Le Japon affirme que des missiles chinois sont tombés pour la première fois dans sa zone économique exclusive
Comme elle l’avait annoncé lors de la visite à Taipei de Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants du Congrès des États-Unis, la Chine a lancé ses plus importantes manoeuvres militaires dans les environs de Taïwan, ce 4 août.
Et, visiblement, le message envoyé par l’Armée populaire de libétation [APL] avec ces manoeuvres est qu’il s’agit d’une répétition des opérations qu’elle envisage de mener pour mettre la main sur Taïwan. Au regard des zones où doivent avoir lieu les différents exercices au programme, on constate que l’île est littéralement encerclée par les forces chinoises…
Mieux : selon Taipei, certaines des zones des manœuvres chinoises empièteraient sur les eaux territoriales de taïwanaise. C’est un « acte irrationnel visant à défier l’ordre international », a même dénoncé Sun Li-fang, le porte-parole du ministère taïwanais de la Défense.
D’après le Global Times, journal inféodé à la ligne du Parti communiste chinois [PCC], l’APL a déployé des moyens conséquents. Si la participation de ses porte-avions [les CNS Liaoning et CNS Shandong] est évoquée, le quotidien parle de missiles balistiques de courte portée DF-11, d’armes hypersoniques DF-17, de chasseurs-bombardiers [furtifs] J-20 ou encore de croiseurs de type 052D.
Plus d'une centaine d'avions de combat de l'#APL, y compris des avions de chasse et des bombardiers, ont mené des missions conjointes de reconnaissance, d'assaut aérien et de soutien autour de l'île de #Taiwan pic.twitter.com/dv4WVZm1Oo
— Ambassade de Chine en France (@AmbassadeChine) August 4, 2022
Ces manœuvres autour de Taïwan visent à montrer que l’APL est « capable de bloquer l’île et de résoudre la question taïwanaise par des moyens non pacifiques, si la situation devient irrémédiable », a écrit le Global Times, en citant des « observateurs ».
Quoi qu’il en soit, peu après le coup d’envoi de ces exercices militaires, Taipei a fait état de 11 tirs de missiles balistiques Dongfeng en direction de secteurs situées au nord, au sud et à l’est de Taïwan. Et d’assurer que les systèmes de défense antimissile avaient été ‘ »activés ».
Ces tirs « ont menacé la sécurité nationale de Taïwan » et « provoqué une escalade des tensions régionales », a réagi le ministère taïwanais des Affaires étrangères, dont le site Internet a été visé par une attaque informatique, comme, du reste, ceux du ministère de la Défense et du Bureau présidentiel.
Selon le média 中時新聞 citant des sources proche du dossier, 2 (des 11) missiles balistiques chinois ont été tirés depuis une base à Ningde.
Si on regroupe ceci avec les photos du vol d'un missile sur les îles Matsu et les communiqués, les missiles ont bien survolé le Taïwan. pic.twitter.com/mLG1BFzkg5
— East Pendulum (@HenriKenhmann) August 4, 2022
Cela étant, les manoeuvres chinoises ne concernent pas seulement Taïwan… Ou alors elles visent également à envoyer un message au Japon ainsi qu’aux forces américaines basées sur l’archipel nippon, alors que Mme Pelosi est arrivé à Tokyo, ce 4 août.
En effet, le Japon a fait savoir que cinq missiles balistiques chinois étaient tombés dans sa zone économique exclusive. Ce qui n’était jamais arrivé jusqu’alors [sauf lors d’essais de missiles nord-coréens, ndlr].
« Les missiles sont tombés dans une zone d’entraînement désignée par la Chine, située au sud-ouest de l’île Hateruma dans la préfecture méridionale d’Okinawa », a précisé Nobuo Kishi, le ministre japonais de la Défense, exhortant Pékin à « interrompre immédiatement ses exercices militaires ».
« Il s’agit d’un problème grave qui concerne la sécurité nationale de notre pays et la sécurité de notre population », a insisté M. Kishi. « Nous avons vivement protesté par la voie diplomatique », a-t-il dit.
L’île d’Hateruma est située à environ 290 km à l’est de Taïwan. Elle constitue, en quelque sorte, une porte d’entrée vers la mer des Philippines. En outre, elle n’est pas la plus proche des côtes taïwanaises, celle de Yonaguni se trouvant à 162 km de ces dernières.
« L’île japonaise la plus à l’ouest de Yonaguni est une ligne de défense critique pour les Forces d’autodéfense [japonaises], tandis que les îles Senkaku, administrées par Tokyo mais revendiquées par Pékin, sont au cœur de frictions bilatérales », a rappelé l’agence Kyodo News.
Photo : Capture d’écran / CCTV