Guerre électronique : L’armée de l’Air envisage de louer un Saab 340 pour remplacer ses deux Transall Gabriel

En mai, les deux Transall C-160G « Gabriel » ont été retirés du service alors qu’ils étaient encore utilisés par l’Escadron électronique aéroporté 1/54 « Dunkerque » pour collecter du renseignement d’origine électro-magnétique [ROEM] dans les régions de la Baltique et de la mer Noire. Et cela, sans attendre l’arrivée des trois Falcon « Archange » censés les remplacer.

Évidemment, au regard du contexte actuel, une telle décision a de quoi surprendre, même si l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] n’est pas démunie en matière de ROEM, avec les nacelles ASTAC [Analyseur de Signaux TACtiques] mises en oeuvre par les Mirage 2000D, les deux avions légers de surveillance et de renseignement [ALSR] « VADOR » [Vecteur aéroporté de désignation, d’observation et de reconnaissance] et la suite MSE [Mesures de soutien électronique] de ses quatre E-3F AWACS.

Et elle pourra bientôt faire voler ses drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9 Reaper avec une charge « ROEM » et compter sur les trois satellites CERES [Capacité d’écoute et de renseignement électromagnétique spatiale], mis en orbite en novembre 2021.

Cependant, les besoins en capacité ROEM demeurent importants… Et il s’agit aussi de maintenir les compétences des spécialistes de l’escadron 1/54 Dunkerque, jusqu’à la mise en service des Falcon Archange, prévue, au mieux, en 2026.

Cela étant, le major général de l’AAE, le général Frédéric Parisot, assume la décision de ne plus faire voler les C-160G.

« Je suis le responsable de l’arrêt des Transall ‘Gabriel’ et je l’assume : dix Transall nous coûtaient plus de 80 millions d’euros par an, pour une disponibilité de 20 %. Plutôt que de faire des coupes ailleurs, j’ai choisi de les retirer du service », a-t-il en effet déclaré, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 20 juillet.

Pour autant, a continué le général Parisot, « nous nous sommes attachés au maintien du savoir-faire des équipes ». Aussi, a-t-il indiqué, certains spécialistes ont été affectés sur ALSR, « ce qui nous permet de bénéficier de leurs compétences en matière de ‘Communications Intelligence’ [COMINT] – d’écoute des radios et des téléphones ». Enfin, d’autres – une poignée – ont rejoint le Centre d’expertise aérienne militaire [CEAM] de Mont-de-Marsan et l’équipe de marque « Archange » afin de « faire le tuilage avec Archange, machine redoutable, lors de sa mise en service en 2026 », a-t-il expliqué.

Cependant, le besoin d’un avion disposant de capteurs performants demeure… D’où l’idée d’en louer un, comme l’a récemment évoqué le magazine spécialisé Air&Cosmos. Interrogé sur ce projet, le général Parisot a livré quelques détails.

« Nous avons lancé un appel d’offres afin de disposer d’une capacité intérimaire. Il s’agirait d’un avion de type Saab 340, bimoteur turbopropulseur, afin de réaliser des missions de sept à huit heures » et « ses capteurs de toute nouvelle génération nous donneront une capacité intérimaire très intéressante », a-t-il indiqué. En outre, a continué le général Parisot, « sa location nous permettra d’en changer rapidement auprès du prestataire [qu’il n’a pas identifié] si des capteurs de meilleure qualité arrivent sur le marché, ce qui est très important ».

Par ailleurs, le major général de l’AAE a confirmé que les satellites CERES seront pleinement opérationnels « à la fin de l’été ». Passant au-dessus d’un même point toutes les heures et demie, ils permettront de « disposer très régulièrement de données », a-t-il souligné.

À noter que l’AAE n’est pas la seule à être en quête d’un avion dédié au renseignement d’origine électro-magnétique. La semaine passée, Israel Aerospace Industries a indiqué avoir signé un contrat d’une valeur de plus de 200 millions d’euros pour livrer un tel appareil à un « pays membre de l’Otan », qui n’a pas été précisé. Les solutions proposées par le groupe israélien reposent généralement sur le Gulfstream 550.

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