La Marine nationale réforme la spécialité de navigateur timonier, soumise à de fortes tensions

Déterminer la position en mer, tracer un cap et déchiffrer les signaux visuels… Tels sont les savoir-faire indispensables à la bonne marche d’un navire, même à l’époque des systèmes autonomes et des aides à la navigation. D’où les spécialités d’officier chef de quart [OCDQ] et de navigateur timonier [NAVIT] que propose la Marine nationale.

Seulement, aussi indispensable soit-elle, la spécialité NAVIT peine à recruter… ce qui est de nature à affecter la disponibilité opérationnelle des unités. Selon la Marine nationale, trois causes peuvent expliquer ce manque d’attractivité : la disparité géographique des emplois, l’érosion du volontariat à l’embarquement et une « moindre appétence pour le brevet supérieur [BS] ». D’où la réforme de cette filière qu’elle a lancée cette année et qu’elle présente comme « ambitieuse ».

Afin de répondre aux besoins les plus immédiats, une filière « officier sous contrat passerelle » [OSC/PASS] va être créée en recrutant dans celle dite « commandement et services » [COSER] et parmi les volontaires aspiants chefs du quart [VOA CDQ]. L’objectif, est-il expliqué dans le numéro estival de Cols Bleus, est de « pallier le déficit conjoncturel » en officiers-mariniers titulaires du brevet supérieur de navigateur timonier « sur certaines unités et de renforcer l’état-major de petites unités comme les bâtiments de soutien et d’assistance métropolitains [BSAM].

Mais avant d’obtenir un brevet supérieur dans une spécialité, encore faut-il qu’un marin soit titulaire d’un brevet d’aptitude technique [BAT].

Pour cela, la Marine a décidé de supprimer le métier de matelot navigation [MONAV] et de transformer une partie des postes embarqués en postes de niveau BAT NAVIT. Et, pour rendre cette spécialité plus attrayante, les marins qui la choisiront auront l’occasion de piloter des drones de surface au sein de la flottille de lutte contre les mines ou de se voir confier la responsabilité de patron d’engins de débarquement amphibie [EDA-S]. Du moins une étude en ce sens est en cours.

En outre, la Marine nationale prévoit une nouvelle voie « rapide » pour de jeunes titulaires du BAT NAVIT afin de leur permettre d’exercer les fonctions de chef de quart sur de petites unités s’ils en ont le potentiel.

Quant au brevet supérieur, son accès prendra en compte l’expérience et les compétences de chaque officier marinier. Leur formation se fera en deux parties : d’abord avec un stage qualifiant chef de quart élémentaire destiné aux officiers de quart de « petit bâtiment/unité auxiliaire » [PBAT], puis avec une instruction « supérieure » pour ceux qui seront appelés à servir « sur les grandes passerelles ou à exercer des responsabilités de commandement sur les petites unités ».

Si les perspectives de carrière des navigateurs timoniers seront plus attrayantes, cela ne règle pas le problème de l’érosion du volontariat à l’embarquement, dû principalement à des considérations familiales… Aussi, la Marine nationale va proposer un « parcours couple » et un accompagnement au retour à l’embarquement après un congé maternité, ainsi que des « offres d’alternance à la vie embarquée en s’appuyant sur les différents leviers existants [affectations à terre – affectations hors spécialité – doubles équipages, etc.] et l’expérimentation d’une sélection par bassin d’emploi ».

Signe de l’importance accordée à cette spécialité, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Pierre Vandier, a présidé, fin août, sur le site de l’École navale, une cérémonie marquant la « renaissance » de l’École de manoeuvre et de navigation, dont l’origine remonte à 1866.

« Cette nouvelle école permet de renforcer l’encadrement des élèves pour mieux transmettre, elle offre une meilleure visibilité aux métiers de marin et elle conforte le site de Lanvéoc-Poulmic comme pôle d’excellence de la formation maritime de tous les marins », a expliqué le ministère des Armées.

« Former, c’est à la fois transmettre et transformer […] Je ne trouverai jamais de chef de quart, de timonier, de manœuvrier ou de guetteur, ‘sur étagère’, formés et prêts à l’emploi en dehors de nos écoles », a fait valoir l’amiral Vandier.

Photo : Marine nationale

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