Après l’affaire du pont de Crimée, les forces russes visent les infrastructures énergétiques ukrainiennes

L’explosion survenue, le 8 octobre, sur le pont de Crimée, essentiel pour l’approvisionnement des forces russes déployées dans le sud de l’Ukraine, aurait été causée par un camion piégé appartenant à un habitant la région de Krasnodar [Russie], selon Moscou. Et elle a ensuite entraîné l’incendie de « sept citernes ferroviaires », puis l’effondrement de deux voies routières. Cependant, a affirmé le comité d’enquête russe, aucune arche de l’ouvrage d’art n’aurait été touchée.

Cela étant, chaque véhicule fait normalement l’objet d’un contrôle avant d’emprunter le pont de Crimée… Mais seule l’entrée du côté de Kertch serait dotée de scanner permettant de détecter la présence éventuelle d’explosifs. À noter que, sur des images de vidéosurveillance, on peut voir un navire s’engager subrepticement entre deux arches du pont quelques dixièmes de secondes avant l’explosion. Évidemment, il serait tentant de faire un lien avec le drone naval de surface inconnu récemment découvert sur une plage située non loin de la base de Sébastopol… L’une des hypothèses faites à son sujet étant qu’il transportait des explosifs.

Quoi qu’il en soit, si les autorités ukrainiennes ont ironisé sur les dommages infligés au Pont de Crimée, elles n’en ont pas revendiqué la responsabilité… Du moins pas encore.

Après avoir nommé le général Sergueï Sourovikine à la tête des opérations en Ukraine, le président russe, Vladimir Poutine, a qualifié l’explosion survenue sur le pont de Crimée « d’acte terroriste ». Et d’ajouter : « Les auteurs, les exécutants et les commanditaires sont les services secrets ukrainiens ». Dans le même temps, les services de sécurité russes ont fait état d’une « augmentation considérable » de tirs visant des territoires russes frontaliers de l’Ukraine.

Ce 10 octobre, alors que le chef du Kremlin doit réunir un « conseil de sécurité », les forces russes ont lancé une vaste campagne de bombardement contre l’infrastructure énergétique ukranienne, des frappes ayant été signalées dans les régions de Kiev, Khmelnytskiï, Lviv, Dnipro, Vinnitsia, Zaporijjia, Soumi, Kharkiv ou encore Jytomyr.

D’après le commandant en chef ukrainien, le général Valeriï Zaloujniï, la Russie aurait lancé « 75 missiles, dont 41 ont été abattus par [la] défense aérienne ». Et d’indiquer que des « drones de combat » ont également été utilisés. Probablement qu’il s’agit de munitions rôdeuses [ou téléopérées] Shahed-136, de conception iranienne.

Par ailleurs, Chisinau a affirmé que des missiles russes avaient violé son espace aérien. « Trois missiles de croisière lancés ce matin sur l’Ukraine par des navires russes en mer Noire ont traversé l’espace aérien moldave », a en effet déclaré Nicu Popescu, le ministre moldave des Affaires étrangères, précisant qu’il avait convoqué l’ambassadeur de Russie en Moldavie.

« Ils veulent la panique et le chaos, ils veulent détruire le système énergétique », a réagi Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, via une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. « Des coupures de courant temporaires sont possibles, mais il n’y aura pas d’interruption de notre confiance en la victoire », a-t-il poursuivi. « L’ennemi veut qu’on ait peur, que les gens fuient, mais nous ne pouvons aller que de l’avant et nous le montrons sur le champ de bataille », a-t-il insisté.

Lors d’un discours télévisé, ce 10 octobre, M. Poutine a confirmé des « frappes sur les cibles énergétiques à destination militaire » en Ukraine, en réponse à des « actes terroristes » ukrainiens.

« Sur proposition du ministère de la Défense et en conformité avec le plan de l’état-major, des frappes massives avec des armes de haute précision de longue portée ont été menées contre l’infrastructure énergétique, militaire et de communication de l’Ukraine », a en effet déclaré le chef du Kremlin. « Dans le cas d’autres actes visant la Russie, nos réponses seront dures et conséquentes, et de façon proportionnée à la menace, personne ne devra en douter », a-t-il également.

Cela étant, lors d’un entretien téléphonique, M. Zelensky a dit avoir demandé au président français, Emmanuel Macron, ainsi qu’au chancelier allemand, Olaf Scholz, d’apporter une réponse « dure » à la Russie.

« Nous avons échangé sur le renforcement de notre défense aérienne, sur la nécessité d’une réponse européenne et internationale dure, ainsi que d’une pression croissante sur la Russie », a indiqué le président ukrainien, via Twitter.

De son côté, l’Élysée a fait savoir que M. Macron a fait part de sa « vive inquiétude » lors de cet échange avec son homologue ukrainien. Il « a réaffirmé son soutien plein et entier aux côtés du président Zelensky, et l’engagement de la France à accroître son soutien à l’Ukraine en réponse aux besoins formulés par Kiev, y compris en matière d’équipement militaire » a précisé la présidence française.

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