Pékin met en avant ses avions Chengdu J-20 lors du rapatriement de dépouilles de soldats chinois tués lors de la guerre de Corée

Si le régime nord-coréen a survécu à la guerre de Corée [1950-53], il le doit en grande partie à l’intervention militaire de la République populaire de Chine [RPC] contre les forces des Nations unies, réunies au sein d’une coalition formée par les États-Unis, avec le concours de plusieurs pays européens, dont le Royaume-Uni et la France.

Ainsi, en novembre 1950, une cinquante de divisions chinoises traversèrent le fleuve Yalu avant de lancer une contre-offensive victorieuse, avec l’appui d’une aviation prétendument nord-coréenne [mais dont les avions MiG-15 et les pilotes étaient en réalité fournis par l’Union soviétique, ndlr]. Officiellement, ces unités étaient composées de « Volontaires du peuple chinois »… Mais officieusement, elles appartenaient à la IVe Armée de l’Armée populaire de libération [APL], sous les ordres du général Peng Dehuai.

Plus tard, le front se stabilisa à la hauteur du 38e parallèle, lequel constitue aujourd’hui la frontière entre les deux Corées. Selon ses propres estimations, la Chine perdit environ 150’000 hommes durant cet engagement. Soit environ trois fois moins que celles évaluées par les États-Unis.

Quoi qu’il en soit, en 2014, Séoul et Pékin signèrent un accord pour rapatrier les dépouilles des soldats [ou « volontaires »] chinois tués lors de la guerre de la Corée vers leur pays d’origine. Et, depuis, neuf opérations de rapatriement ont été effectuées, la dernière ayant eu lieu ce 16 septembre.

Jusqu’alors, pour ce type de mission, la force aérienne de l’APL envoyait en Corée du Sud un avion de transport qui, une fois revenu dans l’espace aérien chinois, était escorté par deux chasseurs, généralement des Shenyang J-11, c’est à dire la version chinoise du Su-27 « Flanker » russe. Mais pas cette fois-ci puisque ce sont deux Chengdu J-20 qui ont accompagné un Y-20 revenant d’Incheon avec les restes de 88 combattants chinois à son bord.

Mis en service en 2017, soit six ans après son vol inaugural, le Chengdu J-20 est un avion de combat dit de « 5e génération » en raison de sa furtivité supposée.

« Ce sera la première fois que le puissant avion de chasse furtif J-20 sera déployé depuis que la force aérienne de l’APL a lancé de telles missions en 2015 », a souligné Global Times, journal proche du Parti communiste chinois [PCC]. « Cette décision montre la force croissante de l’APL, et le remplacement du J-11B par le J-20 montre que davantage d’avions de ce type sont en service », a aussi fait valoir Song Zhongping, un expert militaire. Mais pas seulement…

En impliquant ses avions de combat les plus modernes dans une mission devenue banale, la Chine envoie un autre message, au-delà de celui visant à affirmer de nouveau que ses capacités militaires ont significativement progressé en soixante-dix ans

En effet, cela lui permet de rappeler un épisode de la guerre de Corée durant lequel elle prit le dessus sur les forces occidentales – et notamment américaine – au point que le général MacArthur, qui les commandait, suggéra des frappes nucléaires sur la Mandchourie afin de rétablir la situation.

Photo : China Daily

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