L’Otan pourrait renforcer sa présence au Kosovo en cas d’une nouvelle montée des tensions avec la Serbie

Déjà qu’elles n’étaient pas très bonnes, les relations entre la Serbie et son ancienne province du Kosovo, qui a proclamé son indépendance en 2008, connaissent un regain de tensions depuis quelques mois, avec la volonté de Pristina de contraindre la minorité serbe, essentiellement établie dans les environs de Mitrovica [nord] à remplacer les plaques d’immatriculation de ses véhicules par celles délivrées par les autorités kosovares.

Maintes fois repoussée, l’entrée en vigueur de cette mesure devait être effective à partir du 1er août dernier. Seulement, et comme précédemment, Pristina a dû reporter au 1er septembre sa mise en application, les Serbes du Kosovo ayant érigé des barrages sur les routes menant aux points de passage de Jarinje et Brnjak pour s’y opposer. Selon les autorités kosovares, une unité de police aurait même été visée par des coups de feu alors qu’elle tentait de dégager les voies de circulation.

Dans cette affaire, l’Union européenne [UE], qui ne reconnaît pas l’indépendance du Kosovo faute d’unanimité entre ses membres, tente de faire dialoguer les deux parties afin de trouver un accord. D’ailleurs, ce 18 août, le président serbe, Aleksandar Vučić, et le Premier ministre kosovar, Albin Kurti, doivent rencontrer, à Bruxelles, Miroslav Lajcak, le représentant spécial de l’UE pour les Balkans occidentaux.

Aussi, avant cette rencontre, MM. Vučić et Kurti ont séparément eu un entretien avec Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance atlantique.

Pour rappel, après être intervenue militairement contre les forces serbes, et via la KFOR, l’Otan est présente au Kosovo depuis 1999, dans le cadre d’un mandat défini par la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies. Et l’organisation pourrait y augmenter ses effectifs en cas de nouvelles tensions entre Belgrade et Pristina.

« Une mission d’envergure est en cours, et près de 4’000 de nos soldats sont déployés au Kosovo », a commencer par rappeler M. Stoltenberg, lors d’une conférence de presse donnée à l’issue de son entretien avec M. Vučić, le 17 août. « Nous déploierons nos forces où il le faudra et renforcerons notre présence si cela est nécessaire. Nous avons déjà étendu nos opérations dans le nord, et nous sommes prêts à en faire plus », a-t-il ensuite continué. Et d’ajouter : « J’appelle toutes les parties à faire preuve de retenue et à éviter la violence

De son côté, le président serbe a une nouvelle fois dit s’attendre à des « discussions difficiles » avec le Premier ministre kosovar. « Nous ne sommes d’accord sur pratiquement aucun point », a-t-il souligné. Quant aux tensions qui pourraient survenir, M. Vučić a décliné toute responsabilité. « Cela ne dépend pas de moi […]. Il y a une nouvelle génération de jeunes [Serbes] au Kosovo qui ne toléreront pas cette situation, qui ne voudront pas endurer la terreur, qui ne voient pas le Kosovo comme un Etat indépendant mais comme un territoire de Serbie, en accord avec le droit international », a-t-il fait valoir.

En outre, revenant sur les incidents de juillet, M. Vučić a assuré que « la police et l’armée serbes n’avaient à aucun moment franchi » la frontière avec le Kosovo. Et d’accuser Pristina « d’avoir menti sur ce point comme sur tout le reste depuis cent quatre-vingts jours, en invoquant une attaque […] qui n’a et n’aura jamais lieu ».

Quant au Premier ministre kosovar, et après avoir rencontré M. Stoltenberg, il a plaidé en faveur de l’adhésion du Kosovo à l’Otan. « Les menaces, les risques, les défis auxquels est confronté l’Otan dans l’environnement sécuritaire actuel, notre pays les ressent aussi », a-t-il déclaré à la presse, en pointant l’influence de la Russie dans les tensions avec Belgrade.

« Les Kosovars ont toutes les raisons de se montrer vigilants face à l’attitude destructrice de notre voisin », a aussi soutenu M. Kurti. « D’un côté, vous avez l’État démocratique du Kosovo, avec sa police professionnelle. De l’autre, des structures serbes illégales transformées en gangs criminels, qui érigent des barricades » dans le nord du pays, a-t-il dénoncé.

En mars, Pristina avait déjà demandé d’accélérer la procédure devant permettre son adhésion à l’Otan ainsi que l’établissement d’une base américaine permanente sur son territoire, les États-Unis y disposant déjà plus de 600 soldats, installés au camp Bondsteel, construit en 1999.

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