Moscou suspend les inspections de ses bases prévues par l’accord de désarmement nucléaire New Start

Alors qu’il arrivait à son terme, en février 2021, le traité de désarmement nucléaire « New Start » [Strategic Arms Reduction Treaty], qui limite la taille des arsenaux nucléaires américains et russes à 1550 têtes nucléaires déployés et à 700 lanceurs stratégiques, fut prolongé in extremis de cinq ans de plus, Washington et Moscou s’étant finalement mis d’accord pour activer une clause prévue par l’article XIV du texte.

« Le président [Biden] a toujours dit clairement que le traité New Start était dans l’intérêt de la sécurité nationale des Etats-Unis et une telle extension est encore plus nécessaire quand les relations avec la Russie sont tendue », fit valoir la Maison Blanche, à l’époque.

L’avenir du New START paraissait alors compromis, l’administration du président Trump estimant qu’un tel texte devait concerner également la Chine [ce qu’elle refusa évidemment] ainsi que les armes hypersoniques. À Moscou, il était question d’y inclure les systèmes de défense antimissile, ce qui était un point de désaccord majeur avec Washington, comme, du reste, les modalités du mécanisme de vérification des engagements pris par les deux parties.

Justement, à ce propos, Moscou a annoncé, le 8 août, que les inspections de ses bases nucléaires par les États-Unis allaient être suspendues « temporairement », ce qui ne peut qu’affaiblir un peu plus la portée du New Start, à moment où les tensions s’accumulent entre ses deux signataires.

La Fédération Russie « a officiellement informé » les États-Unis que tous ses sites soumis aux inspections dans le cadre du traité New Start en seraient « temporairement exemptés », a en effet annoncé le ministère russe des Affaires étrangères.

Et de justifier cette décision par des « réalités existantes qui créent des avantages unilatéraux pour les États-Unis et privent la Russie de son droit d’effectuer des inspections sur le territoire américain », les inspecteurs russes ayant des difficultés pour obtenir des visas, à cause des sanctions occidentales prises en réponse à l’invasion de l’Ukraine. « Les inspecteurs américains et les membres d’équipage de leurs avions n’ont pas de difficultés similaires », a fait valoir Moscou.

Cela étant, la diplomatie russe a souligné le « rôle unique » que tient ce traité de désarmement nucléaire dans les relations entre la Russie et les États-Unis. Aussi, a-t-elle promis, les inspections reprendront « immédiatement » une fois que seront réglés les problèmes qu’elle a évoqués.

Pour le moment, les États-Unis n’ont pas officiellement réagi à cette annonce. Toutefois, un porte-parole du département d’État a confié à l’AFP que Washington « garde les discussions entre les parties relatives à l’application du traité confidentielles ». Et d’ajouter : « Les principes de réciprocité, de prédictibilité et de stabilité mutuelles continueront à guider l’approche des États-Unis ».

Après la fin du traité sur les Forces nucléaires intermédiaires [FNI], du traité « Ciel ouvert » ou encore du traité sur les Forces conventionnelles en Europe [FCE], le New START est le dernier accord de désarmement entre les États-Unis et la Russie à être encore en vigueur.

La semaine passée, M. Biden a fait savoir à Vladimir Poutine, son homologue russe, que les États-Unis étaient disposés à « négocier rapidement un nouveau cadre de contrôle des armements pour remplacer le New START quand il arrivera à échéance, en 2026. Cela étant, a-t-il dit, une telle « négocation nécessite un partenaire disposé à agir de bonne foi » et la »Russie doit démontrer qu’elle est prête à travailler au contrôle des armes nucléaires avec les États-Unis ».

Outre la maîtrise des armements nucléaires, le New START offre plusieurs avantages : il permet d’avoir des garanties sur la réalité des arsenaux possédés par les deux parties supérieures à celles que peuvent apporter les services de renseignement. Et il favorise le dialogue entre militaires de chaque camp.

À noter que la suspension des inspections prévues par le New START a été annoncé alors que le chef du Kremlin a récemment indiqué que le nouveau missile balistique intercontinental RS-28 « Sarmat » [code Otan : SS-X-30], capable d’emporter au moins 15 ogives nucléaires mirvées, pourrait entrer en service d’ici la fin de cette année.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]