Des sénateurs américains veulent une « refonte » de la politique militaire des États-Unis à l’égard de Taïwan

Quand les États-Unis décidèrent de reonnaître officiellement la République populaire de Chine [RPC], ils prirent l’engagement de rompre leur relations diplomatiques avec Taïwan, île considérée comme rebelle par Pékin, et d’adopter le principe de « Chine unique ». Dans le même temps, leurs liens avec Taipei devaient être précisés par le Taïwan Relations Act, adopté en 1979. C’est dans le cadre de ce texte que Washington livre des équipements militaires aux forces taïwanaises.

En décembre 2016, alors qu’il venait de remporter la course à la Maison Blanche, Donald Trump défraya la chronique pour avoir eu une conversation téléphonique avec Tsai Ing-wen, la présidente taïwanaise. Et, à l’unisson des autorités chinoises, ses opposants lui reprochèrent d’avoir commis un impair diplomatique et de remettre en cause le principe d’une seule Chine. Cela étant, même si son administration autorisa Taipei à se procurer des équipements militaires que les États-Unis étaient jusqu’alors réticents à lui fournir [char Abrams, F-16 Viper, missiles anti-navire Harpoon, etc], le Taïwan Relations Act resta en vigueur. Mais sans doute plus pour très longtemps…

En effet, et alors que Pékin accentue jour après jour sa pression militaire sur Taipei, le successeur de M. Trump à la Maison Blanche, Joe Biden a mis en place, peu après son investiture, un groupe de travail pour élaborer une stratégie militaire « ferme » face à la Chine. Et, au moins à deux reprises, il a affirmé que les États-Unis seraient prêts à défendre Taïwan en cas d’offensive chinoise… avant que son entourage ne modère ses propos.

Mais c’est au Congrès que les relations entre les États-Unis et Taïwan sont en passe d’être revues et corrigées… puisque le comité des Affaires étrangères du Sénat a adopté, le 14 septembre, un projet de loi qui, intitulé « Taïwan Policy Act of 2022 », prévoit d’accorder une aide militaire directe de 4,5 milliards de dollars aux forces taïwanaises et de contraindre l’exécutif américain à prendre des sanctions financières contre la Chine en réponse à toute « escalade dans les actes hostiles envers Taïwan ».

« Il s’agit de la plus importante refonte de la politique américaine à l’égard de Taïwan » depuis 1979 et l’adoption Taïwan Relations Act, ont valoir les sénateurs Bob Menendez [démocrate] et Lindsey Graham [républicain], à l’origine de ce texte.

Qui plus est, ce projet de loi vise également à accorder à Taïwan le statut d’allié majeur des États-Unis « hors Otan ». Celui-ci facilite l’achat d’équipements mlitaires américain tout en permettant de renforcer le niveau de coopération en matière de défense. Le Qatar et la Colombie sont les deux derniers pays à l’avoir obtenu.

Cela étant, en 2002, le Congrès avait déjà voté un texte exigeant que Taïwan soit « traité comme un allié majeur non membre de l’Otan » sans pour autant être désigné comme tel. Le « Taïwan Policy Act of 2022 » régulariserait, en quelque sorte, cette situation.

Cependant, ce projet de loi doit encore être adopté en séance plénière par le Sénat, puis par la Chambre des représentants. Il reviendra ensuite au président Biden de le promulguer s’il franchit ces différents obstacles.

« Nous continuerons à communiquer directement avec le Congrès sur ce texte », a commenté la porte-parole de la Maison Blanche, avant d’assurer que l’administration Biden « continuerait à approfondir son partenariat avec Taïwan avec un soutien diplomatique, économique et militaire fort ».

En attendant, à Pékin, on estime que projet de loi est un « mauvais signal » envoyé aux « indépendantistes » de Taïwan. « S’il continue à être discuté, d’avancer ou s’il est au final adopté, ce texte fera considérablement vaciller les fondements politiques des relations sino-américaines », a réagi Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Et d’insister : « La partie américaine doit respecter le principe d »une seule Chine’ et […] cesser de promouvoir cette loi liée à Taïwan. Ce n’est qu’en traitant prudemment et correctement les problèmes liés à Taïwan que l’on pourra éviter d’autres dommages aux relations sino-américaines ».

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