L’US Navy a reçu le premier système d’arme laser tactique HELIOS, développé par Lockheed-Martin

Depuis les années 2000, l’US Navy a accéléré ses recherches en vue de mettre au point des armes à énergie dirigée [ou laser] destinées à être embarquées à bord de ses navires. C’est ainsi que, en 2014, l’USS Ponce, un ancien navire d’assaut amphibie reconverti en base flottante, a été désigné pour accueillir à son bord le « Laser Weapon System » [LaWS] qui développé par Kratos Defense & Security Solutions, affichait une puissance comprise entre 30 et 50kw.

Après qu’une évaluation technico-opérationnelle a permis de vérifier si le concept d’une telle arme était pertinent dans un environnement maritime, en particulier dans celui du golfe Persique, l’US Navy, sous l’égide de l’Office of Naval Research [ONR], accentué son effort dans ce domaine, en lançant plusieurs projets, dont le Laser Weapons Systems Demonstrator [LWSD], suite logique du programme LaWS.

Installé à bord du navire d’assaut amphibie USS Portland, ce laser à semi-conducteurs d’une puissance de 150 kw a fait l’objet d’au moins deux démonstrations réussies, dont l’une en 2020, contre un drone, et l’autre en décembre en 2021, contre une « cible d’entraînement de surface statique ».

Parmi les autres projets de la marine américaine, le système ODIN [Optical Dazzling Interdictor, Navy] n’est pas conçu pour détruire une cible mais pour avertir des embarcations ou des aéronefs potentiellement hostiles à ne pas s’approcher d’un navire et « aveugler », le cas échéant, leurs capteurs. Le « destroyer » USS Dewey a été le premier bâtiment à en être équipé.

Autre projet, le LLD [pour Layered Laser Defense], d’une puissance de 150 kw , est destiné aux navires de combat littoral [LCS – Littoral Combat Ship]. Il a récemment été testé avec succès contre un drone-cible de type Beechcraft MQM-107 depuis le White Sands Missile Range, au Nouveau-Mexique. En 2020, Lockheed-Martin, son concepteur, a été notifié d’un contrat de 22,4 millions de dollars pour en installer un exemplaire à bord de l’USS Little Rock.

Également développé depuis 2018 par Lockheed-Martin, le système HELIOS [pour High Energy Laser with Integrated Optical-Dazzler and Surveillance] doit équiper les destroyers de la classe Arleigh Burke. Et ce programme vient de franchir une étape clé puisque le groupe américain a annoncé, le 18 août, qu’il venait de livrer un premier exemplaire à l’US Navy, en vue d’une campagne d’essais prévue en 2023.

Il s’agit du « premier système d’arme laser tactique à être intégré dans les navires existants. Ce système intégré et évolutif doit fournir une capacité de combat tactiquement pertinente en tant qu’élément clé d’une architecture de défense en couches », a fait valoir Lockheed-Martin, via un communiqué.

D’une puissance allant de 60 à 120 kw, « HELIOS améliore l’efficacité globale du système de combat du navire pour dissuader les menaces futures et fournir une protection supplémentaire aux marins », a résumé Rick Cordaro, vice-président de la division « Advanced Product Solutions » du groupe. Il « représente une base solide pour la livraison progressive de capacités de système d’arme laser robustes et puissantes », a-t-il ajouté.

Ce laser « HELIOS » doit être installé à bord du destroyer USS Preble. A priori, il sera intégré à son système de combat AEGIS.

Pour rappel, une arme laser présente au moins trois avantages : elle est extrêmement précise, son coût d’utilisation est très faible [un « tir » coûte un dollar, à comparer avec celui d’un missile surface-air…] et elle permet évidemment de se passer d’explosifs, ce qui ne peut qu’accoître la sécurité d’un navire. En revanche, leur usage dépend de plusieurs facteurs, à commencer par les conditions météorologiques.

À noter que la Marine nationale a fait du développement d’armes laser une priorité. Il est ainsi question qu’elle teste prochainement le système Helma-P, mis au point par CILAS. « Pour détruire un drone, je préfère utiliser un laser de puissance à 50’000 euros que tirer un Aster 15 à 1 million. C’est cela, le principe de réalité », a d’ailleurs récemment souligné son chef d’état-major, l’amiral Pierre Vandier, devant les députés.

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