La Belgique cherche des partenaires pour produire des munitions « intelligentes » de petit calibre
Le 16 septembre, le gouvernement belge a approuvé un plan stratégique qui, appelé DIRS [Defense, Industry and Research Strategy], prévoit un investissement de 1,8 milliard d’euros entre 2022 et 2030 visant à « assurer la capacité de production de certains éléments d’importance stratégique » en Belgique.
« La guerre en Ukraine montre clairement que nous devons devenir moins dépendants en matière de défense et de sécurité, entre autres, et c’est au gouvernement de jouer un rôle », a fait valoir Ludivine Dedonder, la ministre belge de la Défense, lors de la présentation de cette stratégie, le 4 octobre.
Pour Mme Dedonder, il s’agit de faire en sorte que les forces armées belges soient « moins dépendantes des fournisseurs étrangers » pour leur approvisionnement en cas de besoin. Ce qui passera donc par une « base industrielle renforcée », avec, par exemple, des « partenariats établis entre l’industrie et le monde de la recherche dès les premières étapes de la recherche et du développement de futures capacités ».
Lors de la présentation de cette « DIRS », le général Frédéric Goetynck, qui est à la tête de la Direction générale des ressources matérielles [DGMR] a évoqué deux projets susceptibles d’intéresser aussi la France.
Ainsi, le premier consiste à créer une capacité de maintien en condition opérationnelle [MCO] des véhicules terrestres sur le site militaire de Rocourt. Ce projet devrait se concrétiser en 2025, soit au moment où la Défense belge prendre possession de ses premiers Véhicules blindés multirôles [VBMR] Griffon et Engins blindés de reconnaissance et de combat [EBRC] Jaguar, issus du programme français SCORPION.
« On veut éviter de générer des concurrences au sein du pays, en créant un partenariat entre la Défense et l’entreprise, qui sera un consortium d’entreprises réunies au sein d’un pôle fort, à même d’assurer l’entretien des futurs blindés », a précisé le général Goetynck, auprès de la presse d’outre-Quiévrain.
Le second projet évoqué par le patron de la DGMR concerne des munitions « intelligentes » de petit calibre, lesquelles seraient produites par l’armurier FN Herstal, auquel le ministère français des Armées a récemment commandé 2600 fusils de précision SCAR-H PR [Precision Rifle] pour les besoins de l’armée de Terre.
D’après le général Goetynck, ce projet pourrait être soutenu par la France, les Pays-Bas et le Luxembourg, l’idée étant, à terme, d’avoir en commun, des armes et des munitions identiques, ce qui permettrait de sécuriser les stocks.
Actuellement, la FN Herstal propose des cartouches aux normes de l’Otan dans les calibres 5,7x28mm, 5,56×45 mm, 7,62×51 mm, 9×19 mm et 12,7x 99 mm. Et aucune de ces munitions n’est dite « intelligente », c’est à dire qu’il n’est pas possible de modifier leur trajectoire une fois le coup parti. Et aucune précision n’a été donnée sur les intentions de la DMGR… si ce n’est que ce projet sera lancé dès qu’un « accord sur le financement et le nombre munitions que les nations pourront absorber » sera trouvé.
Cela étant, des travaux visant à développer des munitions « intelligentes » de petit calibre ont été menés ces dernières années. Notamment aux États-Unis, où la DARPA, l’agende du Pentagone dédiée à l’innovation, a financé le projet « Exacto » [Extreme Accuracy Tasked Ordnance]