En raison de la pression chinoise, Taïwan envisage une hausse inédite de son budget militaire

La pression militaire exercée par la Chine sur Taïwan était déjà forte… Mais depuis la visite à Taipei, début août, de Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants du Congrès des États-Unis, elle est clairement montée d’un cran. Après avoir mené des exercices d’une ampleur inédite, l’Armée populaire de libération [APL] enchaîne les incursions dans les environs de l’île, que ce soit dans les airs, avec d’importantes formations aériennes, ou sur la mer.

Aussi, les forces armées taïwanaises s’usent à suivre le rythme que leur imposent leurs homologues chinoises… Et, évidemment, le rapport de forces ne leur est pas favorable, le bugdet militaire chinois étant 13 fois supérieur à celui de Taïwan. D’où la stratégie dite du « porc-épic » que Taipei entend mettre en oeuvre. Ce qui passe par le renforcement de capacités défensives pour dissuader une éventuelle opération amphibie chinoise, et le cas échéant, pour organiser la résistance armée sur le territoire de l’île.

Cela étant, Taïwan ne devrait pas bénéficier du même soutien matériel que celui apporté à l’Ukraine afin de l’aider à contrer l’invasion de son territoire par la Russie. Et rien ne dit que les États-Unis se porteront à son secours, sauf à prendre le risque d’une confrontation directe avec la Chine. D’où la hausse continue de ses dépenses militaires depuis maintenant plus de cinq ans.

Et celle qui a été annoncée ce 25 août sera très significative… En effet, le gouvernement taïwanais envisage d’augmenter le budget annuel de ses forces armées de 13,9%. À cette hausse, il est aussi prévu d’ajouter une enveloppe de 3,6 milliards d’euros provenant d’un fonds spécial pour les achats d’équipements militaires. Au total, les dépenses de défense de l’île devraient s’élever à près de 20 milliards d’euros l’an prochain. Soit un montant pratiquement deux fois plus élevé qu’il y a dix ans.

Pour rappel, et alors que l’administration Trump avait appelé Taipei à investir davantage dans ses capacités militaires, la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, avait pris l’engagement, en octobre 2017, d’augmenter le budget de ses forces armées de 2% par an.

Cette hausse à deux chiffres des dépenses militaires taïwanaises pourrait devenir la norme dans les années à venir. C’est, en tout cas, ce qu’estime Wang Kun-Yih, président de la Taiwan International Strategic Study Society.

« Parce que Taïwan est dans une période où il a besoin de renforcer et de moderniser son matériel militaire, il y aura probablement quelques années de croissance à deux chiffres des dépenses militaires », a-t-il affirmé dans les colonnes du Washington Post. « La stratégie actuelle de Taïwan pour se défendre contre les menaces chinoises suppose de nouveaux avions de combat, plus de missiles et de plus gros navires de guerre, qui sont tous coûteux », a-t-il ajouté.

Pour le moment, le détail des achats d’équipements que les forces taïwanaises seraient susceptibles de financer grâce à cette hausse budgétaire n’a pas été précisé. Cela étant, selon Chu Tzer-ming, ministre taïwanais du budget, ces nouvelles ressources seront en partie absorbées par les « coûts opérationnels, qui augmentent considérablement » sous l’effet de la pression chinoise. Et de citer le carburant et le maintien en condition opérationnelle [MCO] des avions et des navires sollicités pour contrer les activités de l’APL près de l’île.

Par ailleurs, la base industrielle et technologique de défense taïwanaise devrait également bénéficier de cette manne. Étant donné les difficultés de Taipei à acquérir des équipements militaires auprès de pays étrangers [hormis les États-Unis, nldr] et même si elle peut parfois bénéficier d’une aide extérieure discrète, celle-ci est assez performante. D’ailleurs, d’ici quelques semaines, le premier sous-marin de conception locale devrait être officiellement lancé. Sept autres suivront par la suite.

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