La Grèce se défend d’avoir commis un geste « hostile » contre des chasseurs-bombardiers F-16 turcs

À la fin des années 1990, la Chypre fit l’acquisition de deux systèmes de défense aérienne S-300 auprès de la Russie. Seulement, la Turquie et la République turque de Chypre du Nord [RTCN] en prirent ombrage, ce qui donna lieu à une crise régionale, avec la menace d’une intervention militaire à la clé. Tout s’arrangea quand la Grèce décida de reprendre les deux batteries en question pour les installer en Crète, où elles furent utilisées pour la première fois en décembre 2013, à l’occasion de l’exercice Lefkos Aetos [Aigle Blanc].

Par la suite, et selon des informations de l’agence Reuters [non confirmées officiellement], ces deux S-300 désormais grecs auraient discrètement servi à l’entraînement des pilotes de combat israélien, à un moment où la Russie envisageait de déployer de tels systèmes en Syrie [ce qui sera effectivement le cas en 2018, ndlr].

Depuis, et alors qu’elle a été évincée du programme américain de chasseurs-bombardiers de 5e génération F-35 pour avoir acquis le système de défense aérienne russe S-400 « Triumph », jugé incompatible avec ceux de l’Otan dont elle est membre, la Turquie fait régulièrement valoir que la Grèce se trouve dans le même cas qu’elle avec ses deux batteries S-300…

Mais cet argument n’a pas fait mouche pour le moment… Et Athènes est même sur le point de commander des F-35 tout en étant en train de moderniser ses F-16 en les portant au dernier standard « Viper ». Tout ce qu’Ankara n’a pas pu obtenir, pour le moment, de Washington.

C’est donc dans un tel contexte que sont apparues les accusations portées par la Turquie à l’encontre de la Grèce. En effet, le 28 août, des sources du ministère turc de la Défense ont expliqué que des F-16 de leurs forces aériennes avaient été « verrouillés » par le radar de conduite de tir d’un S-300 grec, alors qu’ils étaient en « mission de reconnaissance » à 10’000 pieds, à l’ouest de l’île de Rhodes.

« C’est une action hostile, selon les règles d’engagement de l’Otan », ont fait valoir ces sources militaires, selon la presse turque, précisant que cet incident présumé s’était produit le 23 août. Cela étant, les F-16 « ont accompli leurs missions prévues et sont retournés à leur bases en toute sécurité », ont-elle assuré. En tout cas, ont-elles souligné, « cela montre que la Grèce exploite normalement les S-300 ».

Cela étant, des sources militaires citées par la chaîne de télévision publique grecque ERT ont catégoriquement démenti les affirmations d’Ankara. « Le système de défense grec de missiles S-300 n’a jamais verrouillé de jets F-16 turcs », ont-elle assuré.

Par ailleurs, un autre incident a opposé des F-16 turcs et grecs, au sud de l’île de Lesbos. Ainsi, le 25 août, Ankara a prétendu que ses les premiers avaient été « harcelés » par les seconds alors qu’ils devaient prendre part à un exercice de l’Otan impliquant deux bombardiers B-52H Stratofortress américains.

Là encore, les autorités grecques ont réfuté de telles accusations. S’agissant du « harcelèlement » des F-16 turcs, elles ont avancé qu’ils se trouvaient dans la « Flight Information Region » [FIR] d’Athènes sans s’être préalablement annoncés, c’est à dire sans plan de vol.

« Notre force aérienne est obligée de procéder à des manœuvres d’identification de tout avion pénétrant dans la FIR d’Athènes sans avoir soumis de plan de vol ainsi que d’intercepter les appareils violant l’espace aérien national », explique d’ailleurs le ministère grec des Affaires étangères, dans l’un de ses dossiers thématiques sur les relations turco-grecques.

« Les F-16 grecs ne font pas d’actions illégales et ne harcèlent pas les avions d’autres États. Ils sont là pour défendre l’espace aérien grec », a réagi le gouvernement grec, évoquant une « provocation turque ».

Passées au second plan avec la guerre en Ukraine, les tensions entre la Grèce et la Turquie restent vives en raison de leurs différends territoriaux, amplifiés par les perspectives d’exploitation de gaz naturel en Méditerranée orientale. En mai, la diplomatie turque a ainsi remis en cause la souveraineté d’Athènes sur des iles de la mer Égée… Puis, le mois suivant, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a décidé de rompre le dialogue avec la partie grecque, en dénonçant un « accord de haut conseil stratégique ».

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