La contre-offensive ukrainienne met l’armée russe en grande difficulté dans la région de Kharkiv

La semaine passée, l’état-major ukrainien a lancé la contre-offensive massive qu’il avait dit vouloir mener contre les forces russes établies dans la région de Kherson [sud de l’Ukraine]. Mais, au regard des derniers développements, il semblerait qu’il ait en réalité mené une opération dite de « déception » [ou de diversion] afin de cacher ses véritables intentions.

En effet, depuis maintenant plus de six jours, et grâce aux équipements fournis par les pays occidentaux [États-Unis en tête], les forces ukrainiennes progressent surtout dans la région de Kharkiv [est du pays], que l’état-major russe a très certainement délaissée pour renforcer ses positions dans celle de Kherson…

Selon Kiev, les forces ukrainiennes auraient ainsi repris 2000 km2 de terrain à l’armée russe. « C’est la première contre-offensive que nous menons. Elle prouve que la Russie peut non seulement être stoppée mais aussi battue », a commenté Dmitri Kouleba, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, dans les colonnes du Journal du Dimanche. « Si nous joignons nos efforts, que la force morale et les sacrifices des Ukrainiens se conjuguent aux armes fournies par l’Occident, nous pouvons gagner », a-t-il ajouté.

L’avancée des forces ukrainiennes est telle que les gains territoriaux faits par la Russie depuis le lancement de la seconde phase de son offensive, après avoir échoué à prendre Kiev, ont pratiquement été effacés. Les troupes russes ont ainsi perdu le contrôle d’une trentaine de localités dans la région de Kharkiv, dont celle de Loupiansk, carrefour ferroviaire essentiel à son approvisionnement dans le Donbass.

A priori, l’armée russe recule sans combattre, abandonnant derrière elle matériels et munitions. Comme dans le secteur d’Izioum, qu’elle utilisait jusqu’alors comme base logistique pour ses opérations dans l’est de l’Ukraine. C’est, du moins, ce que suggèrent des images diffusées sur les réseaux sociaux. Ancien officier russe et éphémère ministre de la Défense de la république populaire de Donetsk, Igor Girkin n’a pas hésité à parler d’une « défaite majeure » et de « crise opérationnelle aiguë » dans l’un de ses commentaires qu’il publie régulièrement sur le réseau Telegram et qui a été mentionné par l’agence Reuters a fait état.

Dans l’attente de l’arrivée de renforts [annoncés par Moscou le 9 septembre], l’état-major russe a dit avoir donné l’ordre à ses troupes de se redéployer dans la région de Donetsk. « Dans le but d’atteindre les objectifs affichés de l’opération militaire spéciale de libération du Donbass, il a été décidé de regrouper les forces russes stationnées dans les districts de Balakliia et Izioum », a en effet déclaré le général Igor Konachenkov, le porte-parole du ministère russe de la Défense, selon l’agence Tass.

Dans une chronique, qu’il donna naguère au Figaro, l’écrivain Jean Dutourd, avait soutenu que le mot « redéploiement » désignait un « changement de dispositif [à moins que ce ne soit tout simplement la retraite] d’un corps de troupe engagé dans une opération stupide et qui s’est fait flanquer une pile ». Et c’est justement l’impression que laisse l’annonce de Moscou…

En outre, il est à noter que les forces aériennes russes ne semblent pas être en mesure de mettre un coup d’arrêt à la contre-offensive ukrainienne. Ce 11 septembre, celles-ci ont d’ailleurs affirmé avoir abattu un bombardier tactique Su-34 « Fullback », le onzième depuis le 24 février.

Photo : char T-72 russe capturé par l’armée ukrainienne / capture d’écran

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