M. Lecornu à propos des réservistes : « Contribuer à la défense nationale de son pays doit devenir un droit! »

« Il y a une loi morale qui règle la société, une légitimité générale qui domine la légitimité particulière. Cette grande loi et cette grande légitimité sont la jouissance des droits naturels de l’homme, réglés par les devoirs; car c’est le devoir qui crée le droit, et non le droit qui crée le devoir », a écrit François René de Chateaubriand…

Ceci ayant été rappelé, en temps de guerre ou de crise, contribuer à la défense de son pays est un devoir… En temps de paix, nul n’est tenu de servir sous les drapeaux. Du moins est-ce vrai depuis que les jeunes français n’ont plus le devoir de remplir leurs obligations militaires avec la suspension du Service national. Pour autant, faut-il instaurer un « droit » à « contribuer à la défense nationale » pour les civils qui voudraient signer un engagement à servir dans la réserve opérationnelle?

Visiblement, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, le pense. D’autant plus que, selon les annonces faites par le président Macron le 13 juillet dernier, il est question de doubler l’effectif de la réserve opérationnelle de niveau 1 [RO1]… Ce qui suppose de recruter environ 40’000 volontaires supplémentaires…

Volontaires qui devront pouvoir se libérer de leurs obligations professionnelles en cas de besoin. Ce qui, même si des conventions ont été signées avec de grandes entreprises, ne va pas forcément de soi pour les réservistes venus du secteur privé… En effet, il peut être compliqué pour une PME de se passer d’un employé possdédant un savoir-faire essentiel à son activité pendant plusieurs jours.

D’où la mise en place, par M. Lecornu, d’un groupe de travail qui aura la tâche d’identifier « les freins à l’engagement » au sein de la RO1 et de trouver les « leviers nécessaires pour y remédier, notamment en termes d’évolutions réglementaires et législatives », a précisé le ministère des Armées, le 6 octobre.

Ce groupe de travail réunira des militaires, des parlementaires, des associations ainsi que des représentants d’organisations patronales et syndicales. Il aura à « formuler des propositions » qui serviront à élaborer la prochaine Loi de programmation militaire [LPM].

« Contribuer à la défense nationale de son pays doit devenir un droit! Chaque français doit pouvoir s’engager comme réserviste militaire et participer à la protection de la Nation. Les armées se mettent en ordre de marche pour pouvoir proposer une fonction adaptée aux compétences et profils de chacun », fait valoir M. Lecornu.

Et si participer à la défense nationale devient un « droit », alors ceux n’ayant pas l’aptitude physique requise pour l’ensemble des spécialités proposées par les armées pourraient le faire valoir. C’est d’ailleurs l’un des sujets qu’aura à aborder le groupe de travail.

« Les critères d’admissibilité physique et de santé constituant parfois des barrières à l’engagement pourront, pour certaines missions confiées à des réservistes, être allégés », précise le ministère des Armées. Un autre axe de travail concernera les « conditions nécessaires pour créer un concours bienveillant des entreprises et des employeurs quant à leurs salariés réservistes », poursuit-il.

Cela étant, les pays nordiques ont trouvé une solution pour ne pas manquer de réservistes… En effet, un service militaire censé être obligatoire est en vigueur tant en Norvège qu’en Suède [où il a été rétabli en 2018, ndlr]. « Obligatoire » est effectivement un vain mot puisque seulement une fraction d’une classe d’âge est appelée sous les drapeaux. Ainsi, l’armée norvégienne ne sélectionne que les plus motivés [soit 10’000 hommes et femmes sur 60’000], ce qui correspond à ses besoins. Son homologue suédoise a adopté une approche identique.

Photo : Ministère des Armées

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