Les forces russes ont attaqué le port d’Odessa avec des drones kamikazes « Shahed-136 » iraniens

La semaine passée, la découverte d’une munition téléopérée [ou rôdeuse] de type Shahed-136 [rebaptisée « Геран-2 » ou « Geran-2 »] dans la région de Kharkiv a confirmé l’affirmation du renseignement américain, selon laquelle l’Iran a livré « plusieurs centaines » de drone aux forces russes de « manière accélérée ».

Selon le témoignage du colonel Rodion Kulagin, commandant l’artillerie de la 92e brigade mécanisée de l’armée ukrainienne, ces Shahed-136 ont déjà détruit deux obusiers automoteurs de 152 mm, deux autres de 122 mm et des blindés BTR dans sa zone opérationnelle. Et cela après que la contre-offensive ukrainienne lancée au début du mois de septembre a contraint l’armée russe à abandonner la majeure partie de ses gains territoriaux réalisés lors de ces derniers mois.

« Dans d’autres régions, les Russes disposent d’une puissance de feu d’artillerie impressionnante, et ils s’en sortent. Ici [le secteur de Kharkiv, ndlr], ils ne bénéficient pas de cet avantage en artillerie et ils ont donc commencé à recourir à ces drones », a confié le colonel Kulagin au Wall Street Journal.

A priori, les Shahed-136 évoluent par paires : l’un cible un système radar tandis que l’autre fond vers sa cible. Directeur de la société de conseil stratégique Red Six Solutions, Scott Crino a expliqué au quotidien économique américain que ces munitions rôdeuses sont de nature à donner à l’armée russe un « contrepoids puissant » aux armes modernes livrées par les Occidentaux [et en particulier les États-Unis] aux forces ukraniennes.

« La présence de Shahed-136 modifie incontestablement les plans opérationnels de Kiev. Par sa seule dimension, le champ de bataille rend difficile la défense » contre de tels engins, a-t-il estimé.

Si ces Shahed-136 ont jusqu’à présent été utilisés dans le secteur de Kharkiv, les forces russes y ont visiblement eu recours pour attaquer le port d’Odessa, le 23 septembre, jour où, par ailleurs, les référendums d’annexion ont commencé dans quatres régions ukrainiennes contrôlées par Moscou.

Ainsi, selon le ministère ukrainien de la Défense, six Shahed-136 ont pu être abattus en vol… Mais deux d’entre-eux ont « détruit le bâtiment de l’administration dans le port ». Un civil, travaillant apparemment pour l’armée ukrainienne, a été tué. A priori, cette attaque serait une réponse à celles ayant récemment visé le quartier général de la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol.

Très peu de détails concernant le Shahed 136 sont disponibles. On sait que les Gardiens de la révolution en ont utilisé pour attaquer le pétrolier M/T Merce Street, en juillet 2021… Et que sa portée, selon les sources iraniennes, serait d’environ 2000 km.

Par ailleurs, le même jour, la force aérienne ukrainienne a abattu, au-dessus de la mer, et récupérer un Mohajer-6, un autre drone de conception iranienne mis en oeuvre par les Russes. Cet appareil, de conception récente, est principalement dédié aux missions ISR [renseignement, surveillance, reconnaissance]. Il peut emporter des missiles Qaem ou Almas.

Quoi qu’il en soit, et après l’attaque contre Odessa, l’Ukraine a annoncé son intention de « réduire significativement » sa présence diplomatique en Iran.

« En réponse à un acte aussi hostile, la partie ukrainienne a décidé de priver l’ambassadeur d’Iran en Ukraine de son accréditation et de réduire considérablement le nombre de membres du personnel diplomatique de l’ambassade d’Iran à Kiev », a en effet indiqué le ministère ukrainien des Affaires étrangères. « La partie iranienne a été informée que la fourniture d’armes iraniennes à la Russie […] contredit directement la position de neutralité, de respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine », a-t-il continué. Et de conclure : « Fournir à la Russie des armes pour faire la guerre à l’Ukraine est un acte hostile qui porte un coup sérieux aux relations Ukraine-Iran ».

Photo : archive

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]