L’Iran confirme avoir des discussions pour se procurer des avions de combat Su-35 auprès de la Russie

Depuis plusieurs mois, des rumeurs contradictoires circulent au sujet de la vente de trente avions de combat multirôles Su-35 Flanker E par la Russie à l’Égypte. La seule certitude est que le contrat existe bien étant donné qu’un avis de marché relatif à cette commande avait été publié par un site gouvernemental russe en mai 2020.

Puis certaines sources affirmèrent que les cinq premiers exemplaires avaient été livrés aux forces aérienne égyptiennes… Ce qui fut remis en cause le magazine Air & Cosmos qui, sur la foi d’une analyse OSINT [renseignements en sources ouvertes], démontra le contraire… les Su-35 en question n’ayant jamais quitté la Russie.

« Ainsi, entre décembre 2020 et octobre 2021, l’ensemble du premier lot de production aura été identifié à Moscou avec 15 appareils supplémentaires sur le sol de l’usine de production à Komsomolsk-sur-Amour, sans aucune preuve concrète que le Su-35 n’ait foulé la terre des Pharaons », avait affirmé le magazine, en janvier dernier.

L’explication la plus probable est que l’Égypte a renoncé à son achat de Su-35 « Flanker E » pour ne pas s’exposer aux rigueur de la loi américaine dite CAATSA [Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act], laquelle prévoit d’éventuelles sanctions contre toute entité ayant signé des contrats avec l’industrie russe de l’armement. L’application de ce texte est cependant à géométrie variable : si la Turquie en a fait les frais pour avoir commandé des systèmes de défense aérienne S-400, l’Inde y a échappé…

Quoi qu’il en soit, il a aussi été avancé que ces Su-35 pourraient être repris par l’Iran, dans le cadre d’un « partenariat stratégique » annoncé en 2021 et qui devait être signé en janvier à l’occasion d’une visite officielle à Moscou d’Ebrahim Raïssi, le président iranien. Mais là encore, aucune annonce concernant ces avions ne fut faite…

Cela étant, la piste iranienne a récemment été relancé, après que le renseignement américain a affirmé que la Russie avait l’intention de se procurer différents types de drones auprès de l’Iran, dont des Shahed-129, des Shahed-191 [copie du RQ-170 Sentinel américain] et munitions téléopérées Shahed-136. Et cela, en échange d’avions Su-35.

Début août, un compte Twitter spécialisé dans le renseignement en sources ouvertes cita des sources non officielles affirmant que des pilotes et des techniciens iraniens étaient arrivés en Russie pour prendre en main le Su-35 « Flanker-E ». N’étant pas en mesure de confirmer cette information de manière indépendante, l’Institute for the Study of War [ISW] avait estimé qu’elle était « cohérente » avec de précédents rapports selon lesquels la Russie et l’Iran était engagés dans une coopération de plus en plus importante dans le domaine de l’aéronautique, en vue de « contourner les sanctions internationales » visant Moscou pour la guerre en Ukraine.

« Si cela est vrai, cette affirmation suggère que l’Iran pourrait recevoir des avions russes Su-35 en échange des drones, ce qui aurait pu faire partie d’un accord signé par Moscou et Téhéran le 26 juillet », avait résumé le centre de recherches américain.

En tout cas, cette hypothèse a pris de la consistance avec les récentes déclarations du général Hamid Vahedi, le chef des forces aériennes iraniennes. En effet, dans un entretien accordé à l’agence de presse Borna, il a affirmé que l’achat de Su-35 auprès de la Russie était « à l’ordre du jour ».

« Nous espérons pouvoir obtenir ces chasseurs de génération 4+ à l’avenir », a ajouté le général Vahedi, avant de rappeler que la décision de les acquérir reviendrait à l’état-major des forces armées iraniennes. Le nombre d’avions concernés n’a pas été précisé.

Cela étant, Téhéran ne devrait pas manquer l’occasion d’acquérir des avions de combat récents… au regard de l’état des forces aériennes iraniennes, celles-ci disposant d’appareils livrés durant le règne du Shah, dont des F-14 Tomcat, des F-4 Phantom II et des F-5. Leur maintien en condition opérationelle [MCO], compte tenu des sanctions ayant visé l’Iran [et qui ont été levées en 2020, nldr], étant aléatoire… À noter qu’elles mettent aussi en oeuvre des MiG-29 « Fulcrum » et des Su-24 « Fencer » de facture russe.

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