La doctrine nucléaire de la Corée du Nord n’exclut pas des frappes « préventives » et « automatiques »

Le jour où la péninsule coréenne sera « dénucléarisé » n’est pas près d’arriver… Et les efforts diplomatiques consentis notamment par l’administration Trump, en 2018, pour atteindre cet objectifs auront été vains. Au plus auront-ils permis à Kim Jong-un, le chef du régime nord-coréen, de rencontrer un président américain… Ce que ses prédécesseurs n’étaient pas parvenus à faire.

Ayant fait l’objet d’un bref moratoire, avec le démantèlement du site d’essai de Puggye-ri, les activités nucléaires de la Corée du Nord sont reparties de plus belle. Ou, du moins, elles se sont intensifiés… étant donné qu’il est très probable qu’elles n’aient jamais vraiment été suspendues, malgré les affirmations de Pyongyang.

Ainsi, dans un rapport publié le 7 septembre [.pdf], l’Agence internationale de l’énergie atomique [AIEA] a affirmé que les activités nucléaires nord-coréennes restent la « source de graves préoccupations ». Et d’estimer « vraiment troublante » la « réouverture du site d’essais nucléaires » de Puggye-ri ainsi que l’expansion des capacités d’enrichissement de matières fissiles et l’exploitation d’un réacteur d’une capacité de cinq mégawatts ». Et cela, alors que la Corée du Nord est visée par des sanctions internationales censées entraver, voire empêcher ses ambitions dans ce domaine ainsi que son programme de missiles balistiques.

Cela étant, Séoul a récemment proposé à Pyongyang une aide économique en échange de sa dénucléarisation… Offre qui a catégoriquement rejetée… Et pour cause.

Le 8 septembre, Kim Jong-Un a déclaré que le statut de puissance nucléaire de la Corée du Nord était désormais « irréversible ».

« Il est totalement hors de question [pour nous] de renoncer à l’arme nucléaire, et il ne saurait y avoir de dénucléarisation ou de négociation », a-t-il en effet déclaré, lors d’un discours devant le Parlement nord-coréen. Et d’ajouter : « Tant qu’il y aura des armes nucléaires sur terre, que l’impérialisme persistera et que les manœuvres des États-Unis et de leurs partisans contre notre pays ne seront pas terminées, notre travail pour renforcer la force nucléaire ne cessera pas ».

Et, le lendemain, la Corée du Nord a adopté une loi autorisant des frappes nucléaires « préventives », pouvant être déclenchées « automatiquement » et « immédiatement pour anéantir des forces hostiles » en cas de menaces imminentes contre Pyongyang.

Selon l’agence de presse officielle KCNA, ce texte précise que la Corée du nord peut avoir recours à sa force de frappe « en cas d’attaque nucléaire ou non nucléaire par des forces hostiles contre les dirigeants de l’État et l’organisation du commandement des forces nucléaires de l’État ».

Cette loi n’est pas une surprise : elle avait en effet été annoncée en avril dernier par le maître de Pyongyang. « La Corée du Nord doit être en mesure de « contenir et de contrecarrer à titre préventif toutes les tentatives dangereuses et les menaces si nécessaire », en développant son arsenal nucléaire afin de disposer d’une « force militaire écrasante qu’aucune puissance au monde ne peut provoquer », avait en effet déclaré le chef du régime nord-coréen.

Selon le Stockholm International Peace Research Institute [SIPRI], la Corée du Nord disposerait jusqu’à vingt ogives nucléaires et posséderait suffisamment de matière fissile pour en produire au moins 45 de plus. Cependant, on ignore si les ingénieurs nord-coréens ont réussi à miniaturiser suffisamment des têtes nucléaires pour les placer ensuite dans la coiffe d’un missile balistique. En tout cas, la Defense Intelligence Agency [DIA, renseignement militaire américain] estime cela probable.

Quant à l’emploi possible de l’arme nucléaire en premier, la Corée du Nord n’est pas le seul pays à l’envisager, la doctrine américaine, pour ne citer qu’elle, étant ambiguë sur ce sujet. « Les États-Unis ne veulent pas s’interdire de dégainer les premiers l’arme nucléaire en cas de conflit », avait ainsi fait valoir Ashton Carton, alors chef du Pentagone, en septembre 2016.

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