L’Espagne veut augmenter ses dépenses militaires de plus de 25% en 2023

Comme le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, l’a dit aux députés, la semaine passée, en matière de budgets militaires, il « est toujours tentant de se situer par rapport aux aux autres pays », avec des « concours de pourcentage de PIB » et en « nombre de milliards ». Cependant, a-t-il continué, il faut faire preuve « de la plus grande prudence sur les comparaisons car elles sont parfois hasardeuses. Néanmoins, il y a un standard OTAN et sur lequel, en tant que puissance fondatrice de l’alliance atlantique, nous tenons parole avec les 2% du PIB ».

Quoi qu’il en soit, si le projet de loi de finances [PLF] 2023 est voté en l’état par le Parlement, les dépenses militaires françaises augmenteront de 7,4% l’an prochain, pour atteindre les 43,9 milliards d’euros. Soit 36% de plus par rapport à 2017…

Cela étant, en matière de hausse de crédits militaires, et, pour avoir pendant trop longtemps différé ses efforts pour porter leur montant à 2% du PIB, contrairement à la France [mais aussi à d’autres pays de l’Otan], le gouvernement espagnol entend mettre les bouchées doubles en 2023. En effet, le 6 octobre, il a dévoilé un projet de budget prévoyant une hausse de plus de 25% des ressources destinées à ses forces armées.

Dans le détail, le montant du budget espagnol de la Défense devrait donc passer de 10,1 à 12,8 milliards d’euros. À l’enveloppe de 7,9 milliards destinée au ministère [soit +6,5% par rapport à 2022] viendront s’ajouter 4,9 milliards provenant d’une enveloppe devant financer les « programmes spéciaux de modernisation » [+72%], ce qui contribuera à « créer directement ou indirectement 22’667 emplois » au sein de la base industrielle et technologique de défense [BITD] espagnole.

« L’augmentation prévue du budget permettra à l’Espagne de maintenir ses capacités opérationnelles et d’acquérir de nouvelles capacités pour remplacer celles qui deviennent obsolètes », s’est félicité le ministère espagnol de la Défense.

À noter que ce projet de budget ne tient pas compte du fonds de « prévoyance » qui, doté d’environ un milliard d’euros, vise à financer les opérations extérieures et autres dépenses imprévues.

Ces ressources nouvelles permettront ainsi de financer des programmes en cours [avions Eurofighter EF-2000 et A400M, frégates F-110, sous-marins S-80, blindés VCR 8×8, etc]… et de lancer de nouveau projets, notamment en matière de patrouille aérienne maritime et de navires hydrographiques. Ce sont en tout cas les deux domaines clés cités par le ministère dans son communiqué.

Pour rappel, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a donné l’objectif de porter les dépenses militaires à 2% du PIB d’ici 2029… contre seulement 1,02% en 2022. Ce qui suppose de les augmenter progressivement de 26 milliards d’euros au cours de six prochaines années. « La guerre en Ukraine a ouvert les yeux des sociétés européennes et de la société espagnole : beaucoup ont compris que notre sécurité ne sera pas garantie indéfiniment », avait-il plaidé, lors du dernier sommet de l’Otan, en juin.

Seulement, de l’autre côté des Pyrénées, tout le monde n’est pas de cet avis… à commencer par les alliés politiques de M. Sanchez, dont le parti Podemos. D’ailleurs, celui-ci a affirmé qu’il n’avait pas été informé de l’ampleur de cette hausse du budget de la Défense espagnole.

Photo : Frégate F110

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