La force aérienne suédoise pourrait perdre la moitié de ses pilotes de chasse à cause de tensions sociales
Comme la plupart de ses homologues occidentales, la force aérienne suédoise [Svenska Flygvapnet] peine à recruter et, surtout, à retenir ses pilotes de chasse, dont le nombre est confidentiel. Et cette situation risque de s’aggraver dans les semaines à venir… alors que la Suède s’apprête à rejoindre l’Otan et que les tensions en Europe n’ont jamais été aussi élevées depuis la fin de la Guerre Froide.
En effet, selon la presse suédoise, de nombreux pilotes de la Svenska Flygvapnet menacent de prendre un congé, voire de démissionner, en raison d’une « longue crise de confiance au sein des forces armées ».
Ce qui a mis le feu aux poudres est la nouvelle convention de retraite [appelée PA16], qui concerne l’ensemble des agents de l’État. Celle-ci a relevé l’âge de la retraite à 67 ans, sans distinction et sans aucune compensation. En clair, les pilotes militaires suédois, qui pouvaient quitter le service à l’âge de 55 ans, devront rester au sein de l’armée pendant 12 ans de plus… Évidemment sans voler. Cette disposition doit s’appliquer à ceux nés après 1988.
Par ailleurs, les pilotes militaires suédois dénoncent également la détérioration de leurs conditions de travail et la faiblesse du montant de leurs soldes.
« C’est une situation grave que nous prenons très au sérieux », a admis Peter Hultqvist, le ministre suédois de la Défense. Et le Riksdag [Parlement suédois] s’en inquiète vivement : son comité de la Défense a ainsi récemment convoqué les principaux responsables des forces armées pour une audition.
« Dans la situation sécuritaire actuelle, c’est extrêment grave et je m’attends à ce que des mesures soient prises rapidement. À long terme, cela pourrait mettre en péril la capacité opérationnelle des forces armées […], ce dont le chef d’état-major de la Flygvapnet [le général Carl-Johan Edström, ndlr] a lui-même parlé », a commenté Pål Jonson, le président de ce comité parlementaire.
Pour le moment, l’une des rares mesures annoncées est le déblocage, sur dix ans, d’une enveloppe de 600 millions de couronnes suédoises [56 millions d’euros] pour établir une nouvelle « structure salariale » pour les pilotes. Et des négociations doivent avoir lieu pour aborder la question des retraites.
« Je comprends parfaitement la frustration suscitée par les conditions prévues par le PA 16. […] Les forces armées comprennent et soutiennent l’idée de base selon laquelle nous, comme le reste de la société, devons travailler plus longtemps. Je souhaite donc que les Forces armées, en collaboration avec l’Agence suédoise pour l’emploi, étudient les options possibles pour faire face aux conséquences du changement d’âge de départ à la retraite des pilotes », a par ailleurs indiqué le général Carl-Johan Edström, via son blog.
Si aucune solution n’est rapidement trouvé, la force aérienne suédoise peut s’attendre à des lendemains difficiles. En premier lieu, il lui sera compliqué de recruter de nouveaux pilotes si les conditions de carrière n’évoluent pas. Et surtout, l’expérience de ceux qui auront fait le choix de démissionner lui manquera.