Un F-15E américain a abattu un drone Mohajer-6 iranien près d’Erbil, en Irak

Depuis le 14 septembre, le gouvernement iranien est confronté à une vague de manifestations provoquée par la mort en détention de Mahsa Amini, une jeune arrêtée par la police des moeurs pour « port de vêtements inappropriés ». Et, malgré la répression dont il fait l’objet [il est question d’au moins 40 tués, ndlr], ce mouvement se poursuit et s’est même étendu à d’autres provinces du pays.

Réfugiés dans la région autonome du Kurdistan irakien, des groupes d’opposants kurdes iraniens qui, autrefois, menèrent une insurrection armée contre Téhéran, sont très actifs sur les réseaux sociaux pour soutenir les manifestations en Iran. En ont-ils trop fait aux yeux des autorités iraniennes?

Toujours est-il que, le 28 septembre, Téhéran a revendiqué plusieurs frappes contre ces organisations repliées en Irak. Les autorités du Kurdistan irakien ont fait état de « plus de 70 bombardements », menés avec des « missiles balistiques » et des « drones armés ». Le bilan provisoire de ces raids iraniens est d’au moins 13 tués et de 58 blessés, « en majorité des civils, dont des enfants de moins de dix ans ».

Ces frappes ont ainsi visé plusieurs partis d’opposition iraniens kurdes, dont le Komala, à Zrgoiz [près de Souleimaniyé], le Parti de la liberté du Kurdistan dans la région de Sherawa [sud d’Erbil] et le Parti démocratique du Kurdistan d’Iran [PDKI] dans celle de Koysinjaq.

À Téhéran, les médias d’État ont affirmé que le Corps des gardiens de la révolution [CGRI] avait visé « plusieurs quartiers généraux de terroristes séparatistes dans le nord de l’Irak avec des missiles de précision et des drones destructeurs ». Et cela a valu à l’ambassadeur d’Iran en Irak d’être convoqué par la diplomatie irakienne, afin de protester contre des attaques qu’elle a qualifiée « d’actions provocatrices ».

C’est dans ce contexte que le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale [US CENTCOM] a indiqué avoir abattu un drone iranien de type Mohajer-6 potentiellement armé.

« Vers 14h10, heure locale, les forces américaines ont abattu un véhicule aérien sans pilote Mohajer-6 iranien se dirigeant vers Erbil, car il apparaissait comme une menace pour les forces du CENTCOM » qui y sont déployées, a-t-il en effet indiqué dans un communiqué, dans lequel il a également condamné les attaques « aveugles » du CGRI, lesquelles menacent des « civils innocents et mettent en périle la stabilité durement acquise dans la région ».

D’après CNN, qui cite des responsables militaires américains, le Mohajer-6 a été abattu par un F-15E de l’US Air Force. Ce qui n’est pas une première étant donné que des drones iraniens – dont des Shahed-129 – ont déjà connu un sort identique en Syrie.

Selon les autorités irakiennes, l’une des frappes iraniennes aurait impliqué « vingt drones chargés d’explosif »… Ce qui suppose qu’il s’agissait de munitions rôdeuses de type « Shahed-136 ». Il est possible que le Mohajer-6 ait été utilisé pour les guider vers leur objectif, comme cela s’est vu lors d’une attaque russe contre Odessa, la semaine passée. Pour rappel, l’Iran a fourni de tels appareils à la Russie, qui les utilisent sous le nom de « Geran-2 ».

Quoi qu’il en soit, rapporte CNN, on estime à Washington que, en agissant de la sorte, Téhéran cherche à « détourner l’attention des manifestations » qui se déroulent actuellent en Iran. « Le lancement d’un si grand nombre de missiles balistiques [il est question de plusieurs dizaines, ndlr] soulève des inquiétudes quant aux intentions iraniennes à long terme et à une escalade potentielle », ont résumé les sources militaires de la chaîne d’information américaine.

Pour rappel, la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis [opération Inherent Resolve – OIR] maintient une présence militaire en Irak afin de conseiller et d’entraîner les forces de sécurité irakiennes face à l’État islamique [EI ou Daesh].

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]