mieux que rien, mais la comparaison est loin d’être à notre avantage !

        • Carin dit :

          @HAMX
          J’ai du mal m’exprimer… le Patroller rempli les besoins d’un cahier des charges établit par nos milis…
          Le MQ9 remplit un autre cahier des charges rempli aussi par nos milis…
          Les 2 correspondent à ce qui leurs est demandé, et de fait ne jouent pas dans la même cours!

    • Vroom dit :

      4 GBU12 sans problème, oui , mais pas avec la même autonomie.
      Sur Barkhane, c’est une configuration à 2 GBU12 qui est utilisée. Déjà vu à 4 mais c’était pour valider au tir de nouveaux équipages venant d’arriver au Sahel, donc vol court.

    • AlexS dit :

      « La GBU 12 avec un kit Paveway 2 a une portée d’environ 15km »

      À quelle altitude et à quelle vitesse de lancement?

    • Marine dit :

      15km de portée… si on la tire depuis un chasseur qui vole à 1000 km/h. Depuis un drone qui vole trois fois moins vite, ça va beaucoup moins loin.

  5. JeNeLisQueLesTitres dit :

    Aux armes les Américains nous attaquent!!!!

  6. blavan dit :

    Que de temps perdu pour la France avant d’admettre que les drones armés étaient l’avenir des capacités d’armement. Sur l’utilisation de munition lourdes, je suis moins convaincu car la France restera dans les OPEX pour longtemps, et aura plus besoin de munitions légères pour des cibles ponctuelles.

  7. adnstep dit :

    on s’entraîne tous les jours sur le sol national, depuis des décennies.

    la difficulté, dans le cas du drone armé, est surtout l’insertion dans les flux aériens complexes au dessus du territoire, comme dit dans le texte.

  8. philbeau dit :

    Sinon , est-ce-qu’on pourrait être , au moins une fois , fixé sur le « plus » qu’est censé apporter l’Eurodrone ? Par rapport à un Reaper ? Parce qu’on s’excite dans le vide sur ce programme purement politique , comme le Scaf , et la France accepte de l’acquérir sans qu’on ait le moindre élément public d’appréciation . Ce qui en dit long sur ce programme .

    • Czar dit :

      merci d’avoir posé la question que je souhaitais poser : ces deux drones ont-ils des capacités et donc des emplois différents, et si ce n’est pas le cas alors qu’est-ce qui justifie qu’on maintienne notre participation à un eurodrone dépassé et propulsé par des moteurs non-européens.

      si quelqu’un avec des VRAIS éléments d’analyse pouvait nous éclairer à ce sujet…

    • HMX dit :

      L’Eurodrone aurait été parfait s’il était arrivé en 2000-2010, aux côtés des Predator et Reaper. Hélas pour lui, il arrivera en 2030, au moment exact où sortira la nouvelle génération de drones. Il a au minimum une génération de retard. A la fois lourd, lent, vulnérable et par ailleurs très cher, c’est un appareil qui sera condamné au survol de zones dépourvues de toute menace sol-air ou air-air, comme on l’a connu au Sahel ou en Afghanistan. Dans ce genre de contextes, qui seront probablement de moins en moins fréquents, il pourra encore rendre quelques services (mais guère plus qu’un Reaper ou un Patroller…). Pour le reste, il ne sera qu’une cible aisément neutralisable sur un champ de bataille « haute intensité ».

      A mon sens, ce programme ne répond plus aux besoins des forces armées, et devrait de toute urgence être arrêté, afin de réorienter nos efforts (en coopération ou pas) vers des drones de nouvelle génération, à l’image du MQ-Next qui succèdera au Reaper :
      https://www.defensedaily.com/mq-next-concept-designs-feature-flying-wing/advanced-transformational-technology/

      Et si on tient absolument à conserver le programme en tant que symbole politique, on peut à la rigueur envisager d’employer quelques exemplaires de l’Eurodrone au dessus du territoire national pour des missions de service public (surveillance incendies ?) ou de police (surveillance grands évènements, surveillance trafic routier…) ou encore pour des missions de surveillance maritime (SURMAR) où l’appareil pourrait le mieux exprimer ses capacités…

    • vno dit :

      Pour faire simple, deux moteurs, trop lourd, pas assez performant par rapport à ce qui existe déjà, politiquement instable avec les Allemands et trop cher !

  9. Macé claude dit :

    si nous avons des pensés à ce protéger à un haut niveau ,il semblerait que d´autres pays ont du soucis à ce faire

  10. MAS 36 dit :

    Il nous en aura fallu du temps pour armer nos drones. Quand on voit l’efficacité des drones turcs Bayraktar en Arménie et en Ukraine il y a de quoi se poser des questions sur notre réactivité pour les armes nouvelles et nos doctrines de défense. .

    • Carin dit :

      @Mas 36
      En Ukraine, les Bayraktar ne volent plus… Elon Musk ayant décidé de ne plus fournir d’accès à ses 700 satellites…
      Donc ce drone ne peut de nouveau être employé qu’à courte distance du front où il sévissait avec succès.. et nos amis russes n’auraient plus aucun mal à remonter les ondes radios et détruire à l’aide de leurs artillerie ou par missiles, les postes d’où sont pilotés les Bayraktar. Et ceci sans compter que les différents front son sous couverture de brouilleurs de théâtre, couvrant plusieurs kilomètres, que le Bayraktar ne peut franchir, sans une liaison satellitaire sécurisée.

  11. aldo dit :

    En faisant court, quelle est l’efficacité au sol d’une GBU 12 ?

    • HMX dit :

      Charge militaire de 70kg, conçue pour avoir un effet de pénétration contre cibles durcies et/ou blindées. En clair, la charge est conçue pour détruire des bâtiments ou infrastructures.
      Vous avez des vidéos sur Youtube, si vous voulez visualiser l’effet.

  12. aldo dit :

    Bien pris. Merci.