Taïwan exercera son droit à la légitime défense en cas d’incursion chinoise dans ses approches aériennes et maritimes

Étant donné les manoeuvres d’une ampleur inédite lancées par Pékin après la visite à Taipei de Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants du Congrès des États-Unis, on pouvait se douter que le nombre des incursions chinoises dans la zone d’identification de défense aérienne [ADIZ] de Taïwan allait atteindre un niveau record… Et effectivement, selon un décompte effectué par l’AFP selon les chiffres communiqués par le ministère taïwanais de la Défense, 446 ont été constatées pour le seul mois d’août. À titre de comparaison, 969 avaient été recensées en 2021.

Le 31 août, le ministère taïwanais de la Défense a dit avoir reperé, dans ses approches maritimes et aériennes, sept navires [dont il n’a pas précisé le type] et 62 avions militaires chinois [dont des chasseurs J-16, des bombardiers tactiques JH-7 et des appareils de guerre électronique].

Cela étant, il n’est pas précisé si les incursions de drones dans l’espace aérien taïwanais sont prises en compte, comme celle du 16 août, quand un tel appareil – présenté comme étant civil – a photographié le poste de garde d’une caserne implantée dans l’île de Kinmen. L’une des clichés et une vidéo ont ensuite été diffusés sur le réseau social chinois Weibo, dans ce qui semble être une opération d’influence.

D’ailleurs, pour prévenir ce qu’elle a estimé être des « provocations » visant à créer et maintenir des tensions sans pour franchir le seuil du conflit ouvert, la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, a prôné la retenue… tout en demandant à son ministre de la Défense d’élaborer des « contre-mesures ».

« Je veux dire à chacun que plus l’ennemi provoque, plus nous devons être calmes. […] Nous n’allons pas provoquer une guerre », a-t-elle dit, lors d’une visite à une base aérienne implantée sur l’île de Penghu, le 30 août. Mais « j’ai demandé au ministère de la Défense de prendre de fermes contre-mesures au moment approprié pour défendre la sécurité de [notre] espace aérien », a-t-elle ajouté.

Le même jour, trois drones chinois, encore décrits comme étant « civils », ont encore survolé les îles de Kinmen, avant d’en être chassés après le lancement de fusées éclairantes et de tirs de semonce. Puis, l’armée taïwanaise a fini par en abattre un, au cours d’une nouvelle incursion dans une « zone d’accès restreint », au-dessus de l’îlot du Lion. « Les troupes stationnées ont suivi les procédures pour avertir le drone, mais sans succès. Le drone a été abattu dans un tir défensif », a expliqué Taipei, ce 1er septembre.

Quelques heures plus tôt, l’état-major taïwanais avait adressé une claire mise en garde à Pékin en cas d’incursion dans les 12 milles entourant l’île.

« Plus les incursions seront proches de Taïwan, plus nos contre-mesures seront fortes », a déclaré le général Lin Wen-Huang, chef adjoint de l’état-major général taïwanais pour les opérations et la planification, lors d’un point de presse.

« Pour les avions et navires chinois qui entrent dans nos eaux territoriales et notre espace aérien à moins de 12 milles de l’île, l’armée nationale exercera le droit de légitime défense et de contre-attaque sans exception », a-t-il ensuite prévenu.

Jusqu’à présent, il semblerait que l’Armée populaire de libération [APL] se soit abstenue de franchir ces limites… Même si elle s’en est approchée lors des manoeuvres qu’elle a menées après la visite de Mme Pelosi. Sauf quand elle a tiré des missiles balistiques en direction de la zone économique exclusive [ZEE] du Japon… Missiles qui ont survolé Taïwan avant de s’abîmer en mer.

À Pékin, l’avertissement du général Lin a été balayé d’un revers de manche par Zhao Lijian, le porte-parole de la diplomatie chinoise. « Taïwan est une province de la Chine et elle n’a pas de ‘ministère de la Défense’. Les actions des autorités taïwanais pour aggraver les tensions ne veulent rien dire », a-t-il dit.

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