Le sous-marin nucléaire d’attaque Suffren aperçu pour la première fois en Écosse

Hormis en 2000 et en 2007, quand l’Inflexible fit escale à Faslane, l’antre de la dissuasion britannique, la Marine nationale ne fait jamais de commentaire sur les missions de ses ses quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de la base de l’Île-Longue [Finistère].

En revanche, elle est un peu moins discrète lorsqu’il s’agit d’évoquer les déploiements de ses sous-marins nucléaires d’attaque [SNA]. Une telle attitude permet ainsi de donner plus de poids aux messages que la France cherche à faire passer, comme ce fut le cas en 2003, lorsque le Casabianca fit une visite à Severomorsk, l’objectif étant alors de montrer que Paris et Moscou avaient fini par tourner la page de la Guerre Froide pour entretenir un « dialogue constructif ». On n’est plus là aujourd’hui…

Plus récemment, le ministre des Armées a fait grand cas de la mission « Marianne », menée en Indo-Pacifique par le SNA Émeraude, accompagné par le Bâtiment de soutien et d’assistance métropolitains [BSAM] Seine. L’objectif était d’affirmer l’attachement de la France au droit maritime international et à la liberté de navigation, de démontrer sa capacités de protéger ses intérêts dans la zone et de renforcer ses liens militaires avec ses principaux partenaires régionaux.

Cela étant, cette approche n’a pas été celle de la mission « Confiance », qui a mobilisé le SNA Améthyste durant plus de six mois dans l’océan Indien. Ce n’est qu’après le retour du sous-marin à Toulon que la Marine nationale l’a officiellement évoquée.

Cependant, au même moment, quelques indiscrétions et déductions ont permis de savoir que le SNA Rubis avait été affecté au groupe aéronaval du porte-avions Charles de Gaulle et que les SNA Casabianca et Émeraude patrouillaient en Atlantique Nord. D’ailleurs, l’un deux fut repéré dans les eaux de la base navale de Faslane [ou HMNB Clyde] en avril dernier, peu avant l’arrivée du sous-marin américain USS Indiana [classe Virginia].

La Marine nationale – sauf erreur – ne fit aucun commentaire à ce sujet. Mais les Britanniques ne s’en privèrent pas, notamment via les réseaux sociaux, les approches de Faslane étant apparemment fréquentées par quelques photographes… Il faut dire que la Royal Navy communique souvent au sujet des mouvements de ses SNA, comme, du reste, l’US Navy.

Étant donné que la France, le Royaume-Uni et les États-Unis sont les seuls pays membre de l’Otan à dotés de sous-marins nucléaires, cette « réunion » de Faslane pouvait alors être vue comme un message adressé à la Russie, laquelle envoie régulièrement ses sous-marins patrouiller dans le passage appelé « GIUK » [Groenland, Islande, Royaume-Uni], crucial pour les lignes d’approvisionnement entre l’Amérique du Nord et l’Europe.

Quoi qu’il en soit, près de six mois plus tard, et d’après des photographies publiées sur les réseaux sociaux, le SNA Suffren, admis au service actif en juin dernier, est arrivé à Faslane, le 22 septembre. Il s’agit donc de sa première visite en Écosse. Et l’on peut donc supposer qu’il vient de patrouiller en Atlantique [ou qu’il s’apprête à la faire].

Pour rappel, premier d’une série de six sous-marins de type Barracuda, le Suffren affiche un déplacement de 5.300 tonnes en plongée. Il est reconnaissable par les barres en X de son appareil à gouverner. Mis en oeuvre par 60 sous-mariniers, il est équipé des technologies les plus récentes marines [automatisation, mât optronique, numérisation, recours à l’intelligence artificielle, etc]. Plus discret et plus manoeuvrable qu’un SNA de la classe Rubis, il peut emporter des missiles de croisière navale [MdCN], des missiles antinavires Exocet SM39 modernisés, des torpilles lourdes filoguidées F-21 et des mines.

Le Suffren « est l’outil de combat par excellence face à un ennemi symétrique. Il possède deux capacités différentielles essentielles que n’avaient pas les sous-marins précédents : il peut frapper loin et discrètement, avec des missiles de croisière – c’est une première en France – et conduire une opération spéciale en plongée, grâce au hangar de pont qui peut héberger des commandos ou des drones. Ce bateau a un panel d’actions bien plus important que ses prédécesseurs », a récemment résumé l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la Marine nationale, lors d’une audition parlementaire.

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