À son tour, Taïwan annonce son intention de mener des exercices d’artillerie avec des tirs réels

Le 4 août, en réponse à la visite à Taipei de Nancy Pelosi, la président de la Chambre des représentants du Congrès des États-Unis, la Chine a lancé des manoeuvres militaires d’une ampleur jusqu’alors inégalée dans six zones entourant Taïwan. Et, pour la première fois, des missiles balistiques tirés par l’Armée populaire de libération [APL] ont survolé l’île… Et certains d’entre-eux sont tombés dans la zone économique exclusive [ZEE] du Japon.

Durant trois jours, le ministère taïwanais de la Défense a indiqué avoir détecté quotidiennement, et en moyenne, une soixantaine d’avions et une vingtaine de navires autour du détroit de Taïwan. En outre, à en croire certains clichés diffusés par Pékin, jamais l’APL ne s’était approchée si près des côtes taïwanaises.

« Nous ne nous attendions pas à ce que le voisin malveillant fasse étalage de sa puissance à notre porte, et mette arbitrairement en péril les voies navigables les plus fréquentées du monde par ses exercices militaires », a commenté Su Tseng-chang, le Premier ministre taïwanais, Su Tseng-chang.

Cela étant, selon les comptes-rendus qu’il a publiés chaque jour depuis le début de ces manoeuvres, à aucun moment l’état-major taïwanais n’a fait état de la présence de chasseurs-bombardiers furtifs J-20 parmi les formations aériennes envoyées par l’APL dans le détroit et ses environs. Pas plus qu’il n’a été question de drones… Ce qui ne correspond pas aux annonces faites par Pékin au sujet de ces exercices.

Ainsi, le point de situation taïwanais du 7 août mentionne trois bombardiers stratégiques H-6K, dix-huit avions de combat [dont huit Su-30, quatre J-11 et six J-16] et un appareil de guerre électronique Y-8 ASW. Ceux publiés précédemment ont décrit des formations chinoises similaires. Or, selon l’APL, des bombardiers tactiques Xian JH-7 ont aussi été de la partie…

« Emportant des munitions réelles, plusieurs bombardiers et chasseurs-bombardiers de la composante aérienne de l’APL ont décollé un par un, se sont mis en formation de combat et ont lancé des simulation d’attaques par saturation, conjointement avec la Force des fusées », a expliqué le Global Times, journal proche du Parti communiste chinois.

« Ces exercices nous ont notamment permis de perfectionner et d’améliorer nos capacités de destruction de cibles insulaires stratégiques avec des frappes de précision », a commenté Zhang Zhi, un officier des forces aériennes chinoises, auprès de l’agence Chine nouvelle.

Quoi qu’il en soit, et alors que ces manoeuvres étant justement censées se terminer le 7 août, Pékin en a annoncé de nouvelles, sans donner de précisions sur leur durée et les moyens engagés.

« L’Armée populaire de libération […] continue de mener des exercices pratiques interarmées dans l’espace maritime et aérien autour de Taïwan, en se concentrant sur des opérations conjointes anti-sous-marins et d’assaut en mer », a en effet fait savoir le Commandement du théâtre d’opérations Est des forces armées chinoises, ce 8 août.

De son côté, Taipei prévoit à son tour de lancer des manoeuvres militaires, avec des tirs réels de munitions. « Nous allons nous entraîner à contrer des attaques ennemies simulées sur Taïwan », a indiqué Lou Woei-jye, porte-parole du huitième corps d’armée taïwanais, selon l’AFP.

Ces manoeuvres viseront à contrer d’éventuelles opérations amphibies dans la région de Pingtung, située à l’extrême sud de l’île. Elles mobiliseront de 78 obusiers automoteurs de 155 mm et six mortiers de 120 mm ainsi que plusieurs centaines de soldats du 8e corps d’armée et de la 333e brigade d’infanterie mécanisée. Selon Lou Woei-jye, elles ne sont « pas une réponse aux exercices chinois en cours » étant donné qu’elles étaient « déjà programmées ». Un autre exercice, d’une ampleur plus conséquente, devrait être lancé le 5 septembre prochain.

L’artillerie taïwanaise repose essentiellement sur l’obusier automoteur M109 de 155 mm [de facture américaine] ainsi que sur des canons M59 « Long Tom » et M114. Elle dispose également d’un nombre important [environ 650] de canons tractés M101 de 105 mm et lance-roquettes multiples RT/LT-2000 et Kung Feng VI, de conception locale.

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