Les Îles Salomon imposent un moratoire sur les escales de navires militaires étrangers

Si le patrouilleur USCG Oliver Henry, de l’US Coast Guard, n’a pas pu faire escale à Honiara [Îles Salomon] pour se ravitailler, ce n’est pas parce qu’il a essuyé un refus de la part du gouvernement salomonais, qui, d’ailleurs, a accepté la venue de l’USNS Mercy, un navire-hôpital de la marine américaine. Non. S’il a dû finalement se dérouter vers Port Moresby [Papouasie-Nouvelle-Guinée], c’est parce que les autorités compétentes n’ont pas été en mesure de traiter sa demande aussi rapidement qu’elles l’auraient voulu, faute d’avoir reçu les « informations appropriées » à temps.

Telle est l’explication donnée ce 29 août par le bureau de Manasseh Sogavare, le Premier ministre des Îles Salomons, après que l’on a appris que l’USCG Oliver Henry, alors engagé dans l’opération de police des pêches « Island Chief »], a été contraint de renoncer à une escale dans cet archipel, par ailleurs soumis à une forte influence exercée par la Chine.

Prenant également part à l’opération « Island Chief », le patrouilleur britannique HMS Spey n’a pas pu, lui aussi, faire relâche dans les Îles Salolon comme prévu. Mais là, a indiqué le bureau de M. Sogavare, c’est parce que la demande d’autorisation d’entrer dans les eaux territoriales de l’archipel avait été retirée par le haut-commissariat du Royaume-Uni à Honiara. À noter que dans son communiqué, il parle du « HMAS Spey », comme si ce navire appartenant à la marine australienne… Ce qui ne fait pas très sérieux.

Quoi qu’il en soit, pour les autorités salomonaises, les cas de l’USNC Oliver Henry et du HMS Sprey justifient, à leurs yeuxs, un « moratoire » sur les mouvements des navires de guerre étrangers dans les eaux territoriales de l’archipel, le temps de revoir les procédures et le processus de délivrance des autorisations pour les permettre. Et tant que ce travail ne sera pas achevé, les demandes d’escale ne seront pas examinés. Du moins, c’est ce que laisse entendre le communiqué.

En outre, celui-ci évoque, sans plus de précision, des « expériences malheureuses » de navires militaires étrangers ayant navigué dans les eaux des Îles Salomon sans en avoir préalablement reçu l’autorisation. Aussi, Honiara « souhaite donc éviter que de tels incidents ne se reproduisent ».

Cela étant, il reste à voir si ce moratoire s’appliquera à la marine chinoise… Ce qui ne devrait pas être le cas, sauf à mettre en défaut l’accord récemment conclu par Pékin et Honiara. Celui-ci précise en effet que la Chine, « selon ses propres besoins, pourra procéder à des visites avec ses bateaux, pour apporter du réapprovisionnement logistique, conduire des escales et des transits ».

En attendant, la diplomatie américaine a pris note des explications fournies par le bureau de M. Sogavare. « Le 29 août, les États-Unis ont reçu une notification officielle du gouvernement des Îles Salomon concernant un moratoire sur toutes les visites navales, dans l’attente de mises à jour des procédures protocolaires », a fait savoir l’ambassade des États-Unis en Australie.

De son côté, et alors que l’annonce faite par les autorités salomonaises coïncident avec le 80e anniversaire du début de la bataille de Guadalcanal [qui fut crucial pour maintenir les lignes d’approvisionnement entre l’Australie et les États-Unis], le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche [NSC], John Kirby, a estimé qu’il est « regrettable » de voir les Chinois « essayer d’intimider et de contraindre les nations de l’Indo-Pacifique à faire leur travail et à servir ce qu’ils croient être leurs intérêts égoïstes de sécurité nationale, plutôt que les intérêts plus larges d’un Indo-Pacifique libre et ouvert ».

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