La Thaïlande et la Chine relancent leur coopération militaire avec l’exercice aérien « Attaque du Faucon 2022 »

En juin, le chef du Pentagone, Lloyd Austin, s’est rendu à Bangkok pour évoquer la situation sécuritaire dans la région Indo-Pacifique avec Prayut Chan-o-cha, le Premier ministre thaïlandais, lequel porte également la casquette de ministre de la Défense. Et les deux responsables ont également discuté de la possibilité de « renforcer l’alliance » entre leurs deux pays.

Depuis 2003, la Thaïlande fait partie de la liste des « alliés majeurs non membre de l’Otan », laquelle réunit également l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, les Philippines et la Corée du Sud. Ce statut, créé à la fin des années 1980 par Washington, favorise les relations avec les forces américaines et permet de faciliter l’acquisition d’équipements militaires auprès des États-Unis.

D’ailleurs, l’état-major thaïlandais mise sur ce statut pour obtenir des chasseurs-bombardiers F-35A auprès du constructeur américain Lockheed-Martin… En janvier, il avait été avancé qu’il souhaitait en acquérir entre 8 et 12 unités… Finalement, il a été contraint à réduire ses ambitions à seulement deux exemplaires, le Parlement ne lui ayant octroyé qu’une partie du budget qu’il réclamait pour financer cet éventuel achat… qui pourrait cependant être refusé par l’administration américaine, en raison des relations de plus en plus étroites qu’entretient Bangkok avec Pékin.

En effet, si elle a reçu de nombreux équipements militaires de facture américaine par le passé, la Thaïlande se tourne régulièrement vers la Chine, laquelle lui a fourni des chars Type 69-II et des blindés de Type 85, construits par Norinco. Et, récemment, elle a commandé trois sous-marins S-26T [version export du Yuan 039A] au constructeur naval China Shipbuilding & Offshore International Co [CSOC]. À noter que ce programme traverse des mers agitées étant donné qu’il est fortement critiqué à Bangkok en raison de son coût et qu’il fait face à des difficultés, le motoriste allemand MTU ayant refusé de fournir la propulsion de ces bâtiments.

Quoi qu’il en soit, ce rapprochement entre la Thaïlande et la Chine a pris de l’ampleur à partir de 2014, soit après le coup d’État réussi en mai de cette année-là par le général Prayuth Chan-ocha, alors commandant en chef de l’armée royale thaïlandaise. Si l’Europe et les États-Unis condamnèrent ce putsch, Pékin adopta une attitude prudente, s’abstenant de tout commentaire négatif… Ce qui lui permit d’accroître son influence économique et militaire dans ce pays.

Ainsi, en 2015, les forces thaïlandaises et chinoises donnèrent le coup d’envoi de la première édition de l’exercice aérien « Attaque du Faucon » [ou « Falcon Strike »] sur la base aérienne d’Udon Thani, dans le nord de la Thaïlande.

Après une éclipse de deux ans due à la pandémie de covid-19, ces manoeuvres militaires ont repris, le 14 août, avec une nouveauté côté chinois.

En effet, l’Armée populaire de libération [APL] y a engagé, pour la première fois, le bombardier tactique Xian JH-7 « Flounder » ainsi qu’au moins six chasseurs J-10C/S et un avion de contrôle et d’alerte avancée KJ-500. Ces appareils se mesureront à cinq JAS-39 « Gripen », trois Alphajet et un Saab 340 AEW de la force aérienne royale thaïlandaise [RTAF].

Le ministère chinois de la Défense a expliqué que cet exercice vise « à renforcer la confiance mutuelle et l’amitié entre les forces aériennes des deux pays » et « à promouvoir le développement continu du partenariat de coopération stratégique » entre la Thaïlande et la Chine.

« Comme la Thaïlande a adopté des méthodes d’entraînement occidentales, ce type d’exercices peuvent aider la Chine à mieux comprendre les performances de l’équipement et les tactiques de l’armement occidental », a commenté un analyste militaire dans les colonnes du Global Times, journal suivant la ligne du Parti communiste chinois [PCC]. En outre, a-t-il continué, la RTAF « a l’occasion de mesurer les changements qu’a connus la composante aérienne de l’APL ces dernières années » et « de nourrir sa réflexion en vue de faire de nouveaux choix pour ses futurs besoins capacitaires ».

Photo : JH-7 – Dmitriy Pichugin – , GFDL 1.2

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