Pour recruter plus de réservistes, le ministère des Armées pourrait revoir ses critères d’aptitude physique

Doubler le nombre de réservistes opérationnels : tel est l’un des objectifs que le président Macron a donné au ministère des Armées lors de son allocution prononcée à l’Hôtel de Brienne, le 13 juillet dernier.

Évidemment, seule la réserve opérationnelle de niveau 1 [RO1] est concernée par le propos du chef de l’État, celle de niveau 2 ne concernant que les anciens militaires soumis à une obligation de disponibilité de cinq ans après avoir quitté l’uniforme. Environ 30’000 sont ainsi susceptibles d’être mobilisés.

Selon des chiffres publiés en 2019, la RO1 comptait 38’500 volontaires ayant signé un contrat d’engagement à servir dans la réserve [CESR], dont 60% au titre de l’armée de Terre. Reste donc à en recruter autant dans les mois à venir. Et ce ne sera pas forcément simple, notamment en raison des impératifs professionnels.

Dans un entretien publié par le quotidien Le Figaro, ce 5 septembre, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a avancé quelques pistes. Et la première consisterait à revoir certains critères d’admission au sein de cette RO1, en particulier ceux ayant trait à l’aptitude physique.

« Pour augmenter le nombre de réservistes, il faut aussi réfléchir aux critères d’admissibilité physique ou de santé. Certains concitoyens sont refusés pour leur poids ou leur âge. Or, ils peuvent être détenteurs d’une compétence cyber, par exemple, essentielle! », a en effet affirmé le ministre.

Pour déterminer l’aptitude physique d’un candidat à un engagement, on établit le SIGYCOP [membres Supérieurs, membres Inférieurs, état Général, Yeux, sens Chromatique, Oreilles et Psychisme], chacune de ses variables pouvant prendre une valeur allant de 1 à 6 [sauf pour le C et le P]. Les chiffres ainsi obtenus permettent ainsi d’évaluer son profil médical… et de l’orienter vers une spécialité. Ainsi, pour servir dans les troupes aéroportées, il faut un « score » de 2123321.

Par ailleurs, M. Lecornu a aussi estimé que les 40’000 réservistes relevant de la RO1 ne « sont pas toujours suffisamment bien utilisés ». D’où une « réflexion profonde » en cours pour revoir son organisation. « En cas de menace hybride ou de crise, les réserves peuvent jouer un rôle majeur pour permettre aux armées de monter en puissance, y compris en suppléant les militaires d’active appelés à d’autres tâches », a-t-il ajouté.

Aussi, a continué le ministre, « il faut bien identifier nos besoins ». Et le Service de santé des armées [SSA] devrait être prioritare. Il « soutient la condition opérationnelle de nos soldats mais il a aussi été mobilisé au moment des attentats ou durant la crise covid. Démultiplier les réserves au sein du SSA est une priorité. Je vais lancer un appel aux forces médicales civiles et propser une nouvelle génération de contrat d’engagement dans la réserve », a-t-il ainsi expliqué.

Cela étant, et outre les critères d’aptitude physique, M. Lecornu a fait part de son intention de consulter « bientôt le patronat et les syndicats » au sujet de la « disponibilité octroyée aux réservistes ». Celle-ci, a-t-il poursuivi, pourrait « par exemple s’apprécier en fonction du contexte
de crise ». Enfin, il a aussi avancé l’idée d’une « territorialisation » des réserves, « notamment dans les départements dans unité militaire d’active ». Ensuite, a-t-il conclu, il se posera sans doute « la question d’aller au-delà du doublement de l’effectif global ».

Cependant, l’un des axes d’effort que le ministre n’a pas cité est celui de la fidélisation des réservistes. Un rapport parlementaire publié en 2021 avait relevé que le « taux d’attrition » des réservistes de la RO1 de l’armée de Terre était de 20 à 22%…

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