Pour l’Otan, la guerre en Ukraine est « loin d’être terminée » malgré le recul des forces russes

La contre-offensive lancée par les forces ukrainiennes depuis plusieurs jours a mis les troupes russes en grande difficulté dans la région de Kharkiv [est du pays], au point qu’elles ont abandonné quasiment toutes les positions qu’elles avaient conquises depuis le début 24 février dernier.

« Depuis le début du mois de septembre, nos soldats ont déjà libéré 6000 km2 de territoire dans l’Est et le Sud, et nous continuons d’avancer », a affirmé Volodymyr Zelenski, le président ukrainien, dans un message publié le 13 septembre.

« C’est la première contre-offensive que nous menons. Elle prouve que la Russie peut non seulement être stoppée, mais aussi battue », avait assuré, la veille, Dmytro Kuleba, le chef de la diplomatie urkrainienne, dans les colonnes du Journal du Dimanche. Et d’assurer que l’objectif est de « restaurer pleinement l’intégrité territoriale de l’Ukraine » même si cela allait « prendre du temps et exiger des sacrifices ».

En tout cas, certains voient dans cette avancé fulgurante des forces ukrainiennes un « tournant » dans cette guerre. Tel est le cas d’Olga Stefanishyna, la vice-Première ministre ukrainienne chargée des affaires européennes, qui, lors d’un entretien à France24, a affirmé que Kiev pourrait même reprendre le contrôle de la Crimée et des deux régions séparatistes du Donbass [celles de Donetsk et de Louhansk, ndlr].

Pour le moment, et selon un point de situation du ministère britannique de la Défense [MoD], les forces russes sont en train de se réorganiser, notamment en établissement une ligne défensive entre la rivière Oskil et la ville de Svatove.

L’état-major russe « considère probablement que le maintien du contrôle de cette zone est important car elle est traversée par l’une des rares voies principales de réapprovisionnement que la Russie contrôle encore depuis la région de Belgorod », a expliqué le MoD. Et d’ajouter : « La Russie tentera probablement de mener une défense obstinée de cette zone, mais il n’est pas certain que les forces russes de la ligne de front disposent de réserves suffisantes ou d’un moral adéquat pour résister à un nouvel assaut ukrainien concerté ».

Cela étant, ces derniers jours, plusieurs voix ont appelé à faire preuve de prudence sur l’issue de cette guerre. Ainsi, le chef d’état-major de la Budeswehr [forces fédérales allemandes], le général Eberhard Zorn, a expliqué que la contre-attaque ukrainienne avait « permis de reconquérir des lieux ou certaines parties du front, mais pas de faire reculer les forces russes sur un large front ». En outre, a-t-il continué, « il y a encore deux semaines, j’aurais dit que l’ensemble du Donbass serait aux mains des Russes dans six mois. Aujourd’hui, je dis qu’ils n’y arriveront pas ».

Les propos du général Zorn ont sans doute été influencés par un rapport confidentiel de l’Otan, dont la version allemande du magazine en ligne « Business Insider » a eu accès. La guerre en Ukraine est « loin d’être terminée » malgré la contre-offensive réussie des Ukrainiens contre les forces russes, est-il avancé dans ce document.

« Aucune des parties n’est susceptible de remporter une victoire décision pour l’instant », estiment ses auteurs, d’autant plus que les « troupes russes et ukrainiennes ne s’écartent pas de leurs objectifs militaires et politiques connus ».

La Russie « poursuit son attaque contre la région du Donbass quel qu’en soit le coût » et elle est même « susceptible d’intensifier ses opérations avec des moyens conventionnels », assure le document.

Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, n’a pas dit autre chose, lors d’un entretien diffusé par la BBC le 16 septembre. « Il est bien sûr extrêmement encourageant de voir que les forces armées ukrainiennes ont pu reprendre des territoires et également frapper derrière les lignes russes », a-t-il dit. Mais « en même temps, nous devons comprendre que ce n’est pas le commencement de la fin de la guerre, nous devons être préparés pour le long terme », a-t-il prévenu.

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