M. Macron : La France ne laissera « s’installer aucun désordre » en Méditerranée orientale

Remise en cause de la souveraineté d’Athènes sur certaines îles de la mer Égée, rupture du dialogue avec le gouvernement grec, des forces grecques accusées d’avoir « harcelé » ses avions de combat et, plus récemment, le cargo « Anatolian » [ex-Mavi Marmara], reprise de la prospection de gaz naturel en Méditerranée orientale, menaces militaires à peines voilées… La Turquie, par la voix de son président, Recep Tayyip Erdogan, a singulièrement durci le ton face à la Grèce depuis maintenant plusieurs semaines.

Dans cette affaire, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, ne tient pas à prendre parti, compte tenu de l’importance de la Turquie, qui contrôle les détroits menant à la mer Noire. « Nous exhortons la Grèce et la Turquie à régler leurs différends en mer Égée dans un esprit de confiance et de solidarité entre alliés. […] Cela signifie retenue et modération, et s’abstenir d’une quelconque action ou d’une rhétorique qui pourrait entraîner une escalade de la situation », a-t-il dit, en juin dernier.

Quant à l’Union européenne [UE], dont la Grèce est membre, elle a fait par de ses « graves préoccupations » après les dernières déclarations de M. Erdogan, celles où il a rappelé l’épisode d’Izmir/Smyrne, durant la guerre greco-turque de 1919/22.

« Nous attendons de la Turquie qu’elle s’abstienne de toute escalade verbale et qu’elle s’engage à promouvoir des relations de bon voisinage », a dit Peter Stano, le porte-parole du chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, le 5 septembre.

Et d’ajouter : « Dans les relations avec la Grèce, toute question en suspens devrait être abordée de manière pacifique, par un dialogue de bonne foi, dans le respect du droit international, et conformément au principe des relations de bon voisinage. La Grèce est un État membre de l’Union européenne et la souveraineté et l’intégrité des États membres de l’Union européenne doivent être respectées ».

D’autant plus que, si la situation venait à se dégrader davantage, Athènes pourrait invoquer l’article 42-7 du Traité sur l’Union européenne. « Au cas où un État membre serait l’objet d’une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir, conformément à l’article 51 de la charte des Nations unies », précise-t-il.

Lors d’une visite officielle à Paris, le 12 septembre, le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a répondu à Ankara. « Nous sommes prêts à affronter tous ceux qui nous menacent de débarquer dans nos îles, sur notre territoire », a-t-il assuré, alors qu’il était reçu à l’Élysée par le président Macron. « Nous sommes toujours ouverts à la discussion et au dialogue », a-t-il également affirmé.

Surtout, la Grèce peut compter sur le soutien de la France, les deux pays étant lié, depuis 2021, par un accord de coopération stratégique contenant une clause de défense mutuelle. C’est ce qu’a rappelé M. Macron, après avoir dénoncé les propos du président turc.

« Il y a bientôt un an, nous avions acté ici même à l’Elysée, un partenariat stratégique entre nos deux pays en matière de défense et de sécurité. Et cet accord avait comme fondement notre parfaite communauté de vues et de valeurs, notre attachement commun aux principes de liberté, de démocratie, de respect des Droits de l’Homme et du droit international, y compris le droit de la mer. Il est venu renforcer notre sécurité collective », a d’abord souligné le président français.

« En faisant vivre ce partenariat, nous œuvrons pour la souveraineté européenne, mais aussi pour la sécurité, la stabilité, la prospérité dans des régions d’intérêts communs. Notre pleine coopération et solidarité sur les enjeux stratégiques dans le domaine de la politique étrangère, en matière militaire, en matière d’industrie de défense revêt une valeur encore plus grande aujourd’hui compte tenu de la situation du continent », a ensuite soutenu M. Macron, avant d’évoquer les dernières déclarations de son homologue turc.

« Alors même que des provocations ont été réitérées et des propos inacceptables remettant en cause la souveraineté de la Grèce, je veux ici redire, comme j’ai eu l’occasion de le faire ainsi que notre ministre des Affaires étrangères, notre plein soutien avec clarté et fermeté », a affirmé le locataire de l’Élysée. « Ce partenariat stratégique vient de loin et ira loin et donc nous ne laisserons s’installer aucun désordre, en particulier en Méditerranée orientale et aucun désordre face à vous », a-t-il insisté.

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